Appréciations 2021
L’ASN considère que le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection est globalement satisfaisant, notamment dans les domaines de la maintenance, la maîtrise des risques d’incendie, la gestion des autorisations internes et la gestion des déchets et des fonctions de refroidissement.
Les barrières de confinement sont maintenues à un niveau satisfaisant d’efficacité. Les ruptures de confinement, qui peuvent survenir en conditions normales d’exploitation, font l’objet d’un suivi particulier et d’actions pour les limiter. Une des origines identifiées de ces ruptures étant le percement de gants en boîte à gants, l’exploitant a développé des gants renforcés spécifiques.
Par ailleurs, l’exploitant est confronté depuis plusieurs années à des difficultés à assurer la production des quantités prévues de combustibles conformes aux spécifications de sûreté des réacteurs nucléaires. Les caractéristiques des poudres d’uranium utilisées semblent être à l’origine de ces difficultés. L’exploitant a donc décidé de qualifier un nouveau type de poudre dont la production nécessite la création d’une nouvelle installation, située sur le site Orano de Malvési (voir chapitre 11). Cette situation induit la production d’une quantité importante de rebuts de fabrication, qui sont envoyés à La Hague pour entreposage, induisant notamment une saturation à court terme des entreposages de plutonium dans cet établissement. Si elles se poursuivent, ces difficultés pourraient donc induire des conséquences majeures sur l’ensemble du « cycle du combustible ». Cette problématique a fait l’objet d’échanges avec le collège de l’ASN lors des auditions du 28 septembre 2021 et du 10 février 2022.
Cette situation induit, à Melox, des besoins importants de maintenance, qui ont des conséquences en matière de radioprotection, avec un appel croissant à des intervenants extérieurs et une dosimétrie collective très importante.
Les solutions envisagées aujourd’hui pour améliorer cette situation au sein de l’installation consistent, d’une part, à procéder à des nettoyages approfondis des boîtes à gants pour réduire les niveaux de doses ambiants, d’autre part, à déployer un important programme de maintenance visant à restaurer le taux de disponibilité des outils de production. Dans cet objectif, des travaux de recherche et développement sont engagés sur les procédés de nettoyage des équipements de l’installation et sur les matériaux de protection des travailleurs. En particulier, la dosimétrie du cristallin reste élevée. Des travaux importants de recherche et développement ont conduit à la mise en œuvre progressive de lunettes radioprotégées ergonomiques, adaptées à la vue des intervenants (y compris les intervenants extérieurs), dans l’objectif de respecter les nouvelles limites réglementaires revues à la baisse. De plus, un vaste programme de remise en état des machines (projet PPRM) a commencé en 2021.
La construction du centre de crise a pris du retard, en lien avec les difficultés techniques et contractuelles rencontrées. L’ASN a modifié en conséquence, sur demande de l’exploitant, la prescription de la décision portant sur l’échéance maximale de mise en service du PC de crise, maintenant fixée à 2023.