Conditions de la poursuite de fonctionnement des réacteurs de 1300 MWe au-delà de 40 ans

Prolongation de la durée de vie des réacteurs de 1300 MWe : des prescriptions insuffisantes selon Greenpeace.



Une nouvelle analyse commandée par Greenpeace Luxembourg [1] montre que les prescriptions prévues par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) ne sont pas suffisantes pour permettre aux réacteurs de 1300 MWe d’atteindre un niveau de sûreté comparable à celui des réacteurs de troisième génération. Cette publication intervient alors que l’ASNR a lancé, le 16 mai, une consultation publique sur son projet de prescriptions génériques pour la prolongation de la durée de vie de ces réacteurs. Selon l’expertise, au regard des normes actuelles, de tels réacteurs ne seraient plus autorisés à être construits.



Il ressort de l’étude que les mesures proposées se concentrent essentiellement sur l'élimination des points faibles identifiés en cours d'exploitation, ainsi que sur l'identification, le suivi et, lorsque cela est possible, l’élimination des problèmes d'obsolescence et de vieillissement des structures, systèmes et composants.

Les déficits fondamentaux des réacteurs de 1300 MWe par rapport aux exigences indiquées par l'ASNR - à savoir se rapprocher le plus possible du niveau de sûreté de l'EPR comme condition pour une exploitation au-delà de la durée de vie initiale - ne sont pas pris en compte dans le programme de modernisation et subsistent donc.

Le système de sûreté destiné à maîtriser les incidents doit répondre à des exigences particulièrement strictes en matière de conception, de fabrication, d'installation, de contrôle ainsi que d'exploitation et de maintenance des composants et systèmes importants pour la sûreté. Or, si - comme c’est le cas pour les réacteurs de 1300 MWe - ce système présente des déficits techniques, la fiabilité et l'efficacité nécessaires à la maîtrise des scénarios d’accident envisagés dans une centrale nucléaire ne sont plus garanties.



À part le fait que les réacteurs de 1300 MWe ne pourront jamais atteindre le niveau de sûreté et de sécurité d’un réacteur de nouvelle génération, le calendrier proposé par l’ASNR pour la mise en œuvre des améliorations et modifications est tout simplement inacceptable. Il est clairement établi que les équipements nécessaires ne pourront pas tous être installés durant les arrêts prévus la 4ème visite décennale. C'est pourquoi l'ASNR prévoit déjà des délais pouvant aller jusqu'à quatre ans après cette visite pour appliquer certaines mesures. Pire encore : en cas de difficultés, les exploitants pourront même demander un report supplémentaire auprès de l'ASNR.



Pour Greenpeace il n'est donc pas clair à quelle date les réacteurs de 1300 MWe atteindront réellement le niveau de sûreté requis pour fonctionner au-delà de 40 ans. Greenpeace demande que l'exploitation au-delà de 40 ans ne soit autorisée qu'après la mise en œuvre complète et vérifiée de toutes les mesures de sûreté nécessaires.

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Notes



[1] Le rapport d’expertise a été commandé au professeur Manfred Mertins, expert en sûreté des réacteurs et ancien collaborateur de la Gesellschaft für Reaktorsicherheit (société pour la sécurité des réacteurs) de l’école supérieure spécialisée de Brandebourg.

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https://www.greenpeace.org/luxembourg/fr/communiques-de-presse/24598/prolongation-de-la-duree-de-vie-des-reacteurs-de-1300-mwe-des-prescriptions-insuffisantes-selon-greenpeace/



https://www.greenpeace.org/luxembourg/de/presseerklaerungen/24603/greenpeace-kritisiert-unzureichende-vorschriften-fuer-laufzeitverlaengerung-von-1300-mwe-reaktoren/

En effet Il faut garantir la production d’électricité en particulier face aux nouveaux usages de l’électricité.

La prolongation de la durée de vie des centrales pour fournir une énergie décarbonée est un levier important qui permettra à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Cela impose une exploitation des centrales nucléaires aux meilleurs standards de sureté , c’est bien l’objectif des réexamens périodique de sureté qui intègrent les modifications les plus récentes, en particulier celles liées au réchauffement climatique.

Centrales nucléaires au-delà de 40 ans : l’avis de la CLI de Golfech sur le projet de décision de l’ASNR



Avis sur la consultation du grand public

• Le dispositif national de concertation du grand public, la participation de la Commission Nationale des Débats Publiques, les multiples webinaires thématiques… ont permis de créer des espaces d’échanges avec le grand public, au bénéfice de la transparence de l’information.

• Document synthétique de présentation du projet de décision de l’ASNR très bien conçu et rédigé.

