Recommandations pour la gestion post-accidentelle

Recommandations pour la gestionpost-accidentelle d’un accident nucléaire Comité directeur pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire (Codirpa) Version 2022

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 3 Préface En réponse au mandat qui lui a été confié en 2014 par le Premier ministre, le présent document rassemble une version à jour et partagée de la stratégie de gestion des conséquences d’un accident nucléaire proposée par le Codirpa au Gouvernement. Les évolutions apportées à la précédente doctrine intègrent d’une part le retour d’expérience de l’accident de Fukushima et, d’autre part, les enseignements tirés des exercices de crise organisés sur le thème de la phase post-accidentelle. Le zonage postaccidentel a ainsi été simplifié dans une logique de lisibilité et d’opérationnalité accrue et la stratégie de protection de la population vis-à-vis du risque lié à l’ingestion de denrées contaminées a été précisée. Les évolutions réglementaires récentes ont également été prises en compte. Volontairement autoportant, ce guide vise à alimenter les réflexions des différentes parties prenantes sur le thème de la gestion postaccidentelle. En particulier, les éléments de ce guide seront mobilisés dans le cadre des travaux de révision du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur lancés en mai 2022 par le SGDSN1. ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ 1 Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. En complément de ce guide, le Codirpa a élaboré différents supports d’information pédagogiques pour accompagner les acteurs de la gestion postaccidentelle : guide d’information pour la population, questions / réponses destiné aux professionnels de santé, site Internet, etc. Sur la période à venir, les travaux sur la gestion post-accidentelle se poursuivent sur la base d’un nouveau mandat du Premier ministre au Codirpa. L’objectif est de compléter la doctrine post-accidentelle existante, notamment en l’élargissant aux accidents autres que ceux liés à une centrale nucléaire et en précisant la stratégie de gestion des déchets. En réponse à ce mandat, le Codirpa fera également des propositions pour renforcer la culture de la sécurité et de la radioprotection autour des installations nucléaires. Le contenu de ce guide est le fruit d’un travail collectif pluraliste et je tiens tout particulièrement à remercier les nombreux acteurs qui se sont impliqués dans cette démarche, contribuant ainsi à son succès. Bernard Doroszczuk Président du Codirpa Président de l’ASN

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 4 Table des matières Objectifs, principes et principales actions pour la gestion postaccidentelle d’un accident nucléaire ..........................................................9 1 Introduction .............................................................................................................. 10 2 Définitions de la phase d’urgence et de la phase post-accidentelle .... 11 2.1. La phase d’urgence ................................................................................................................... 11 2.2. La phase post-accidentelle................................................................................................. 12 3 Objectifs, principes et points clefs de la gestion post-accidentelle.... 13 3.1. Trois objectifs fondamentaux ............................................................................................ 14 3.2. Quatre principes de gestion............................................................................................... 14 3.3. Sept points clefs de la gestion post-accidentelle ...................................................16 4 La période de transition post-accidentelle ................................................... 17 4.1. La situation au début de la période de transition post-accidentelle ............ 17 4.2. La protection de la population ......................................................................................... 17 4.3. Les actions à mener lors de la transition post-accidentelle ..............................18 4.3.1. Réduire les expositions de la population à la radioactivité déposée................ 19 4.3.2. Recenser et accueillir la population.......................................................................................... 22 4.3.3. Informer et former.................................................................................................................................... 23 4.3.4. Développer l’implication des parties prenantes grâce à un mode de gouvernance adapté ........................................................................................................................................... 23 4.3.5. Traiter les conséquences sanitaires d’un accident nucléaire ............................... 23 4.3.6. Caractériser la situation radiologique de l’environnement .................................... 24 4.3.7. Préparer l’amélioration de la qualité radiologique de l’environnement et des milieux de vie ................................................................................................................................................... 24 4.3.8. Préparer la prise en charge les déchets ................................................................................. 24 4.3.9. Préparer le soutien ou le redéploiement des activités économiques............. 25 4.3.10. Aider et indemniser .............................................................................................................................. 25 5 Un projet de territoire pour la gestion à long terme de la phase postaccidentelle.................................................................................................................... 25 5.1. La situation à l’issue de la période de transition .....................................................25 5.2. Un projet de territoire à construire avec l’implication des différentes parties prenantes ............................................................................................................................26 5.3. Les principaux axes de la période de « long terme »............................................ 27 5.3.1. Accompagner les personnes dans leur choix de vie, qu’elles décident de partir, de rester ou de revenir ........................................................................................................................ 27 5.3.2. Assurer le suivi radiologique, médical et épidémiologique des personnes 28 5.3.3. Assurer le suivi de la situation radiologique........................................................................ 28

