Projet d’avis de l’ASN relatif à l’anomalie de la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (INB n° 167)

Bonjour

je suis choqué, désapprouve et ne comprend pas le projet de décision que vous soumettez à la consultation du public sur l'EPR de Flamanville.
En effet, dans le dossier, plusieurs éléments mettent en évidence des anomalies qui devrait entraîner le refus de la mise en service de l'EPR tel qu'il est actuellement construit:
- l’acier qui a été fourni pour le couvercle et le fond de la cuve de l’EPR n’est pas celui qui avait été commandé, et qu’il contient une teneur moyenne en carbone qui atteint par endroits le double de ce qu’elle devrait être (0,32 % au lieu de 0,16 %,nettement supérieure à celle du 16MND5);
- cet acier déjà trop riche en carbone présente en plus des ségrégations pour tous les composants de l’acier avec les impuretés, avec en conséquence des défauts certains et non hypothétiques d’en réduire tout particulièrement les qualités de résilience, de ténacité et de soudabilité ;
- en particulier, si la ténacité amoindrie reste acceptable, la résilience (résistance aux chocs mécaniques et thermiques), elle, est inacceptable;
- cette dégradation des qualités mécaniques diminue les marges de sécurité et augmente les risques pour la population.

D'autres arguments vont dans le même sens selon moi. ainsi:
- le fait que la mauvaise qualité des aciers fournis par Creusot Forge était connue avant même la fabrication des deux pièces défectueuses, mais qu’Areva n’en n’a pas tenu compte et nous met devant le fait accompli;
- les pièces sacrificielles sur lesquelles les essais ont été pratiqués ne sont pas exactement identiques à celles de l’EPR (dates de fabrication éloignées et températures de transitions très différentes) ce qui augmente encore la marge d’incertitude sur les calculs et les résultats et laisse place à un doute;
- le fait que l’arrêté du 30 décembre 2015 relatif aux équipements sous pression nucléaires, qui ouvre la voie à une procédure de dérogation ait été pris spécifiquement pour faire accepter l’acier loupé, ne saurait en restaurer les qualités mécaniques pourtant requises par les décrets antérieurs;
- le fait que l'ASN indique que le couvercle doit être remplacé dans les « meilleurs délais » (7 ans, qui est le temps nécessaire pour la fabrication de la pièce), parce que l’acier n’est pas aux normes, met bien en évidence que l'installation telle qu'elle est n'est pas sûre;
- le fait que le fond de cuve soit constitué du même acier que le couvercle, et que l’apparition de fissures dans l’acier d’une pièce soumise à de fortes contraintes mécaniques de pressions, températures, irradiations, vibrations...est un phénomène aléatoire, imprévisible et incalculable à l’avance, ces fissures pouvant conduire à une rupture brutale.

Toutes ces raisons expliquent pourquoi je ne comprend pas votre projet d'avis et le désapprouve. L'ASN devrait, pour une installation neuve appliquer le principe de précaution et refuser d’homologuer une cuve douteuse et demander à l'exploitant et au constructeur de mettre en place une installation telle qu'elle était prévue initialement.
Dans le cas contraire sa responsabilité juridique serait engagée en cas d'accident nucléaire.

je vous demande donc de revoir votre projet d'avis dans ce sens.

Comment se comportera-t-il en cas de situation d’éjection de grappe ? Affirmer qu’il ne subira pas de fissures alors que son contrôle est impossible relève du pari. Il nous faudrait des certitudes, des preuves qui ne sont pas fournies.

L'usine Creusot Forge d'AREVA, d'après ses propres résultats, a su que la qualité de l'acier de la cuve et du couvercle destiné à l'epr de flamanville n'était pas conforme aux normes de sécurité requises. Plutôt que d'en convenir et de procéder à une nouvelle fabrication, les responsables ont décidé de passer outre en falsifiant les rapports destinés à la validation du matériel. Ce n'est que contraints qu'ils ont fini par admettre que l'acier n'était pas conforme. Malgré cela on s'est empressé d'intégrer la cuve dans le bâtiment du réacteur en construction, mettant ainsi les contrôleurs devant le fait accompli.

Vous, l'ASN, nous dites maintenant que l'autorisation d'exploitation serait de sept ans, puis qu'il y aurait un contrôle, et que de toute façon l'exploitation de ce réacteur se ferait en dessous de ses capacités, afin d'éviter tout risque.

Avant la catastrophe de Tchernobyl, on nous disait que le nucléaire était sûr. Après Fukushima, on a insisté sur le fait que seul le tsunami était en cause, mais on a nié la mauvaise implantation des réacteurs face à un tel risque.

Dans de nombreuses revues, on lit régulièrement que des voitures sont rappelées suite à des anomalies de construction pouvant potentiellement mettre en danger la vie des conducteurs. Les constructeurs assument leurs responsabilités.
Pourquoi en serait-il autrement pour Areva ? Les intérêts financiers de cette entreprise sont-ils plus importants que la vie des populations qui seraient touchées par une catastrophe que l'on ne pourrait juguler ?

Il faut arrêter de nous mentir. Si cette cuve est défectueuse, il faut la changer. EDF a forcé la main de tous les responsables en passant outre vos propres règles de sécurité.
Tant pis pour les actionnaires d'AREVA et de EDF (dont l'Etat). Il faut arrêter cette folle entreprise avant l'accident.

La cuve est la pièce essentielle du réacteur. Sa qualité doit être impeccable ! Or, elle n'a pas les caractéristiques requises : rien ne permet de surveiller son évolution et de prévenir le risque d'une rupture brutale !
Dès 2005, AREVA et EDF étaient parfaitement au courant que l’usine Creusot Forge d’AREVA n’était pas en capacité de produire des pièces conformes aux normes de sûreté. C’est pourtant là que les pièces de l’EPR ont été fabriquées ! Ils ont laissé faire dans le silence...comment leur faire confiance ? Les intérêts de l’industrie nucléaire ne doivent pas passer avant la protection des populations !
La cuve ne doit pas être qualifiée avec son acier actuel. Le niveau de sûreté n'est pas satisfaisant, le principe de précaution doit prévaloir !
Nous n'acceptons pas la prise de risque que constitue l'utilisation de pièces comportant des anomalies. Le chantier doit être arrêté ! Nous, citoyens français, n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et AREVA.