Défaut de gestion lors d’opérations de décontamination d’outillages ayant entraîné une dispersion de la contamination et des rejets radioactifs gazeux non autorisés

Publié le 08/03/2020

Centrale nucléaire de Cruas-Meysse Réacteurs de 900 MWe - EDF

Le 5 mars 2020, EDF a déclaré un évènement significatif relatif au rejet, à quatre reprises entre octobre 2019 et janvier 2020, de radioactivité bêta globale d’origine artificielle par la ventilation de l’atelier chaud de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse.

Les outillages utilisés en zone contrôlée pour effectuer les travaux de maintenance lors des arrêts de réacteur sont entreposés puis décontaminés dans des locaux dits « atelier chaud ». Les opérations de décontamination des outillages doivent être réalisées dans un sas étanche afin de confiner la contamination.

Des relevés hebdomadaires sur les filtres de surveillance des rejets de la ventilation de l’atelier chaud ont mis en évidence le dépassement du seuil de décision[1] relatif à l’activité bêta globale d’origine artificielle durant la dernière semaine du mois d’octobre 2019, la troisième semaine du mois de novembre 2019 et les deuxième et dernière semaines du mois de janvier 2020. Or, la décision de l’ASN n° 2016-DC-0548 dispose que « les circuits de ventilation [de l’atelier chaud] ne mettent pas en évidence d’activité volumique bêta globale d’origine artificielle supérieure à celle naturellement présente dans l’air ambiant ».

La surveillance hebdomadaire réalisée par EDF sur les résultats des mesures de l’activité bêta globale d’origine artificielle dans les rejets de la ventilation de l’atelier chaud aurait dû conduire à mener les investigations dès la dernière semaine du mois d’octobre 2019 afin de déterminer l’origine du dépassement. Cela aurait permis d’éviter l’occurrence des trois autres rejets aux mois de novembre 2019 et janvier 2020.

Néanmoins, les premières investigations n’ont été menées par EDF qu’au mois de janvier 2020 et ont mis en évidence que les opérations de décontamination des outillages n’étaient pas réalisées dans un sas étanche. Cette situation a entraîné la dispersion de contamination dans l’atelier chaud et la présence d’activité volumique bêta globale d’origine artificielle dans les circuits de ventilation de l’atelier chaud.

Les opérations de décontamination des outillages entreposés dans l’atelier chaud sont suspendues jusqu’à ce qu’EDF soit en capacité de garantir l’étanchéité du sas dans lequel sont réalisées ces opérations.  

Les appareils de surveillance de l’environnement implantés autour du site n’ont détecté aucune élévation de la radioactivité. Les prélèvements d’eaux pluviales récupérées à proximité de l’atelier chaud n’ont pas mis en évidence la présence de radioactivité d’origine artificielle.

Néanmoins, en raison du non-respect, à quatre reprises, de la prescription réglementaire interdisant le rejet de radioactivité bêta globale d’origine artificielle par la ventilation de l’atelier chaud et de la mise en évidence de plusieurs défaillances organisationnelles, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

[1] Le seuil de décision est le seuil pour lequel on peut dire que, statistiquement parlant, un appareil de mesure donne un résultat de mesure probant (qui statistiquement émerge du bruit de fond naturel). Le seuil de décision est une valeur telle qu'à partir de cette valeur et au-delà on peut conclure avec une quasi-certitude que le résultat de mesure est significatif d'une radioactivité avérée dans l’objet.

Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021

Classement de l’incident (INES)

Niveau 1

Anomalie