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 5 5.3.4. Poursuivre les actions de réduction de la contamination et de gestion des déchets ........................................................................................................................................................................... 28 5.3.5. Maintenir et redéployer les activités du territoire ........................................................... 29 6 Conclusion................................................................................................................. 29 ANNEXE 1 Les actions à mettre en œuvre au début de la phase post-accidentelle (période de transition)...........33 Introduction ................................................................................................................... 34 A Articulation avec la phase d’urgence ............................................................. 36 A.1. La levée de la mise à l’abri et de l’évacuation ........................................................... 37 A.2. La poursuite des activités non interruptibles.......................................................... 37 B Définir et conduire le programme de gestion post-accidentelle ........ 38 B.1. Réduire les expositions de la population à la radioactivité déposée...........38 B.1.1. Éloigner la population ............................................................................................................................ 39 B.1.2. Contrôler avant de commercialiser les denrées alimentaires .............................. 43 B.1.3. Interdire ou limiter la consommation des denrées alimentaires fraîches locales.............................................................................................................................................................................. 45 B.1.4. Immobiliser les matériaux et les produits dans l’attente d’une évaluation de leur contamination .......................................................................................................................................49 B.1.5. Maintenir l’alimentation en eau potable de la population .....................................49 B.2. Recenser et accueillir la population.............................................................................53 B.2.1. Recenser la population affectée par les conséquences de l’accident ............ 53 B.2.2. Prendre en charge la population au sein de centres d’accueil et d’information (CAI) dès la fin de la phase d’urgence ................................................................. 53 B.2.3. Travailler en réseau.................................................................................................................................55 B.3. Informer ......................................................................................................................................55 B.3.1. Poursuivre l’information du public ..............................................................................................55 B.3.2. Préparer l’information du public sur la phase post-accidentelle ......................56 B.3.3. Informer les instances internationales ....................................................................................56 B.4. Développer l’implication des parties prenantes grâce à un mode de gouvernance adapté .....................................................................................................................57 B.4.1. Associer progressivement les acteurs locaux...................................................................... 57 B.4.2. Faire évoluer les modes d’organisation au niveau local ........................................... 57 B.4.3. Faire évoluer les modes d’organisation au niveau national .................................. 57 B.5. Traiter les conséquences sanitaires d’un accident nucléaire .........................58 B.5.1. Assurer la prise en charge médicale..........................................................................................59 B.5.2. Estimer les expositions reçues par la population ............................................................ 61 B.5.3. Engager la surveillance épidémiologique............................................................................ 62 B.6. Caractériser la situation radiologique de l’environnement .............................63 B.6.1. Des programmes de mesures répondant soit à un objectif d’expertise, soit à un objectif de contrôle...................................................................................................................................63 B.6.2. Des programmes de mesures différenciés selon le zonage post-accidentel ...............................................................................................................................................................................................63

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 6 B.7. Préparer l’amélioration de la qualité radiologique de l’environnement et des milieux de vie ...........................................................................................................................64 B.8. Préparer la prise en charge des déchets....................................................................65 B.9. Préparer le maintien et le redéploiement des activités ....................................66 B.9.1. Gérer les activités agricoles ...............................................................................................................66 B.9.2. Gérer les activités professionnelles............................................................................................. 67 B.10. Aider et indemniser ............................................................................................................68 B.10.1. Assurer si nécessaire la poursuite du versement des aides d’urgence.........69 B.10.2. Mettre en place le dispositif permettant l’indemnisation.....................................69 ANNEXE 2 Les actions à mettre en œuvre pour la gestion de la période de long terme........................................................71 Introduction ....................................................................................................................72 A Faire évoluer le zonage post-accidentel.........................................................73 A.1. Comment peut évoluer la situation d’un territoire donné ?............................. 73 A.2. Réexaminer les restrictions d’accès aux massifs forestiers et aux espaces verts et planifier la gestion de l’écosystème forestier .................................................. 75 B Accompagner, former et informer .................................................................. 76 B.1. Développer un dispositif de partage d’informations et d’échanges, efficace dans la durée...................................................................................................................76 B.2. Poursuivre l’information du public au sein des centres d’accueil et d’information ....................................................................................................................................76 B.3. Poursuivre le recueil des demandes d’indemnisations ..................................... 77 B.4. Mettre à la disposition de la population résidant dans les territoires contaminés une information actualisée sur l’état de la contamination radiologique des territoires ....................................................................................................... 77 B.5. Favoriser le développement et le maintien d’une culture pratique de radioprotection au sein de la population en s’appuyant sur les systèmes de santé et l’éducation .......................................................................................................................78 B.6. Permettre un accès individuel à la mesure ..............................................................79 B.7. Mobiliser les partenaires locaux susceptibles de participer au développement d’une culture pratique de radioprotection .................................. 80 C Assurer le suivi radiologique, médical et épidémiologique des personnes........................................................................................................................ 80 C.1. Consolider et exploiter les résultats de la surveillance épidémiologique..81 C.1.1. Poursuivre le recensement de la population ........................................................................ 81 C.1.2. Analyser et restituer les résultats de la surveillance sanitaire ................................ 81 C.2. Maintenir un système de suivi de la contamination interne des personnes ...................................................................................................................................................................81 C.3. Poursuivre le soutien psychologique de la population ......................................82 C.4. Proposer un suivi médical spécifique..........................................................................82

