L’installation ITER (INB 174), en cours de construction depuis 2010 sur le site de Cadarache et attenante aux installations du CEA, sera un réacteur expérimental de fusion, dont l’objectif est la démonstration scientifique et technique de la maîtrise de l’énergie de fusion thermonucléaire obtenue par confinement magnétique d’un plasma de deutérium‑ tritium, lors d’expériences de longue durée avec une puissance significative (puissance de 500 MW développée pendant 400 secondes). Ce projet international bénéficie du soutien financier de la Chine, de la Corée du Sud, des États‑Unis, de l’Inde, du Japon, de la Russie et de l’Union européenne, qui fournissent en nature certains équipements du projet.
Les quantités importantes de tritium qui seront mises en jeu dans cette installation, le flux neutronique intense, ainsi que l’activation des matériaux qui en résulte constituent des enjeux particuliers du point de vue de la radioprotection et représenteront d’importants défis pour la gestion sûre des déchets pendant l’exploitation et lors du démantèlement de l’installation.
Les travaux sur le site et la fabrication des équipements se poursuivent avec un objectif de mise en œuvre du premier plasma d’hydrogène retardé par rapport à l’année 2025 préalablement annoncée. La révision du planning, intégrant notamment l’évaluation de l’impact de la pandémie de Covid-19, est encore attendue. Un nouveau retard a été annoncé par ITER Organization (IO), fin 2022, à la suite de la découverte de défauts de fabrication des secteurs de la chambre à vide et de défauts de corrosion sous contrainte sur les boucliers thermiques.
Ces défauts nécessiteront des réparations sur le premier secteur, qui a été descendu dans le puits du tokamak en mai 2022, ainsi que sur les deux autres secteurs livrés sur le site et qui sont en cours de préparation (opérations de mise en place des boucliers thermiques et des bobines toroïdales) au sein du hall d’assemblage. Les travaux de génie civil ont concerné cette année plusieurs zones du chantier et notamment le bâtiment « Tritium » du « complexe Tokamak ». La fabrication des éléments du cryostat est également terminée.
Un réacteur d’irradiation est utilisé principalement pour des irradiations de matériaux ou pour produire des radionucléides à des fins médicales ou industrielles. On appelle « irradiation » l’action d’exposer un organisme, un matériau ou un objet à des rayonnements ionisants. L’irradiation est en générale intentionnelle, dans le cas de la radiographie médicale par exemple, ou de la stérilisation (de certains aliments ou matériels médicaux).
Date de la dernière mise à jour : 25/05/2023
Appréciations 2022
En février 2022, IO a transmis à l’ASN une demande d’autorisation de prise d’eau et de rejets d’effluents non radioactifs pour la phase de construction de l’installation. Ce dossier nécessitera la remise de compléments pour permettre l’engagement de son instruction.
Les inspections réalisées sur le site en 2022 présentent un bilan mitigé, avec la mise en évidence d’un défaut de culture de sûreté dans le traitement de certains écarts de fabrication (c’est par exemple le cas des défauts dimensionnels concernant les secteurs de la chambre à vide), et de lacunes dans la démonstration de sûreté de l’installation (par exemple pour la qualification des systèmes électroniques nécessaires à la sûreté), dont la stratégie de traitement n’est pas encore établie à ce jour.
La prise en compte des évolutions du projet et le traitement des difficultés techniques qu’il rencontre nécessiteront des échanges approfondis entre IO, l’ASN et l’IRSN. L’ASN souligne l’importance d’une information transparente, précoce et complète de la part de l’exploitant sur ces différents sujets.