Conditions de la poursuite de fonctionnement des réacteurs de 1300 MWe au-delà de 40 ans

Le projet de décision de l'ASNR fixant à EDF les prescriptions applicables aux réacteurs de 1300 MW existants ne permet pas d'assurer que la réévaluation de la sûreté de ces réacteurs permettra de "rapprocher le niveau de sûreté de ces réacteurs de celui des réacteurs de troisième génération tels que l'EPR" (Considérant 7).

1. Le verbe "rapprocher" sous-entend que les réacteurs existants de 1300 MW n'atteindront jamais le niveau de sûreté requis. En conséquence, deux types d'informations sont attendus :

• Quels sont les composants qui, vue l'impossibilité de leur remplacement et du fait de leur vieillissement, n'atteindront jamais le niveau de sûreté requis ? Quels sont les "écarts" (au sens que l'ASNR donne à ce mot, à savoir ce qui sépare une situation constatée d'une situation de référence) qui seront acceptés ou non acceptés ?

• Concernant les composants qui peuvent être remplacés, modifiés ou ajoutés, comment sera-t-il prouvé qu'ils sont en mesure de remplir les fonctions attendues du point de vue de la sûreté, au moins jusqu'au prochain réexamen périodique ?

Ces informations ne figurent pas dans le texte du projet de décision soumis à consultation. Pas plus que dans les documents présentés sous l'appellation "Liens utiles" qui, pour l'essentiel, ne sont que des "copier-coller" de manuels méthodologiques ou documentaires n'apportant aucune information sur les enjeux du prolongement de la durée de fonctionnement des 1300 MW.

Le projet de décision proprement dit n'est qu'une longue liste de rapports (sujets et date de rendu) attendus de l'exploitant sur les études et travaux à mener relatifs à certaines fonctions dans la stricte perspective du 4ème réexamen. On avait cru déceler, au cours des derniers mois, une évolution de l'approche de l'ASNR qui semblait souhaiter que l'exploitant anticipe au-delà de dix ans la possibilité de voir le fonctionnement des réacteurs prolongé dans de le respect des règles de sûreté et dans des contions économiques acceptables.

Cette question a été évoquée lors de la présentation par le Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sûreté nucléaire (HCTISN) au cours de la conférence de presse du 11 mars 2025 (HCTISN-Enseignement et suites de la concertation publique ). Comment se fait-il qu'il ne soit pas fait mention de cette approche dans le projet de décision ?

2. La notion de vieillissement appliquée aux composants non remplaçables est absente du projet de décision. La cuve en tant que principal composant non remplaçable n'est pas même mentionnée, or c'est le composant à la fois le plus sensible au vieillissement par le phénomène de fragilisation induit par l'irradiation neutronique et celui dont la défaillance conduirait à un accident nucléaire majeur. Des travaux de recherche sont en cours sur le vieillissement, on pense notamment au programme de suivi de l'irradiation (PSI), aucune information précise n'est accessible au public. Il n'est pas même mentionné dans le projet de décision qui ne fait état d'aucune requête à EDF sur ce sujet.

3. Le projet de décision ne mentionne aucun chiffre, aucun critère à satisfaire, aucune limite à ne pas dépasser. Aucune valeur au-delà de laquelle le fonctionnement ne pourrait être poursuivi. Cela concernerait le vieillissement de la cuve et d'autres composants métalliques mais aussi d'autres composants, l'enceinte de confinement notamment, composant non remplaçable. Des facteurs pouvant limiter la durée de vie des installations, voire justifiant leur arrêt, doivent faire l'objet d'un examen minutieux, comme cela a été évoqué lors de la conférence de presse du HCTISN rappelée ci-avant. Aucune référence à cette approche n'est mentionnée dans le projet de décision de l'ASNR.

Pour toutes ces raisons, le projet de décision de l'ASNR ne peut être publié en l'état. La mise en œuvre de cette décision, si elle devait être appliquée, ne garantirait pas que les conditions de poursuite de fonctionnement des réacteurs de 1300 MW sont réunies.

ces installations sont très fiables et très robustes et fonctionnent de façon satisfaisante depuis plus de 30 ans. Elles sont très surveillées et contrôlées par EDF et l'ASN. De nombreuses modifications ont été réalisées suites au REX de Fukushima ce qui les place à un très haut niveau de sureté. De plus ces installations pilotables en fonction des besoins contribuent à la réduction du CO2 dans l'atmosphère. Je suis donc pour la poursuite de l'exploitation de ces réacteurs.

PNC-France porte un avis très positif sur la prolongation d'exploitation des réacteurs de 1300 MWe, qui offrent une production souple et très décarbonée. Ils bénéficient du retour d'expérience des réacteurs 900 MWe, des gestions faibles flux pour limiter la fluence sur la cuve, de la maîtrise des variations des paramètres de fonctionnement des composants centraux du circuit primaire et des progrès de la métallurgie sur les aciers de cuve. PNC-France estime que les quatrièmes décennales doivent effectivement ouvrir la voie à une durée d’exploitation très au-delà de 50 ans.