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 7 D Assurer le suivi de la situation radiologique................................................ 82 D.1. Poursuivre et renforcer les programmes de mesures de la contamination de l’environnement ........................................................................................................................83 D.2. Mettre en place une organisation spécifique en prenant en compte la pluralité des acteurs ......................................................................................................................83 D.2.1. Compléter et développer la stratégie de mesures en mobilisant l’ensemble des acteurs................................................................................................................................................................... 83 D.2.2. Collecter, exploiter, mettre à disposition les résultats des mesures dans l’environnement et informer le public ....................................................................................................84 D.3. Mettre à la disposition de la population des moyens de mesure de la qualité radiologique des denrées autoproduites ou issues de la cueillette, de la pêche et de la chasse ...............................................................................................................85 D.4. Maintenir le suivi de la contamination des milieux aquatiques et de la biodiversité.........................................................................................................................................86 E Améliorer la qualité radiologique des produits ......................................... 86 E.1. Mettre en œuvre les contrôles libératoires des denrées alimentaires produites en zone de contrôle avant commercialisation..........................................86 E.2. Mettre à la disposition des filières de production une information actualisée sur l’état de la contamination radiologique et utiliser des outils de mesure de la radioactivité des produits .............................................................................88 E.3. Mettre en œuvre une stratégie de gestion et de soutien des systèmes de production agricole .......................................................................................................................88 E.4. Commercialiser les matériaux et les produits non alimentaires...................89 E.4.1. Fixer des valeurs de référence des produits manufacturés .....................................89 E.4.2. Encadrer la commercialisation par la délivrance de certificats de conformité................................................................................................................................................................... 90 E.4.3. Autoriser la commercialisation des matériaux et produits manufacturés qui étaient protégés des retombées radioactives....................................................................... 90 E.4.4. Réaliser une évaluation de l’effet radiologique de l’utilisation de bois de chauffage..................................................................................................................................................................... 90 F Maintenir et redéployer des activités du territoire .................................... 91 F.1. Mettre à la disposition des acteurs économiques des informations actualisées sur la contamination radiologique du territoire.....................................91 F.2. Mettre en place des dispositions de soutien à l’économie ................................91 F.2.1. Mettre en place des mécanismes financiers de soutien à l’économie locale. ................................................................................................................................................................................................ 91 F.2.2. Soutenir les filières impliquées dans des démarches d’amélioration de la qualité des produits, voire devant faire face à des réorientations des productions ............................................................................................................................................................................................... 92 F.2.3. Valoriser auprès des consommateurs les efforts engagés par les filières des territoires et, si nécessaire, encourager la solidarité vis-à-vis de productions spécifiques ................................................................................................................................................................... 92 F.2.4. Appliquer des dispositions permettant de faciliter l’exportation des productions nationales...................................................................................................................................... 93 F.3. Étudier la viabilité des activités et des filières économiques du territoire ..................................................................................................................................................................93

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 8 F.4. Réévaluer les conditions de travail, notamment au sein des filières sensibles en matière d’exposition des travailleurs ........................................................93 F.5. Définir les modalités d’un accompagnement spécifique des professions assurant un maintien des services et notamment des services publics ............93 F.6. Favoriser le développement d’une culture pratique de radioprotection des acteurs économiques...........................................................................................................94 F.7. Organiser une concertation entre les différents acteurs afin de construire un projet de territoire ...................................................................................................................94 F.8. Définir les dispositifs d’accompagnement des activités économiques et les conditions de leur mise en œuvre ...................................................................................94 G Engager les actions de réduction de la contamination et gérer les déchets............................................................................................................................. 95 G.1. Engager la réduction de la contamination des milieux .....................................95 G.1.1. Définir et prioriser les actions d’amélioration de la qualité radiologique des milieux (stratégie de nettoyage).................................................................................................................95 G.1.2. Mobiliser les acteurs compétents ................................................................................................95 G.1.3. Surveiller la qualité des eaux de ruissellement et des eaux usées ....................96 G.2. Prendre en charge les déchets........................................................................................97 G.2.1. Identifier et mettre en œuvre des solutions techniques de gestion adaptées aux déchets contaminés ..................................................................................................................................98 G.2.2. Aménager des installations d’entreposage de déchets contaminés non putrescibles dans la zone d’interdiction de consommation des denrées fraîches locales..............................................................................................................................................................................98 G.2.3. Surveiller l’effet des éventuelles dispositions exceptionnelles de gestion des déchets contaminés putrescibles .............................................................................................................98 G.2.4. Définir les conditions d’utilisation des installations de traitement ou d’élimination de déchets conventionnels ...........................................................................................99 G.2.5. Définir des solutions d’élimination définitives ...................................................................99 Liste des acronymes................................................................................................... 101 Références .................................................................................................................... 102 Liste des documents de travail produits par le Codirpa ............................. 103 Autres documents utiles......................................................................................... 103 Les travaux de recherche européens réalisés à la suite de l’accident de Fukushima .................................................................................................................... 104

