Projet de décision de l’ASN relative à la réception, à l’entreposage et au traitement, dans les installations nucléaires de base 116, dénommée « usine UP3‑A », et 117, dénommée « usine UP2‑800 », des aiguilles de combustibles irradiés du réacteur Phénix

Consultation du 06/11/2023 au 21/11/2023

Orano Recyclage exploite, sur le site de La Hague, les installations nucléaires de base (INB) 116 et 117, dans lesquelles sont réceptionnés, déchargés, entreposés et traités des assemblages combustibles.

Certains combustibles présentent des spécificités par rapport aux combustibles usuellement traités dans les INB 116 et 117, en termes de géométrie, de composition ou de comportement à la dissolution. C’est le cas des combustibles irradiés dans le réacteur Phénix, appelés « aiguilles Phénix ». Les études et travaux de recherche et de développement menés depuis plusieurs années sur le traitement de ces combustibles particuliers confirment que leur traitement est techniquement faisable. Cependant l’industrialisation de ce traitement nécessiterait la réalisation d’un nouvel atelier pour leur cisaillage et leur dissolution, qui ne sont pas réalisables à l’échelle industrielle sur les lignes existantes des INB 116 et 117.

Les travaux menés par Orano en vue de la réalisation de cette nouvelle installation ont été interrompus en 2021, faute d’accord avec les détenteurs des combustibles particuliers qui auraient pu y être traités.

Dans ce contexte, par courrier du 17 novembre 2022, l’exploitant a sollicité la modification de la décision de l’ASN n° 2014-DC-0422 du 11 mars 2014, qui encadre la prise en charge, dans les INB 116 et 117 de La Hague, des aiguilles Phénix.

L’opportunité de la réalisation d’une nouvelle installation permettant le traitement de combustibles particuliers reste toutefois ouverte dans l’attente de décisions stratégiques relatives à l’aval du « cycle du combustible » nucléaire en France et aux capacités potentielles de traitement de ces combustibles particuliers. Il n’apparaît pas opportun, dans ce contexte, de maintenir des prescriptions particulières dont l’objet dépend en premier lieu de ces arbitrages, lesquels restent à faire à ce jour.

Dans l’immédiat, l’ASN considère que l’entreposage des aiguilles Phénix dans l’atelier NPH de La Hague offre les meilleures garanties de sûreté, tant pour les enjeux liés à leur entreposage, que du point de vue de la nécessité de poursuivre les opérations de démantèlement de l’installation Phénix, qui doit en premier lieu être vidée de son combustible.

Lorsque les orientations pour l’avenir du « cycle du combustible » auront été précisées, il conviendra qu’Orano Recyclage clarifie ses intentions sur le traitement qu’il prévoit pour les aiguilles Phénix.

Compte tenu de ces éléments, l’ASN envisage de modifier sa décision n° 2014-DC-0422 du 11 mars 2014 et soumet à consultation du public le projet de décision modificative.

Modalités de la consultation

Référence de la consultation [2023.11.66]

Modalités de la procédure de participation du public portant sur le projet de décision modifiant la décision n^o2014-DC-0422 du 11 mars 2014 relative à la réception, à l’entreposage et au traitement, dans les installations nucléaires de base116, dénommée « usine UP3-A », et 117, dénommée « usine UP2-800 », situées sur l’établissement de La Hague, des aiguilles de combustibles irradiés du réacteur Phénix.

Le projet de décision de l’Autorité de sûreté nucléaire modifiant la décision n° 2014-DC-0422 du 11 mars 2014 relative à la réception, à l’entreposage et au traitement, dans les installations nucléaires de base 116, dénommée « usine UP3-A », et 117, dénommée « usine UP2-800 », des aiguilles de combustibles irradiés dans le réacteur à neutrons rapides Phénix est mis à la disposition du public par voie électronique sur le site Internet de l’ASN pour une durée de 15 jours à compter du 06 novembre 2023.

