Modification des décisions réglementant les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents dans l'environnement de la centrale nucléaire de Civaux

Tout le monde connaît l’histoire du sparadrap du capitaine Haddock : revoilà ici les vedettes locales bien connues à la Centrale depuis des lustres, à savoir amibes et légionnelles ! Mais comment diable s’en débarrasser ? En faisant d’un risque potentiel mal maitrisé un problème chronique, à grand renfort d’armes chimiques… fini le chlore (c’est toxique pour les organismes fluviaux, quelle découverte!), voilà la monochloramine, pas de soucis. La littérature n’est pas forcément du même avis : 

« Effets sur l'environnement et la faune : La chloramine peut être particulièrement dangereuse pour les espèces aquatiques. Les poissons, par exemple, absorbent directement la chloramine à travers leurs branchies, ce qui peut s'avérer fatal. Les propriétaires d'aquariums doivent donc traiter l'eau avec des conditionneurs spécifiques ou des filtres au charbon actif pour éliminer la chloramine avant son utilisation. »

Dommage pour les petits poissons… et les 100 000 consommateurs susceptibles d’ouvrir leur robinet, c’est très bien expliqué dans la contribution de « Eaux de Vienne », dont ni l’avis ni celui de l’ARS n’ont été pris en compte dans l’élaboration du projet. N’est-ce pas fâcheux ?

Sans chercher bien loin (c’est dans les pièces jointes), je lis que :

« Rapport de synthèse ayant servi à élaborer les projets de décision.pdf

4,3,1 Demande de disposition contraire pour la température des rejets thermiques

Le retour d’expérience sur la période 2010-2022 montre que la température des rejets thermiques a très ponctuellement dépassée la limite des 30 °C pendant 83 heures sur la période d’observation duodécennale. Elle a ainsi pu atteindre 31 °C.

ASNR : Par ailleurs, EDF n’a pas tiré le retour d’expérience des situations de dépassement rencontrées afin d’envisager une évolution des conditions d’exploitation des aéroréfrigérants de purge CVP et s’est orienté uniquement sur la demande d’une disposition contraire. »

Traduction : EDF se permet de ne pas respecter ses limites de température, mais cela n’a pas échappé à l ‘ASNR...

« 4.3.1 Modification de la fréquence d’information de l’ASNR sur les rejets thermiques en cas d’indisponibilité de l’aéroréfrigérant de purge CVP

Le second cas de figure est celui d’une situation météorologique particulière (comme un étiage hivernal et une température de la Vienne de plus de 25 °C) … Pour ce cas de figure, EDF propose de se limiter à une information hebdomadaire.

Mais… les rejets sont soumis à un accord préalable de l’ASNR. »

Soit : EDF n’informe même plus ASNR en temps réel, mais par semaine ! On vous fait un lot ? Une valeur moyenne suffira ? Ce n’est pas la 1e fois que le monde atomique finasse sur les mesures, dans les CNPE comme à la Hague et un jour futur (?) à Cigeo, mais je ne voudrais pas être désagréable, sans en rajouter sur l’étiage et le réchauffement climatique.

Par voie de presse, il est venu récemment à la connaissance des habitants de l’aval de Civaux qu’ils bénéficiaient d’une petite dose de tritium au robinet, bien sûr « sans danger puisqu’inférieure aux normes » ! Dans le cas contraire, pas de souci non plus, il suffirait de relever le seuil de danger, comme en 2023 dans le Lencloitrais pour le chlorothalonil.

On peut donc faire absolument confiance dans ce projet et donner quand même son avis, puisque, comme dans les enquêtes précédentes auxquelles j’ai contribué, il n’en a été tenu aucun compte : comme toujours dans le domaine nucléaire, les décisions sont politiques donc déjà prises avant même toute consultation…

Pour finir sur une note « joyeuse » : puisque Civaux va participer, via la production de tritium, au nucléaire militaire, la CNPE pourra donc être considérée par le premier satrape belliqueux venu comme un objectif militaire ! Ca fait 70 ans qu’on nous affirme que les 2 filières n’ont rien de commun. CQFD !

David Vincent

3 documents :

- courrier du 1er juillet 2025



PJ1 : Courrier du 28 juin 2023 d’Eaux de Vienne à l’ASN dans le cadre de la consultation sur le dossier de modification des prescriptions réglementant les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents du site de Civaux. N° dossier AUT26-DCN-2019-0076.



PJ2 : Courrier du 11 juin 2026 d’Eaux de Vienne au Préfet de la Vienne faisant suite au CODERST du 6 juin 2025    



(Copie : Préfet de la Vienne et ARS)

Nouvelle ARPE pour Civaux



La mise à jour de l'ARPE de Civaux concerne les titres d' organisme comme l'ASNR, l'ARS, ce qui n'appelle pas de remarque. La gestion ALCADE du combustible ayant remplacé la gestion antérieur, les limitations associées à cette ancienne gestion peuvent donc être supprimée.



Traitement biocide à la mono-chloramine

La modification principale proposée concerne le projet d'utilisation de mono-chloramine comme traitement biocide. Or ce traitement, contrairement au traitement par les UV actuellement pratiqué, présente l'inconvénient d'ajouter de la pollution (chlorures, sodium, ammonium, nitrates, nitrites,.) dans la Vienne, pour un «avantage » qui demeure insignifiant.

Le service des « Eaux de Vienne » ont déposé un avis défavorable à ce projet.

La CLI de Civaux n'y est pas favorable non plus.



Mise à jour des limites de rejet de tritium liquide

Cette mise à jour des textes ne change pas la valeur des différentes limites actuellement en vigueur. Cependant une clarification de ces limites paraît nécessaire.

Nous proposons de compléter le tableau existant publié :



Paramètres

Activité volumique horaire

à mi-rejet (Bq/l)

Activité volumique

moyenne journalière (Bq/l)

Tritium

280

140 (1)

Emetteurs bêta hors 40K et 3H

2



(1) L'activité volumique moyenne journalière est ramenée à 100 Bq/l en l'absence de rejets

radioactifs.



par la limitation en activité volumique de 80 Bq/l (définie comme une moyenne sur 24h) qui se trouve incluse dans la formule de limitation en débit d'activité : 80D , dans laquelle D est le débit du fleuve en litre par seconde, pour rester cohérent avec les Becquerels par litres de l'activité volumique obtenue après bon mélange. Cetter activité volumique a été définie par EDF comme une moyenne sur 24h ajoutée à l'eau des fleuves après bon mélange.

Le débit d'activité est égal au produit de l'activité volumique par le débit du fleuve. Il permet à EDF de régler le débit du rejet en fonction du débit du fleuve de manière à ne pas y dépasser en aval et après bon mélange la valeur de 80 Bq/l

Or, ce paramètre de débit d'activité n'est pas mesurable. On ne peut l'obtenir que par le calcul.

Par contre, l'activité volumique est mesurable au laboratoire : il convient donc d'en faire connaître la limite admissible de façon claire et transparente en vue des contrôles.



Le tableau deviendrait :

Paramètres

Activité volumique horaire

à mi-rejet (Bq/l)

Activité volumique

moyenne journalière (Bq/l)

Activité volumique

moyenne 24h (Bq/l)

Tritium

280

140 (1)

80

Emetteurs bêta hors 40K et 3H

2





(1) L'activité volumique moyenne journalière est ramenée à 100 Bq/l en l'absence de rejets

radioactifs.



Jacques Terracher, le 02/07/25