PNC-France se félicite d’une consultation générique qui concerne les 20 réacteurs de 1300 MWe P4 et P’4, cohérente avec un besoin d’industrialisation d’un programme majeur de renforcement de ces réacteurs. Il approuve également l’étalement de l’implémentation des modifications requises, entre la visite décennale réglementaire et le 4ème rechargement, en priorisant celles portant le plus de bénéfices pour la sûreté. On optimise ainsi ces opérations industrielles en tenant compte des capacités des fournisseurs et des prestataires d’EDF et de la capacité des équipes sur le terrain à intégrer les modifications apportées aux installations.



Le point de vue de PNC-France est détaillé dans le document joint.

je suis très favorable à la poursuite de l'exploitation des centrales par EDF compte tenu de toutes les études menées par EDF et très régulièrement contrôlées par l'ASNR. c'est une bonne solution d'énergie pour les français dont la source est sûre, décarbonée et fait également vivre une partie du tissu industriel français.

le fonctionnement passé et actuel, ainsi que toutes les études réalisées démontre un très bon niveau de confiance

La poursuite d'exploitation des réacteurs 1300 MW au-delà de 40 ans ne pose aucun problème !

L'ASNR joue pleinement son rôle de gendarme du nucléaire et sa totale indépendance la met à l'abri de toute pression.

Le parc nucléaire français est exploité en toute sûreté, et l'intégration lors des visites décennales de nombreuses modifications visant à encore monter ce niveau de sûreté donne toute confiance.

Et cette production permet à la France d'assurer sa production d'électricité avec une énergie décarbonée, et pilotable !



Je suis donc totalement favorable à la poursuite d'exploitation des réacteurs 1300 MWe

Face au vieillissement global de l'ensemble des équipements il est évident que les contrôles devront être démultipliés et nécessiteront davantage de temps : est-il envisagé des autorisations de la part de l'ASNR après chaque bilan annuel des maintenances réalisées ainsi que des essais particuliers ?

Des mesures de vérification sur l'ensemble du parc au lieu de quelques INB seulement sont-elles envisagées concernant les potentielles ruptures du tuyauteries de haute énergie ?

Faut-il prévoir davantage de contrôles pour éviter les risques de fuites de vannes pouvant provoquer des inondations en fond de réacteur et ne pas se contenter des opérations de maintenances habituelles ?

Quelles anticipations sont envisagées en cas d'élévations prolongées de températures pouvant perturber le refroidissement des réacteurs et la résistances des différents circuits ?

Certes il est fondamental de garantir le bon état des motopompes pour fournir en continu l'eau nécessaire pour garantir, en cas d'incident ponctuel, le refroidissement permanent pour une poursuite du fonctionnement de l'INB mais le manque d'eau s'avérerait particulièrement catastrophique en cas de fusion du cœur : l'exemple de Fukushima montre la quasi impossibilité de disposer des quantités d'eau nécessaires pour noyer en permanence un réacteur en fusion pour les centrales situées en bord de rivières. Des réservoirs ou forages semblent dérisoires pour palier un tel accident : c'est un point majeur du risque lié au prolongement de la durée de vie des réacteurs au delà des 40 ans.



L'état des piscines destinées à recevoir les combustibles pour refroidissement constitue aussi un point de vigilance important pour la sûreté : prévoir de nouvelles piscines au sein des diverses INB est-il envisageable ? Outre les tuyauteries qui ne résisteraient pas à un éventuel séisme de coefficient inhabituel, est-il prévu de vérifier aussi l'état des bétons, des structures porteuses ?

Association EDA-Lille

Prolonger ces centrales est une solution de facilité, une forme de paresse et de laisser aller.

La question des déchets n'est pas aboutie

Prolonger des installations au-delà de ce qui était prévue initialement accroit les risques et les coûts

Bien sûr il faut de l'électricité mais quid de la sensibilisation aux économies d'énergie,

L'arrêt de l'effort pour les énergies alternatives illustre cette paresse.

Le toujours plus de nucléaire n'est pas une solution citoyenne et responsable.



Bref, je suis triste de voir que seule la technique a de l'avenir au détriment de la vie raisonnable en société

Effectivement nous devons à ce titre tirer tous les enseignements de l’accident de Fukushima Daiichi au Japon, de même qu'il convient de porter le niveau de sureté des réacteurs de 1300 MWe à un niveau voisin le plus élevé possible proche de celui de l’EPR.

Un véritable challenge est aussi de résister à des événements climatiques extrêmes qui nous attendent dans un proche futur, notamment celui de la consommation d'eau de nos rivières et fleuves.

Il apparaît également incontournable d'installer le dispositif dans le bâtiment réacteur, sous la cuve, pour récupérer et refroidir le corium en cas d’accident avec fusion du cœur suivi du percement du fond de cuve (syndrome chinois)

Ainsi que d'autres améliorations sur les systèmes source froide, ventilations et entreposage du combustible.

Nous devons in fine placer notre filière de production d'électricité d'origine nucléaire dans un environnement éco-industriel durable a minima jusqu'à 60 ans.