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 9 Objectifs, principes et principales actions pour la gestion postaccidentelle d’un accident nucléaire

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 10 1 Introduction En juin 2005, la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR), dont l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a depuis repris les missions, a lancé la création du comité directeur pour la gestion de la phase postaccidentelle d'un accident nucléaire ou d'une situation d'urgence radiologique (Codirpa), chargé d'élaborer les éléments de doctrine correspondants. Depuis sa création, ce comité pluraliste regroupe des experts, des représentants des services de l’État, des exploitants nucléaires ainsi que des représentants de la société civile. Ces travaux ont abouti, en 2012, à la publication des premiers éléments de doctrine de gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire. Par courrier du 29 octobre 2014, le Premier ministre charge l’ASN de piloter les travaux du Codirpa. Depuis, le Codirpa s’est attaché, dans le cadre des mandats qui lui ont été confiés par le Premier ministre, à intégrer les différents enseignements de l’accident survenu en mars 2011 à la centrale de Fukushima Daiichi au Japon. En effet, les premiers éléments de doctrine publiés en 2012 avaient été établis en considérant des accidents nucléaires d’ampleur moyenne entrainant des rejets radioactifs de courte durée (moins de 24 heures), pouvant survenir sur des centrales nucléaires. Leur validité a donc été à nouveau questionnée en considérant des scénarios d’accidents fondés sur des rejets radioactifs pouvant durer plusieurs semaines, à l’instar de l’accident de Fukushima Daiichi. Par ailleurs, la stratégie de protection et d’accompagnement de la population lors de la phase post-accidentelle a été passée en revue en tenant compte du retour d’expérience japonais. Sur la base de ces travaux, le Codirpa a proposé en 2019 plusieurs évolutions des principes de la doctrine post-accidentelle au Premier ministre qui les a validées en 2020. Le présent guide vise à mettre à jour la version de 2012 avec ces nouveaux éléments. Parmi les principales évolutions par rapport à 2012, le Codirpa a notamment proposé :  une évolution de la stratégie de protection de la population avec un zonage simplifié associant à chaque zone une action de protection (éloignement, interdiction de consommation de denrées fraîches produites localement, etc.) ;  une nouvelle stratégie de protection de la population vis-à-vis du risque lié à l’ingestion de produits locaux contaminés ;  une nouvelle démarche d’association du public fondée sur des « panels citoyen » avec des riverains d’installations nucléaires, pour s’assurer de la compréhension, de la pertinence et de l’acceptabilité des actions de protection proposées (voir encadré 2, page 15) ;  une cohérence renforcée entre les actions de protection prises pendant les phases d’urgence et post-accidentelle ;  de nombreux supports d’accompagnement et de communication sur la situation postaccidentelle (site Internet dédié, guide pratique à destination de la population, questions-réponses pour les professionnels de santé), destinés à informer les différentes parties prenantes (voir encadré 4, page 30). En reprenant les différentes phases d’un accident nucléaire, le présent document expose les principes proposés par le Codirpa validés en 2020 par le Premier ministre pour la gestion post-accidentelle nucléaire. Ces principes ont en

