Les déchets radioactifs
Inventaire national des matières et déchets radioactifs
L'Andra a publié, en décembre 2023, la dernière version de l'Inventaire national des matières et déchets radioactifs. La première édition remonte à 2004. Toutes ces données sont publiées sur la plateforme ouverte des données publiques françaises et sur le site Internet de l’inventaire national. Cet inventaire recense chaque année de façon exhaustive les déchets identifiés comme radioactifs sur l'ensemble du territoire français. Tous les cinq ans, des estimations prospectives des quantités de matières et déchets selon plusieurs scénarios contrastés concernant le devenir des installations nucléaires et la politique énergétique de la France à long terme sont proposées.
Origine des déchets radioactifs
Les déchets radioactifs proviennent pour l'essentiel de l'industrie nucléaire. Pour le reste, ils sont issus de l'utilisation d'éléments radioactifs dans les hôpitaux, les universités et certaines industries non nucléaires, ainsi que des activités liées à la défense.
Dans son inventaire, l'Andra identifie cinq secteurs d'activités conduisant à la production, la détention ou la prise en charge de déchets radioactifs.
Ces cinq secteurs sont :
- Le secteur électronucléaire (amont et aval du cycle du combustible, centrales nucléaires) ;
- le secteur de la recherche (centres de recherche du CEA, établissements de recherche divers) ;
- le secteur de la défense (force de dissuasion, direction générale de l’armement, armée de terre) ;
- le secteur de l’industrie non électronucléaire (fabrication de sources, contrôles, objets particuliers, extraction de terre rare, stérilisation) ;
- le secteur médical (diagnostics, analyses, activités thérapeutiques).
Classification des déchets radioactifs
Selon la définition du code de l’environnement, les déchets radioactifs sont des substances radioactives, c’est-à-dire des substances qui contiennent des radionucléides naturels ou artificiels dont l'activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection, pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée. On parle de déchets radioactifs ultimes lorsqu’ils ne peuvent plus être traités dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux.
Les déchets radioactifs sont classés en fonction de deux critères :
- leur niveau de radioactivité (activité, en becquerels)
- leur durée de vie (période radioactive, en années)
Cette classification usuelle des déchets offre une lecture simple pour l’orientation des déchets radioactifs et l’identification de filières. D’autres critères, tels que la stabilité ou la présence de substances chimiques toxiques, ainsi que l’attractivité du déchet (rareté des matériaux par exemple) doivent être pris en compte pour le choix d’une filière de gestion.
Origine des déchets selon leur classification
Les déchets de haute activité (HA).
Quasi-exclusivement constitués des colis de déchets vitrifiés issus des combustibles usés après traitement. Ces colis de déchets concentrent environ 95% de la radioactivité contenue dans l’ensemble des déchets, qu’il s’agisse des produits de fission ou des actinides mineurs. Ils sont essentiellement issus du traitement du combustible usé.
Les déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL).
Également principalement issus des combustibles usés après traitement et des activités d’exploitation et de maintenance des usines de traitement du combustible. Il s’agit de déchets de structure (coques et embouts constituant la gaine du combustible nucléaire), conditionnés dans des colis de déchets cimentés ou compactés sous forme de galettes, ainsi que de déchets technologiques (outils usagés, équipements) ou encore de déchets issus du traitement des effluents comme les boues bitumées.
Les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL).
Essentiellement des déchets de graphite et des déchets radifères. Les déchets de graphite proviennent principalement du démantèlement des réacteurs de la filière uranium naturel graphite gaz (UNGG). Le graphite issu de ces réacteurs contient des radionucléides à vie longue comme le carbone 14 (dont la période radioactive est de 5700 ans). Les déchets radifères sont en majorité issus d'activités industrielles non-électronucléaires (comme le traitement de minéraux contenant des terres rares). La catégorie des déchets FA-VL comprend également d’autres types de déchets tels que certains colis de bitume anciens, des résidus de traitement de conversion de l’uranium issus de l’usine Orano de Malvési, etc.
Les déchets de faible activité et moyenne activité à vie courte (FMA-VC).
Essentiellement issus de l’exploitation, de la maintenance et du démantèlement des centrales nucléaires, des installations du cycle du combustible, des centres de recherche et pour une faible partie des activités de recherche médicale.
Les déchets de très faible activité (TFA).
Majoritairement issus de l’exploitation, de la maintenance et du démantèlement des centrales nucléaires, des installations du cycle du combustible et des centres de recherche.
Les déchets à vie très courte (VTC).
Provenant principalement du secteur médical ou de la recherche. Ils sont entreposés sur leur site d’utilisation le temps de leur décroissance radioactive, avant élimination dans une filière conventionnelle correspondant à leurs caractéristiques physiques, chimiques et biologiques.
Le "zonage déchets"
Dans une installation nucléaire, la gestion des déchets est fondée sur le plan de zonage déchets qui délimite notamment :
- les « zones à production possible de déchets nucléaires », où sont produits des déchets contaminés, activés ou susceptibles de l’être. Les déchets produits dans ces zones doivent faire l’objet d’une gestion spécifique et renforcée, dans des filières dédiées, autorisées à cet effet ;
- les « zones à déchets conventionnels », dont les déchets qui en sont issus sont, après contrôle de l'absence de radioactivité, dirigés vers des filières de déchets conventionnels (déchets dangereux, non dangereux ou inertes).
L’établissement du plan de zonage déchets s’appuie sur une connaissance et une analyse approfondie de l’installation et des procédés qui y sont mis en œuvre. La pertinence du zonage déchet et en particulier du caractère non radioactif des déchets provenant de zones à déchets conventionnels sont confirmé par des contrôles radiologiques. Ces dispositions visent à garantir un niveau de confiance élevé quant à la qualification comme non radioactifs de déchets produits dans les installations nucléaires.