Appréciations 2021
L’ASN considère que la performance de la centrale de Cattenom en matière de sûreté rejoint l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF à la suite de l’amélioration observée en 2020. Comme les années précédentes, la performance en matière de protection de l’environnement et de radioprotection se situe dans la moyenne, mais des progrès restent attendus.
Sur le plan de l’exploitation et de la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les résultats confirment le début d’amélioration identifié en 2020, malgré plusieurs sujets pouvant encore progresser. Les inspections ont montré une maîtrise des équipes de conduite et un déroulement des essais périodiques globalement conformes aux attentes, malgré quelques écarts documentaires et des indicateurs qui restent contrastés. En particulier, le nombre d’événements significatifs de niveau 1 sur l’échelle INES est supérieur aux années précédentes.
En matière de maintenance, l’année 2021 a été relativement plus chargée que 2020, avec trois arrêts de réacteur, dont celui pour la troisième visite décennale du réacteur 3. Le travail engagé par le site pour améliorer la qualité de la maintenance, dans le cadre du plan de rigueur engagé depuis 2020, commence à produire des effets. L’ASN note en particulier une meilleure surveillance technique des chantiers, une réappropriation de certaines activités et le déploiement d’actions destinées à prévenir le risque de fraude. Malgré cela, certaines défaillances techniques ont encore marqué l’année, sans avoir toujours pu être détectées dans le cadre de la requalification des équipements concernés.
L’épreuve hydraulique du circuit primaire ainsi que l’épreuve de l’enceinte du réacteur 3 durant sa visite décennale se sont bien déroulées ; leurs résultats sont conformes aux exigences de sûreté. Sur le réacteur 2, l’endommagement du turbo d’un diesel de secours a eu un impact important sur la durée de l’arrêt pour rechargement en fin d’année. Enfin, durant les arrêts des réacteurs 2 et 3, un phénomène anormal de corrosion au niveau des assemblages de combustible – sans lien avec la maintenance – a été constaté ; cela a nécessité la mise en place de mesures compensatoires ainsi que des analyses complémentaires, lesquelles sont encore en cours.
Le nombre total des événements significatifs déclarés est resté dans la moyenne des réacteurs d’EDF, mais un nombre inhabituellement élevé d’entre eux ont été classés au niveau 1 de l’échelle INES, sans que cette tendance puisse toutefois être interprétée comme une dérive. Comme en 2020, le site de Cattenom reste performant sur le délai de déclaration. L’ASN constate que le processus de gestion des événements est globalement bien maîtrisé et mobilise efficacement les acteurs du site jusqu’au niveau de la Direction.
Dans le domaine de la prévention du risque d’incendie, les constats réalisés lors des inspections montrent de nombreux écarts. L’ASN considère qu’une reprise en main de l’ensemble de cette thématique est nécessaire concernant, par exemple la limitation du potentiel calorifique dans les locaux, la sectorisation, la gestion des permis de feu ou encore le délai de résorption des anomalies.
La gestion de crise du site a été évaluée dans le cadre d’un exercice inopiné ayant pour scénario le déversement accidentel de soude dans le réseau des eaux pluviales. La capacité du site à mettre en place l’organisation de crise attendue, mise à l’épreuve par la cinétique du scénario, est apparue robuste. Des pistes d’amélioration ont cependant été identifiées dans le choix des mesures à déployer sur le terrain pour faire face à la rapidité de l’événement simulé.
En matière de protection de l’environnement, les rejets en effluents gazeux et liquides ainsi que la gestion des déchets sont bien maîtrisés, mais le site reste marqué par des fragilités, qui se sont illustrées par un nombre relativement élevé d’événements. La gestion des écarts et dépassements de seuils est apparue perfectible, notamment parce que les délais et paramètres d’analyse n’étaient pas adaptés pour la mise en place d’actions correctives pertinentes et efficaces. La maîtrise du risque de prolifération de microorganismes dans les tours aéroréfrigérantes nécessite toujours des traitements biocides renforcés, qui ont des conséquences sur les rejets aqueux.
Enfin, dans le domaine de la radioprotection et de la sécurité au travail, le tableau reste contrasté : si certains écarts observés les années précédentes, comme la maîtrise des accès en zone contrôlée rouge, ne se sont pas renouvelés, le nombre d’événements est resté élevé, y compris sur des éléments fondamentaux de la radioprotection, tels que le balisage des zones orange. La relative amélioration au second semestre par rapport au premier, possiblement liée au travail de sensibilisation des entreprises prestataires engagées par le site, devra se confirmer sur le terrain et perdurer dans le temps. Quelques événements ont ponctuellement mis en lumière des fragilités dans la culture de sécurité au travail.