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 11 partie été testés lors des exercices nationaux et notamment l’exercice SECNUC 2021. Il s’attache ensuite à proposer les principales actions dont la mise œuvre ou l’engagement à l’issue de la phase d’urgence sont recommandés ainsi que les lignes directrices pour la gestion des périodes de transition et de long terme de la phase post-accidentelle. Il est accompagné de deux annexes qui présentent, de manière détaillée, les actions à mener durant les deux périodes successives de transition et de long terme de la phase post-accidentelle. La gestion de l’installation accidentée relève de la responsabilité de l’exploitant, sous le contrôle de l’ASN et n’est pas traitée dans ce document. Les travaux du Codirpa dont les résultats sont présentés dans ce guide ciblent la gestion des conséquences d’un accident nucléaire survenant dans un centre nucléaire de production d’électricité. Si les grands principes de protection de la population proposés dans ce guide restent valables dans tous les cas d’accident conduisant à des rejets radioactifs dans l’environnement, des adaptations peuvent être nécessaires dans le cas d’accidents sur d’autres types d’installations (installations du cycle du combustible, transport, etc.). Une mise à jour ultérieure de ce document apportera les compléments nécessaires à l’issue des travaux du Codirpa sur la période 20212024. 2 Définitions de la phase d’urgence et de la phase post-accidentelle En d’accident survenant sur une installation nucléaire entraînant des rejets de radionucléides dans l’environnement, on distingue communément la phase d’urgence caractérisée par la gestion de l’accident et de ses conséquences immédiates (exposition directe aux rejets radioactifs), et la phase postaccidentelle marquée par la gestion des conséquences différées de l’accident (exposition de la population due aux dépôts radioactifs ayant contaminé les territoires). 2.1. La phase d’urgence La phase d’urgence est généralement composée :  d’une période de menace, pour les accidents à cinétique lente, résultant de défaillances de l’installation, au cours de laquelle l’exploitant met en œuvre des actions visant à maintenir ou à ramener l’installation dans un état maitrisé et stable et à éviter ainsi des rejets accidentels significatifs ;  d’une période de rejets radioactifs dans l’environnement dans le cas où les actions réalisées par l’exploitant n’ont pas permis de les éviter. La fin de la phase d’urgence se caractérise par le retour de l’installation à un état maîtrisé et stable, la fin des rejets radioactifs significatifs et l’absence de nouvelle menace de rejet. La phase d’urgence est caractérisée par la nécessité d’agir rapidement pour faire face aux rejets accidentels significatifs réels ou potentiels de substances radioactives dans l’environnement, susceptibles d’entraîner une exposition non négligeable de la population. Outre les actions qui sont menées par l’exploitant pour ramener l’installation dans un état maîtrisé et stable, il s’agit pour les pouvoirs publics d’engager rapidement des actions de protection de la population afin de limiter cette exposition à court terme mais également d’amorcer la gestion des territoires contaminés sur les moyen et long termes.

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 12 Encadré 1 Le Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur La mise à l’abri et l’évacuation sont décidées conformément au Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur2 par le préfet, soit en mode réflexe si l’accident est à cinétique rapide, soit de façon concertée. En tout état de cause, les éléments sur lesquels la décision est fondée relèvent essentiellement d’évaluations prévisionnelles réalisées par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et par l’exploitant, puis d’une recommandation émise par l’ASN. Le Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur est un plan national d’intervention, qui permettrait de répondre à des situations d’urgence de toutes natures en matière de sûreté des installations et des transports nucléaires. Il s’agit d’un outil de gestion de situations exceptionnelles, et d’aide à la décision pour les acteurs de la gestion de crise. Il définit notamment des stratégies de réponse pour la protection de la population, pour la prise en charge sanitaire, l’aide internationale ou encore la continuité des activités économiques et sociales, etc. Il propose des actions concrètes pour atteindre les objectifs de sécurité identifiés par les stratégies de réponse. Il accorde une large place à l’information de la population sur l’évolution de la situation et sur les consignes à respecter. Les principales actions de protection de la population pendant la phase d’urgence sont la mise à l’abri, la prise d’iode stable (en cas de rejets d’iode) et l’évacuation, en fonction des situations. Ces actions sont décidées en application des critères présentés dans les fiches-mesures du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur (voir encadré 1, page 12). En complément, une interdiction de consommation des denrées fraîches produites localement, et la mise sous séquestre des produits agricoles peuvent être ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ 2 Plan n°200/SGDSN/PSE/PSN – Edition février 2014. mises en place et alignées soit sur le plus grand des périmètres où des actions de protection de la population ont été prises soit sur le périmètre de préparation du plan particulier d’intervention (PPI). 2.2. La phase post-accidentelle De manière générale, la phase post-accidentelle succède à la fin de la phase d’urgence. La phase post-accidentelle se différencie de la phase d’urgence en particulier par un changement de

