Projet de décision de l’Autorité de sûreté nucléaire fixant à Électricite de France des prescriptions relatives à la prévention des écoulements et de la dispersion non prévus dans l’environnement de substances liquides radioactives ou dangereuses sur la centrale nucléaire de Civaux (INB n° 158 et n° 159)

+ Nous nous sommes inquiétés de la vulnérabilité du collecteur d'eaux pluviales de la centrale de Civaux à la CLI d'octobre 2018. Nous apprécions que l'ASN ait mené une vérification de l'aptitude du système mobile d'obturation (baudruches) à retenir des effluents dangereux empruntant accidentellement cette voie. Un exercice mené a montré que la mise en œuvre était trop longue pour qu'il soit efficace. Quant à son étanchéité une fois installé ?...

+ Nous apprécions que l'ASN réinvite EDF à se doter d'un système de rétention efficace (obturation fixe, bassin) et surtout fixe des délais et demande un calendrier. Car il est grand temps : la centrale fonctionne en effet depuis 20 ans. L'ASN a demandé en 2013 l'équipement du site pour éviter les écoulements accidentels de substances radioactives et autres, dangereuses, qui seraient conduites directement à la rivière Vienne. Pendant ces longues années, aucun dispositif n'aurait empêché cela.
- Or si la vulnérabilité du système d'eau pluviale nous préoccupe, ce n'est pas seulement en cas de déversement accidentel sur les voies du site. Nous voudrions être sûrs qu'en situation dite normale, des effluents liquides qui échappent à leurs circuits réglementaires ne se retrouvent pas inopinément dans ce collecteur. Il est arrivé en effet, que les eaux souterraines sous-jacentes au site, soient contaminées (début 2012, notamment, 600Bq/l), que des effluents pompés se retrouvent sur la voie. De nombreux soucis d'effluents tritiés ont émaillé ces dernières années.
Nous ignorons le sort des effluents et le parcours des canalisations qu'ils empruntent, mais la centrale a 20 ans et il vaudrait mieux que les réseaux soient étanches et ne communiquent pas. Au cas où des effluents de ce type parviendraient dans le collecteur d'eaux pluviales, un dispositif fixe d'obturation serait-il mis en œuvre et serait-il efficace pour des volumes restreints ?

- Notre 2e remarque concerne l'utilisation des "fonds de bâtiments" comme un des moyens de confinement fixe de substances dangereuses ou d'eaux d'extinction d'incendies. Ces fonds de bâtiments n'ont pas été conçus à cet effet. Leur béton n'est probablement pas étanche aux radioéléments qui risquent d'atteindre la nappe phréatique sous-jacente. Et ces bâtiments et canalisations n'ont sans doute pas vocation à être contaminés puisque du personnel peut y être amené à travailler. D'autre part, une fois le problème terminé, dans le meilleur des cas, que fait-on de ces effluents ?
- Enfin, un bassin de rétention devrait être mis en service en 2021. Mais d'ores et déjà son volume, dites-vous, ne permettrait pas de recueillir les eaux d'incendie. En cas d'accident de refroidissement ces eaux pourraient se retrouver lourdement contaminées et cette mesure ultime être une nouvelle fois inopérante. Si on pense aux volumes d'eaux radioactives stockées ou qui s'échappent encore du site de Fukushima, des millions de m3, on reste plus que songeur devant le sort de la petite rivière qui, on ne le rappellera jamais assez, assure l'unique approvisionnement en eau de plusieurs dizaines de milliers d'habitants du nord du département de la Vienne.

Remarque 1 : sur l'information du public et la consultation.
La consultation du public est louable, encore faut-il qu'il y ait une certaine publicité sur la consultation en question. A ma grande honte, je ne suis pas allée assez fouiller assez loin sur votre site pour la trouver.
Nous n'avons été mis au courant que très tardivement de ce projet de décision par l'intermédiaire de la CLI.
Quant au public lui-même (concerné au premier chef par une pollution de la rivière Vienne), ces consultations doivent complètement lui échapper. Pour avoir une idée de ce qui arrive à sa connaissance sur le sujet, vous trouverez ci-dessous le début d'une interview du directeur du CNPE de Civaux parue hier dans les 2 journaux locaux.

04/02/2019 Centre-Presse et la Nouvelle République.

Des efforts contre la pollution à la centrale nucléaire de Civaux
La centrale nucléaire engage des travaux contre le risque de pollution de la Vienne, à la suite d'une inspection de l'Autorité de sûreté nucléaire.
La centrale prépare les visites décennales de 2021 et 2022.
À la suite d'une inspection renforcée "environnement" l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vous a demandé d'améliorer les dispositifs antipollution. En quoi consistent ces travaux?
Mickaël Gevrey, directeur de la centrale nucléaire de Civaux. « L'ASN nous demande d'isoler complètement le site, y compris les eaux pluviales. Partout où on stocke des produits chimiques on a déjà des bassins de rétention. Le dispositif existant n'est pas jugé optimum pour les routes à l'intérieur du site, dans le cas où un accident se produirait pendant la phase de transport. Nous nous sommes engagés sur l'installation d'un système à demeure. C'est un investissement important, avec la perspective plus tard de créer un bassin de retenue. Nous avons déjà équipé les canalisations de "baudruches", des ballons qui se gonflent pour les obturer en cas de déversement accidentel et de pluie. Nous devons isoler le réseau pour être autonomes. Nous avons installé de nombreux kits antipollution sur le site contenant du matériel pour bloquer les écoulements. »

2) Sur le projet de décision : suite dans un prochain mail