• Mais la durée de la consultation publique sur le projet de décision de l’ASNR (1 mois) est trop courte.



Avis technique

Les réponses techniques d’EDF et les prescriptions de l’ASNR permettent a priori de considérer que l’objectif de tendre vers le niveau de sûreté des réacteurs de 3ème génération (EPR, EPR 2) sera atteint, avec un point d’orgue concernant la réduction du risque de rejets radioactifs dans l’environnement en cas d’accident.



Cependant, la CLI de Golfech demande plus de précisions sur :

• Les Facteurs Sociaux, Organisationnels et Humains, qui apparaissent très peu dans le projet de décision de l’ASNR. Comment EDF va-t-il intégré les FSOH pour la réalisation des 4ème visites décennales des réacteurs de 1 300 MW ?

• La prise en compte des agressions externes nouvelles, comme la possibilité d’attaque par un ou des petits drones armés de charges explosives.

• Le seuil des 40 ans correspond-t-il à 40 années depuis le premier démarrage ou à 40 années d’exploitation effectives, en retranchant les temps d’arrêts d’un réacteur ?

• Dans le document de synthèse à destination du grand public, la partie « protection de l’environnement » apporte peu de précisions sur les évolutions de la surveillance environnementale d’EDF, ce qui nécessite de se plonger dans un document technique de plus de 200 pages pour avoir des éléments de réponses. Vous trouverez en annexe l’ensemble des questions que la CLI de Golfech se pose sur les conditions de prolongation des réacteurs de 1 300 Mw au-delà des 40 ans.





Questions et avis des membres de la CLI de Golfech



Anne LOUBRIAT – représentante syndicale CGT 47



Bonjour,



Mon interrogation porte sur l'impact des rejets polluants en Garonne qui fait partie des 70% des rivières françaises en mauvais état.

Elle porte également sur les risques de sur pollution par manque de dilution pendant les périodes d'étiage dont tous les spécialistes s'accordent à dire qu'elles seront plus intenses et longues.

Que boirons nous donc et que ferons-nous boire à nos enfants ?

Je m'étonne qu'à l'époque de ces grands projets technologiques et énergétiques, nous ne soyons pas encore capables d'assurer 0 pollution au sortir des centrales...

Donc, les projets de réutilisation d'eaux usées n'étant pas encore opérationnels, au contraire du dérèglement climatique, il faudra bien informer la population que si elle ne restreint pas ses usages, elle aura le choix entre s'empoisonner un peu plus ou ne plus avoir d’électricité.

Qui le dira ? Qui en aura le courage ? Qui soignera ?

Qui fera le lien avec le bilan de la gestion des déchets radioactifs, et le lien avec les extractions d'uranium en Afrique ou ailleurs ?

Qui en parle ?

Ensuite je souhaiterai que des salariés des centrales soient systématiquement présents lors des bilans ou des commissions sur l'organisation du travail, pour que nous en ayons toutes les versions.

Et enfin quelle est la portée réelle de ce type de consultation dont on sait que les décisions sont d'ores et déjà prises dans le sens de prolongations bien supérieures à 40 ans ?



Merci, cordialement,



Anne Loubriat

Avis défavorable. Les centrales de moins de quarante ans semblent déjà poser des problèmes. Prolonger les 20 réacteurs de 1300 MW serait à la fois très coûteux et risqué. Sans parler des déchets dont la Cour deS comptes explique qu'on ne sait comment les stocker sur durée multiséculaire. Mieux vaut développer les énergies renouvelables accompagnées de batteries ou d'autres possibilités de stockage intermittent. Moins cher et plus sûr ! L'idéal.

Ces VD essentielles permettent non seulement de garantir leur sûreté et leur conformité aux évolutions technologiques et réglementaires, mais aussi d’améliorer les installations en intégrant les retours d’expérience internationaux (Fukushima, EPR) et les nouvelles normes.

Ce réexamen périodique renforce la sûreté de l’installation, l’approvisionnement de l’électricité a tout moment, de la stabilité du réseau et la protection de l’environnement.

Comme lors des précédentes décennales, le processus d'instruction du réexamen de sûreté a été mené en concertation entre l'exploitant et l'autorité de sûreté, avec avis des groupes d'experts. Ces derniers concluent que " Ce déploiement (des modifications prévues en noyau dur") constitue une avancée majeure pour la sûreté".



La poursuite de l'exploitation des tranches nucléaires 1300MWe va permettre d'exploiter au mieux l'outil industriel existant, et d'apporter à la France une part d'énergie décarbonée pilotable.

De nombreuses améliorations de sûreté sont apportées lors des VD4 des 20 Tranches du palier 1300 MWe, dans la continuité ce qui est fait lors des VD4 du palier 900 MWe.