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 13 nature du risque d’exposition pour la population. Durant la phase d’urgence, le risque est principalement associé à une exposition externe et à une inhalation de particules radioactives en suspension dans l’air. Durant la phase postaccidentelle, la contamination n’est plus dans l’air mais s’est déposée. Le risque principal est alors l’exposition par ingestion d’aliments contaminés par les dépôts radioactifs et dans une moindre mesure, l’exposition par irradiation externe. La phase post-accidentelle se compose :  d’une période de transition (qui peut durer quelques semaines ou quelques mois après l’accident), marquée par une connaissance encore imprécise de l’état réel de la contamination de l’environnement, et des risques d’exposition des personnes qui peuvent être importants ;  d’une période de long terme (qui peut durer jusqu’à plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années après l’accident), caractérisée par une contamination durable des territoires, et un risque d’exposition plus faible mais chronique et à long terme. Il convient de noter que les actions de protection de la population prises durant la phase d’urgence (restriction de consommation, mise sous séquestre, évacuation de la population, restriction d’activités, etc.) sont potentiellement structurantes pour le début de la gestion de la phase post-accidentelle, et que ces deux phases ne peuvent être considérées comme indépendantes pour des raisons de continuité et de cohérence dans la gestion de la situation. 3 Objectifs, principes et points clefs de la gestion post-accidentelle Une contamination de l’environnement par des substances radioactives après un accident nucléaire crée une situation complexe affectant tous les domaines de la vie de la population, comme la vie sociale et culturelle, la vie professionnelle, l’économie, etc. Elle peut affecter un territoire étendu, avec des niveaux de contamination et des enjeux sanitaires associés variables, plus importants à proximité du lieu de l’accident et qui diminuent en s’en éloignant. Elle peut également avoir des effets sur des activités humaines au-delà du territoire affecté par les rejets radioactifs. Le caractère potentiellement durable de cette contamination, tout en tenant compte de la décroissance radioactive de certaines substances déposées, conduit à prévoir une gestion post-accidentelle évolutive pouvant s’étendre sur plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années. Les enjeux sanitaires liés à l’exposition de la population aux rayonnements ionisants imposent que des actions de protection (éloignement, restriction de consommation, contrôle des denrées avant commercialisation, restriction d’accès à certains lieux, etc.), proportionnées à ces enjeux, soient mises en œuvre afin de réduire cette exposition. Ces enjeux portent également sur les effets non directement liés à l’exposition aux rayonnements ionisants, en particulier ceux de nature psychologique liés à l’anxiété, la détresse et aux changements de mode de vie de la population impliquée. Outre les aspects sanitaires, la gestion des conséquences d’une situation post-accidentelle nucléaire intègre de nombreux autres enjeux, notamment d’ordres économique, culturel et

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 14 social, et implique de nombreux acteurs, aux niveaux national et local, couvrant des domaines de compétence ou de préoccupation variés. Cette gestion doit favoriser la résilience des territoires concernés par les dépôts radioactifs. 3.1. Trois objectifs fondamentaux Compte tenu de ces enjeux, trois objectifs fondamentaux ont été retenus pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire : 1. protéger la population contre les dangers des rayonnements ionisants ; 2. apporter un appui à la population victime des conséquences de l’accident ; 3. reconquérir les territoires concernés sur les plans économique, culturel et social. 3.2. Quatre principes de gestion Afin de définir les actions à engager, au moment de la mise en œuvre de la gestion postaccidentelle, quatre principes ont été retenus : Principe 1 - anticipation : les enjeux de la gestion post-accidentelle nucléaire sont pris en compte dès la phase d’urgence ; en conséquence, les principes de mise en œuvre des premières actions sont planifiés au stade de la préparation. Afin de ne pas compromettre la gestion des conséquences de l’accident sur le moyen et le long terme, les principes permettant de retenir les actions de gestion appropriées, à réaliser rapidement au cours de la phase d’urgence, peuvent être préparés à l’avance afin de faciliter la prise de décision et la mise en œuvre des actions, en prenant en compte les enjeux de moyen et de long terme spécifiques à chaque territoire. ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ 3 ICRP, 2020. Radiological protection of people and the environment in the event of a large nuclear accident. ICRP publication 146. 4 AIEA GSR Part 7 Préparation et intervention en cas d’urgence nucléaire ou radiologique, Vienne, 2015. 5 Articles L. 1333-3 et R. 1333-81 à R. 1333-94 du code de la santé publique. 6 Ce principe est aussi appelé principe ALARA (As Low As Reasonnably Achievable). Principe 2 - justification : les actions notamment celles visant la protection de la population sont justifiées, c'est-à-dire que les bénéfices attendus, notamment en matière de détriments radiologiques évités, sont supérieurs aux risques et inconvénients inhérents à leur mise en œuvre. D’une manière générale, la stratégie de gestion des conséquences de l’accident peut être adaptée à la situation à gérer, en proportionnant les actions et les moyens mis en œuvre aux enjeux des territoires concernés et à la gravité de la situation à traiter. Elle repose en particulier sur le principe de justification figurant dans les textes internationaux3,4 et dans le code de la santé publique5, c'est-à-dire que les actions mises en œuvre sont justifiées si leurs bénéfices, qui incluent le détriment radiologique évité, sont supérieurs aux risques et aux inconvénients qu'elles peuvent induire (exposition des opérateurs, coûts financiers, perturbations sociales, populations fragiles, etc.). Principe 3 - optimisation : l’exposition de la population est réduite à un niveau aussi bas que raisonnablement possible compte tenu des facteurs environnementaux, économiques et sociétaux. Du point de vue de la protection radiologique, il convient de réduire l’exposition de la population due à l’accident à un niveau aussi bas que raisonnablement possible. Ce principe6, dit principe d’optimisation, figure dans les textes internationaux3,4 et dans le code de la santé publique4. En application du principe d’optimisation, dans la perspective de décider des actions à mettre en œuvre localement et de fixer des priorités, la gestion post-accidentelle repose notamment sur