Documents à consulter

Projet de décision relative à la réception, à l’entreposage et au traitement des aiguilles de combustibles irradiés dans le réacteur à neutrons rapides Phénix

Projets de décision

Projet de décision relative à la réception, à l’entreposage et au traitement des aiguilles de combustibles irradiés dans le réacteur à neutrons rapides Phénix.pdf (PDF - 114.55 ko)

Documents associés à la consultation

Courrier d'Orano relatif à la gestion des combustibles du réacteur Phénix (PDF - 3.34 Mo)

En savoir plus

Voir la ou les décisions de l'ASN adoptées à l'issue de cette consultation du public :

Publié le 09/01/2024

DÉCISIONS DE L'ASN

Décision n° 2023-DC-0775 de l’ASN du 19 décembre 2023

Décision n° 2023-DC-0775 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 19 décembre 2023 modifiant la décision n° 2014 DC 0422 du 11 mars 2014 relative à la réception, à l’entreposage et au traitement, dans les installations nucléaires de base n° 116, dénommée « usine UP3 A », et n° 117, dénommée « usine UP2 800 », des aiguilles de combustibles irradiés dans le réacteur à neutrons rapides Phénix

Les contributions des internautes

1 contributions

david

20/11/2023 17:11

comment s’en débarrasser ?

Le réacteur Phénix (1974-2010) est un excellent exemple du savoir-faire nucléaire français : très cher, pas au point, pannes à répétition (en particulier les fuites très dangereuses de sodium liquide, jamais réglées)… ce qui n’a pas empêché de construire le délirant Superphénix, dont l’échec pourtant prévisible fut cuisant. Encore un gouffre que le contribuable doit combler. Idem avec Astrid, digne successeur, tant technique que financier, de la filière « neutrons rapides » française.

En ce qui concerne les aiguilles usagées, on découvre en 2023 les problèmes posés par leur traitement, et que les installations de la Hague (que le Monde entier nous envie!) ne sont pas à la hauteur : qu’ont donc fait les ingénieux ingénieurs pendant les 36 ans de fonctionnement du réacteur ? Quelle capacité d’anticipation !

ASN : « L’opportunité de la réalisation d’une nouvelle installation permettant le traitement de combustibles particuliers reste toutefois ouverte dans l’attente de décisions stratégiques relatives à l’aval du « cycle du combustible » nucléaire en France et aux capacités potentielles de traitement de ces combustibles particuliers. »

Autrement dit, c’est le brouillard complet : la procrastination fait-elle partie de la stratégie d’Orano ? Ou des gouvernements successifs ?

Concrètement, le démantèlement de Phénix est prévu sur 30 ans en s’inspirant de celui de Superphénix, en cours depuis des lustres (sans parler du coût !) : comme pour Brenilis, rien n’était prévu au départ pour cette étape pourtant inévitable !

Dans la filière nucléaire qui met toujours an avant ses compétences et son sérieux, on ne voit ici que procrastination et improvisation. Mais la leçon sera t-elle retenue le jour où il faudra démanteler l’EPR de Flamanville (s’il démarre un jour!) ?

L’ASN semble avoir compris le problème desdites aiguilles :

« Dans l’immédiat, l’ASN considère que l’entreposage des aiguilles Phénix dans l’atelier NPH de La Hague offre les meilleures garanties de sûreté, tant pour les enjeux liés à leur entreposage, que du point de vue de la nécessité de poursuivre les opérations de démantèlement de l’installation Phénix, qui doit en premier lieu être vidée de son combustible. »

Autrement dit, il est urgent de ne rien faire.

Mais pour éviter des transports de plutonium à travers le pays (Cadarache / Marcoule / La Hague), il eut mieux valu laisser ces éléments stockés sur le site de Phénix… Tout cela me fait curieusement penser au sparadrap du capitaine Haddock : comment s’en débarrasser ?

Bien cordialement,

DV