Elles permettent d’intégrer les enseignements tirés de l’accident de Fukushima au Japon et de porter le niveau de sureté des réacteurs de 1300 MWe à un niveau proche de celui de l’EPR (actuellement le plus élevé au monde), notamment à travers l’installation d’un dispositif dans le bâtiment réacteur, sous la cuve, pour récupérer et refroidir le corium en cas d’accident avec fusion du cœur suivi du percement du fond de cuve (équivalent du récupérateur de corium de l’EPR).



En outre, ces améliorations rendent les réacteurs de 1300 MWe résistants à des événements climatiques extrêmes nettement supérieurs à ceux que l’on peut redouter en France à l’horizon 2030 ou 2040.

Elles permettent également de poursuivre la réduction des impacts de l’installation sur la santé publique et sur l’environnement (diminution des prélèvements d’eau, des rejets en fonctionnement normal et des nuisances générées).



Vis-à-vis de la production d’électricité, prolonger de 10 années supplémentaires ces 20 réacteurs permet de continuer de bénéficier à court terme au plan industriel de 26 000 MW d’électricité décarbonée, ce qui est primordial pour l’indépendance énergétique de la France.

La France a choisi une démarche progressive qui challenge chaque 10 ans le niveau de sûreté des installations en service. Après le parc 900, le parc 1300 rentre dans cette même logique. En accord avec l'autorité de sûreté, EDF présente un train de modifications qui a pour but d'améliorer encore le niveau de sûreté en cherchant à atteindre les hauts standards des EPR.

Poursuivons l'effort en maintenant les tranches 1300 MW sûre et opérationnelles.

je soutiens la nécessité de valider ce 4ème examen de sûreté.

Il n'y a plus aucun doute sur la nécessité de produire de l'électricité avec le moins de CO2 possible. Les centrales nucléaires sont parfaitement adaptées pour cela. De plus, elles concourent à l'indépendance énergétique du Pays. Les nombreuses évolutions et modifications apportées par EDF à ses installations et approuvées par l'ASNR font que les centrales sont au niveau optimal de sûreté. Il est donc indispensable de prolonger l'exploitation de ces réacteurs 1300 MW comme cela a été le cas pour les réacteurs 900MW. Le professionnalisme des équipes d'EDF et le contrôle intransigeant justifié de l'ASNR assurent que ces installations peuvent être exploitées en toute confiance. Je suis donc totalement favorable à la poursuite de fonctionnement des 20 réacteurs de 1300 MWe d’EDF au-delà de leur quatrième réexamen périodique.

Nous avons besoin du nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique. C'est le seul moyen de production pilotable qui émet moins de CO2 que les ENRi. Il est nécessaire pour gérer leur intermittence afin de répondre à la demande sans variation imprévisible et participe à la stabilité du réseau.

Il contribue à renforcer l'indépendance énergétique de la France, et à maintenir le prix de l'électricité bas, son combustible n'intervenant que pour5% dans ce prix

Les VD4 vont permettre de garantir l'aptitude des installations à poursuivre leur exploitation, en toute sûreté,en réalisant la maintenance et les modifications nécessaires.

Ces modifications intègrent le retour d'expérience international en particulier celui des accidents en vue d'en réduire la probabilité d'occurrence et d'en limiter les conséquences. Elles ont également pour but de permettre aux installations de faire face à tout aléa climatique et de les amener à un niveau de sûreté proche de celui des derniers réacteurs

On a besoin de soutenir le mix nucléaire renouvelables pour poursuivre la production d’électricité décarbonée en France. Le prolongement du fonctionnement des centrales permettrait de disposer 26 000 MW en énergie pilotable à un coût raisonnable (moins de 5% du coût de construction).

L’autre raison est bien sûr l’amélioration du niveau de sûreté par les contrôles approfondis réalisés avec notamment les épreuves enceinte et hydraulique, la prise en compte du retour d’expérience international, la prise en compte des évènements climatiques majeurs.

Les réexamens périodiques de sûreté permettent de faire évoluer le niveau de sûreté des centrales nucléaires. Les nombreux contrôles menés mais aussi les modifications réalisées concourent à renforcer le niveau d'exploitation au quotidien. La prise en compte des évolutions climatiques lors des prochaines visites décennales accentue ce niveau de maîtrise. La formation des personnels, leur professionnalisme mais aussi toutes les opérations en exploitation complètent ce dispositif.

Enfin, la poursuite de l'exploitation des centrales 1300 MW s'inscrit dans ce contexte d'évolution de la consommation en soutien des futurs projets EPR 2.