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 15 des objectifs dosimétriques prenant en compte les niveaux de référence établis par le code de la santé publique. Ces objectifs sont revus au cours du temps du fait de la réduction progressive de la contamination et de la recherche permanente d’une amélioration de la protection de la population. Principe 4 - construction partagée et transparence : la gestion post-accidentelle associe la population, les élus, les acteurs économiques et sociaux et fait l’objet d’une communication grand public renouvelée régulièrement. La transparence de l’information, l’éthique des décisions et le principe d’équité font partie des conditions de cette association. Les accidents technologiques, notamment les événements radiologiques ou nucléaires, déstabilisent les organisations humaines. L’implication des parties prenantes et leur adhésion aux décisions dans la gestion postaccidentelle sont nécessaires pour assurer l’efficacité des actions engagées et pour préparer la reprise de la vie économique, culturelle et sociale. Il est donc indispensable qu’elles soient impliquées en amont de l’accident, dès le stade de la préparation, dans les réflexions sur les stratégies de gestion des conséquences d’un accident et pour la mise en œuvre et le suivi de ces actions. À cet effet, de nouvelles modalités d’inclusion de la population sont mises en œuvre dans les travaux du Codirpa. Ces nouvelles modalités consistent à soumettre à des panels de citoyens habitant dans le périmètre des PPI, de façon à s’assurer de la compréhension, de l’adaptation au territoire et de l’acceptabilité des actions de protection proposées (voir encadré 2, page 15). Encadré 2 Des panels citoyens pour contribuer à l’élaboration de la doctrine post-accidentelle Un des objectifs du mandat délivré par le Premier ministre au Codirpa pour la période 2020-2024 est le développement d’une culture de radioprotection au sein de la population riveraine des installations nucléaires. Pour répondre à cet objectif, le Codirpa a choisi de mettre en place une nouvelle méthode de travail, consistant à tout d’abord définir une base technique, puis de soumettre les propositions retenues par les experts à des panels de citoyens, riverains des installations nucléaires. Ces panels citoyens sont organisés en étroite collaboration avec les commissions locales d’information (CLI) concernées. Quatre de ces panels citoyens ont pu se tenir dans le cadre des travaux du groupe de travail (GT) « alimentation », dont l’objectif est de proposer une stratégie de protection de la population vis-à-vis des risques liés à l’ingestion de denrées contaminées à la suite d’un accident nucléaire. Ces panels se sont tenus dans des communes voisines des installations concernées (Golfech, Tricastin, Dampierre et PaluelPenly). Plusieurs éléments de retour d’expérience peuvent être soulignés. Tout d’abord, les débats ont été ouverts et constructifs, et ont suscité de l’intérêt de la part des participants. L’association des citoyens à la construction des recommandations a également été appréciée. Ces échanges ont parfois mis en évidence un manque d’acculturation à la radioprotection et aux bons gestes à avoir en cas d’urgence nucléaire, qui a pu être au moins en partie comblée par les réponses apportées. Ces panels ont permis d’enrichir les travaux du GT « alimentation » du Codirpa en apportant un éclairage nouveau, non technique et centré sur les enjeux concrets du territoire. Ils ont également mis en évidence l’importance de l’information du public ainsi que de l’accès à des résultats de mesure de radioactivité fiables et de proximité. Enfin, ces panels citoyens ont montré la capacité de la population riveraine à comprendre les enjeux de radioprotection et les enjeux de territoire des actions de protection proposées. Les CLI ont par ailleurs exprimé le souhait de poursuivre ce type d’action à l’avenir. L’information des citoyens dans un contexte post-accidentel doit être transparente, pour susciter les comportements les plus adaptés chez les différents publics. Les décisions de gestion

