Comprendre
LECI, risques et système de prévention d’un laboratoire chaud
La principale mission du LECI consiste en l’expertise de matériaux irradiés provenant d’installations nucléaires diverses, en particulier de réacteurs de recherche. Les manipulations des matériaux irradiés expertisés sont réalisées par l’intermédiaire de bras articulés dans des cellules blindées.
Les principaux enjeux de sûreté de l’installation sont la limitation de l’exposition aux rayonnements ionisants, le confinement des substances radioactives et la maîtrise du risque de criticité.
Pour limiter ces risques, des dispositions constructives ou organisationnelles sont mises en œuvre par le CEA et régulièrement révisées, notamment lors des réexamens périodiques. A l’issue du dernier réexamen périodique, l’ASN a complété et prescrit le 30 novembre 2016 les échéances les plus importantes du plan envisagé par le CEA pour améliorer ces dispositions.
Sur le principe, dans un laboratoire comme le LECI :
- La limitation de l’exposition aux rayonnements est assurée par l’épaisseur des murs [1] et des hublots [2] des cellules blindées dans lesquelles sont réalisées les manipulations. Les parois des murs comprennent un caisson en acier inoxydable et des plaques de plomb. Le personnel manipule par l’intermédiaire de bras articulés appelé télémanipulateurs [3] les matériaux [4] situés dans la cellule. Une zone arrière (ZAR) [5] commune aux chaînes blindées permet le transfert d’échantillons entre cellules blindées. Cette ZAR est également un lieu d’entreposage des emballages de substances radioactives en attente d’expédition.
- Le confinement des matières radioactives est assuré :
- dynamiquement : chaque cellule est équipée de ventilateurs d’extraction et les gaines d’extraction [6], elles-mêmes équipées de filtres,
- statiquement par les parois des cellules blindées [1].
- La maîtrise de la sous-criticité est assurée par des dispositions organisationnelles :
- la gestion des matières (comptabilité de la masse de matières fissiles et de matières hydrogénées susceptibles d’entrainer une réaction en chaine) dans chaque unité de travail,
- les emballages de matières fissiles dont le regroupement doit respecter une certaine géométrie [7].
Du point de vue de la sûreté, cette installation doit répondre aux mêmes exigences que celles des installations nucléaires du « cycle du combustible », mais l’approche de sûreté est proportionnée aux risques et inconvénients qu’elle présente.
À la suite du dernier réexamen périodique, l’ASN a encadré, dans la décision du 30 novembre 2016 (modifiée le 26 juin 2017), la poursuite de fonctionnement de l’installation par des prescriptions techniques, qui portent notamment sur le plan d’amélioration que le CEA s’était engagé à réaliser. Certains engagements pris par le CEA n’ont pas été réalisés dans les délais.
L’exploitant a en particulier demandé un report d’échéances concernant l’évacuation des substances radioactives dont l’utilisation ne peut pas être justifiée et la mise en place des éventuelles dispositions permettant d’assurer l’atteinte et le maintien d’un état sûr de I’INB en cas d’incendie dans les zones attenantes aux zones nucléaires. Le démantèlement de Célimène (ancienne cellule destinée à l’examen des combustibles du réacteur EL3) est également concerné par cette demande. L’examen des dispositions en lien avec l’incendie a conduit l’ASN à décider d’encadrer la réalisation des travaux initialement attendus pour fin 2019 par une décision de mise en demeure. Au regard des enjeux et des réalisations déjà engagées par le personnel de l’exploitant, la prescription technique correspondante doit être respectée avant le 31 décembre 2026. L’ASNR sera particulièrement vigilante au suivi et à la mise en œuvre des actions nécessaires au respect de cette échéance.
Depuis fin 2022, l’INB 72 ne prend plus en charge les déchets irradiants du site CEA de Saclay. Aussi, le CEA a lancé un nouveau projet, intitulé « Gestion des déchets irradiants du LECI » (GDILE), afin de traiter, conditionner et évacuer les déchets irradiants (existants et futurs) sans saturer les capacités d’entreposage du LECI. En 2024, le CEA a engagé des réflexions pour redéfinir et dimensionner ce projet, qui se poursuivront en 2025, en lien avec l’ASNR. Dans ce contexte, l’ASN a initié en 2024 l’instruction du dossier du deuxième réexamen périodique de l’installation, transmis par le CEA en décembre 2023.