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 16 qui en résultent doivent être équitables, éthiques et expliquées aux parties prenantes. De plus, une perspective temporelle sur la durée des actions de protection de la population (en particulier sur l’évolution prévisible des zonages) doit être donnée dès que possible, pour permettre à chacun de se projeter dans l’avenir. Ces conditions sont indispensables pour assurer la confiance et l’engagement des parties prenantes dans la gestion post-accidentelle, l’acceptabilité des décisions et donc une meilleure protection de la population. Ces principes de construction partagée et de transparence figurent dans les recommandations internationales, en particulier dans les recommandations de la commission internationale de protection contre les rayonnements (CIPR).7 3.3. Sept points clefs de la gestion post-accidentelle Pour répondre aux objectifs fondamentaux de la gestion post-accidentelle et sur la base des principes de gestion énoncés ci-dessus, les principales actions permettant la gestion des périodes de transition et de long terme de la phase post-accidentelle ont été identifiées au stade de la préparation, certaines devant être mises en œuvre dès la phase d’urgence. Les points clefs du corpus d’actions sont résumés cidessous :  la mise en place d’un zonage des territoires contaminés évolutif constitue une décision majeure et le cadre structurant pour la gestion des actions de protection de la population. Ce zonage permet notamment d’organiser, si nécessaire, l’éloignement de la population, les éventuelles restrictions d’activités, l’interdiction de la consommation des productions alimentaires locales issues des potagers, vergers et élevages privés, de la ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ 7 ICRP, 2020. Radiological protection of people and the environment in the event of a large nuclear accident. ICRP publication 146. chasse, de la pêche et de la cueillette, et le contrôle des denrées contaminées produites localement préalablement à leur mise sur le marché ;  la population concernée par les conséquences de l’accident, dont une partie est susceptible d’être éloignée durablement de son milieu de vie, peut bénéficier le cas échéant d’une prise en charge médicale et psychologique, d’un suivi dosimétrique, d’un suivi épidémiologique, d’un soutien financier, et être indemnisée en fonction du préjudice subi. Les professionnels de santé et l’ensemble des services de l’État intervenant dans le cadre de la gestion post-accidentelle bénéficient de formations de la part des institutions compétentes en radioprotection ;  la caractérisation de la situation radiologique, en particulier dans les lieux de vie et la caractérisation des niveaux de contamination des denrées alimentaires et des eaux constituent une nécessité urgente à engager dès la période de transition afin de connaître au plus vite l’étendue des territoires contaminés et l’effet de cette contamination. L’objectif est d’optimiser le dispositif de protection en particulier contre le risque d’ingestion de denrées alimentaires contaminées. Une fois la connaissance de la situation radiologique établie, une surveillance radiologique adaptée et systématique est mise place et dure tout au long de la phase post-accidentelle ;  la mise en place rapide d’une démarche spécifique de gestion de l’eau du robinet tient compte des spécificités de l’exposition due à la contamination des ressources. Son objectif est de maintenir la meilleure qualité radiologique possible de l’eau de consommation, tout en adaptant les actions à mener et les éventuelles restrictions sur les

Recommandations pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire 17 ressources ou la distribution de l’eau en fonction du risque ;  une nouvelle gouvernance fondée sur la vigilance et la participation active des personnes concernées est nécessaire pour engager, si la situation radiologique le permet, la reconquête de la vie économique et la redynamisation des territoires concernés ;  la formation et l’information de la population est indispensable pour établir la confiance, permettre la reprise de la vie économique et sociale, et pérenniser la vigilance à long terme dans les territoires contaminés. En particulier l’éducation à la culture de radioprotection et l’aide à la réalisation de mesures par les citoyens contribuent à la bonne prise en compte des actions de protection par la population ;  les actions de réduction de la contamination, indispensables à la reconquête des territoires, et la gestion des déchets d’origines et de natures diverses sont mises en place. Selon le lieu, la nature des matériaux à décontaminer, etc. les actions de réduction de la contamination sont différentes et engendrent des déchets radioactifs différents de ceux habituellement issus des installations nucléaires. Un afflux important de déchets radioactifs nécessite de mettre en place des solutions de gestion temporaires qui seront remplacées progressivement par des solutions de gestion pérennes. 4 La période de transition post-accidentelle 4.1. La situation au début de la période de transition postaccidentelle La fin de la phase d’urgence se caractérise par le retour de l’installation à un état maîtrisé et stable, la fin des rejets radioactifs significatifs et l’absence de nouvelle menace de rejet. La période de transition de la phase postaccidentelle qui s’en suit et qui peut durer quelques jours à quelques semaines, est marquée par une connaissance encore imprécise de l’état réel de la contamination de l’environnement. Les risques d’exposition des personnes peuvent être encore importants mais changent de nature. Le risque d’inhalation, prédominant durant la phase d’urgence, n’est plus le principal risque. L’ingestion d’aliments contaminés et l’exposition externe deviennent les voies d’exposition prépondérantes. En fin de phase d’urgence, la population peut avoir été évacuée ou mise à l’abri. Le retour des personnes évacuées et/ou la levée de la mise à l’abri, si les conditions radiologiques le permettent, est accompagné d’une information précisant les comportements à adopter. Les restrictions d’activités, de consommation des denrées fraîches produites localement (y compris les produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette) et des mises sous séquestre de productions agricoles mises en place pendant la phase d’urgence peuvent être prolongées ou adaptées. 4.2. La protection de la population Au début de la période de transition de la phase post-accidentelle, les actions de protection de la population prises durant la phase d’urgence (évacuation, mise à l’abri, prise d’iode stable, interdiction de consommation des denrées

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