Canicule : l’ASN prolonge la modification temporaire des rejets thermiques accordée aux centrales nucléaires de Golfech, Saint-Alban, Blayais et Bugey pour permettre d’assurer la sécurité du réseau électrique

Publié le 22/07/2022 à 11:47

Note d'information

L’épisode exceptionnel actuel de canicule conduit au réchauffement de certains cours d’eau utilisés pour le refroidissement des centrales nucléaires. Les prévisions de température restent élevées et continuent d’affecter la température des cours d’eau en raison de débits inférieurs aux moyennes saisonnières. Dans le même temps, le besoin de maintenir plusieurs centrales nucléaires à un niveau minimum de puissance reste présent pour assurer la sécurité du réseau électrique. L’ASN a donc adopté le 21 juillet 2022 une décision prolongeant l’encadrement temporaire des rejets thermiques des centrales de Golfech, de Saint-Alban, du Blayais et du Bugey jusqu’au 7 août 2022.

Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au milieu naturel à une température plus élevée, soit directement (réacteur dit en circuit ouvert), soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes (réacteur dit en circuit fermé) permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère.

Cette eau rejetée par la centrale nucléaire conduit à une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés (en cas de circuit fermé) à plusieurs degrés (en cas de circuit ouvert). Afin d’en maîtriser les conséquences sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN pour chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites concernant la température de rejets des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire, ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement.

Limites de rejets thermiques

Pour certaines centrales, au regard du retour d’expérience des canicules de 2003 et 2006, deux niveaux de limite de rejets thermiques sont prescrits de manière permanente. Le premier niveau de limite s’applique lors de conditions climatiques normales. Lorsque ces limites ne peuvent être respectées en raison principalement de la température de l’eau à l’amont de la centrale, la puissance des réacteurs est abaissée pour réduire l’effet des rejets thermiques sur le milieu naturel. Cela peut aller jusqu’à l’arrêt complet du réacteur.

Le second niveau de limite s’applique lors de périodes de température élevées. Ce niveau de limite ne peut être utilisé que si le gestionnaire du réseau électrique (RTE) exprime le besoin de maintenir une puissance minimale pour assurer la sécurité du réseau électrique. Il s’applique sans décision de l’ASN qui en est toutefois informée. Il est associé à un programme de surveillance renforcée de l’environnement. Ce second niveau de limite n’a, jusqu’à cet été, été utilisé qu’une seule fois depuis 2006, par la centrale nucléaire de Golfech pendant 36 heures en 2018.

Situation exceptionnelle et nécessité publique

La situation climatique et hydraulique exceptionnelle rencontrée cet été conduit à une élévation inhabituelle de la température de certains cours d’eau. En raison de cette situation exceptionnelle, les valeurs limites en vigueur (les premier et second niveaux exposés ci-dessus) sur la température des rejets liquides pourraient ne pas être respectées, ce qui devrait conduire, préventivement à tout dépassement, à la réduction de la puissance, voire à l’arrêt de la production électrique des réacteurs concernés. Lorsque, dans le même temps, RTE exprime le besoin de maintenir plusieurs centrales nucléaires à un niveau minimum de production pour assurer la sécurité du réseau électrique, et que cela relève d’une nécessité publique, les dispositions du II de l’article R. 593-40 [1] du code de l’environnement permettent à l’ASN, sur la base d’une demande transmise par EDF, d’encadrer temporairement une modification des rejets thermiques des centrales nucléaires concernées.

C’est ce qui a été fait pour les sites de Blayais, Golfech, Saint-Alban et Bugey par décisions de l’ASN les 13 et 15 juillet 2022 pour une période allant jusqu’au 24 juillet. Depuis l’adoption de ces décisions et jusqu’au 21 juillet [2], seule la centrale du Bugey a eu recours (depuis le 19 juillet) aux dispositions de la décision de l’ASN du 15 juillet 2022. Le programme de surveillance renforcée associé à cette situation n’a pas relevé de conséquence sur l’environnement. Pour les autres centrales, les premiers ou seconds niveaux de limites ont été respectés. L’ASN a réalisé et continuera à réaliser des inspections pour contrôler la bonne application de ses décisions.

Prolongation de la modification temporaire des limites de rejets thermiques jusqu’au 7 août 2022

Les prévisions de température des cours d’eau restent élevées après le 24 juillet et RTE identifie le besoin de maintenir jusqu’au 7 août les centrales nucléaires de Golfech, Blayais, Saint-Alban et Bugey à un niveau minimum de production électrique pour assurer la sécurité du réseau électrique. En conséquence, EDF a demandé à l’ASN de prolonger les dispositions temporairement adoptées les 13 et 15 juillet 2022 pour ces quatre centrales nucléaires. Le ministère de la transition énergétique a considéré que le maintien à un niveau minimum de production constitue une nécessité publique.

Ainsi, l’ASN a adopté le 21 juillet 2022 une décision prolongeant jusqu’au 7 août l’encadrement temporaire des rejets thermiques des centrales nucléaires de Golfech, Blayais, Saint-Alban et Bugey pendant l’épisode de canicule et prescrivant les mesures spécifiques de surveillance renforcée de l’environnement aquatique, dont en particulier la vie piscicole. L’usage des dispositions temporaires de cette décision est  limité au strict nécessaire pour pouvoir respecter le niveau de puissance des centrales nucléaires requis par RTE.

La demande d’EDF a été acceptée au regard du retour d’expérience de la surveillance de l’environnement spécifiquement réalisée lors d’épisodes caniculaires antérieurs ainsi que du suivi de long terme des écosystèmes concernés.

Cette décision a été homologuée par la ministre chargée de la sûreté nucléaire le 22 juillet 2022.


Nota : Les précédentes situations comparables ont été rencontrées en 2003 et en 2006. Des prescriptions spécifiques avaient alors été prises par arrêtés conjoints des ministres chargés de l’industrie, de la santé et de l’environnement.

En savoir plus :

Publié le 22/07/2022

DÉCISIONS DE L'ASN

Décision n° 2022-DC-0730 de l’ASN du 21 juillet 2022

Décision n° 2022-DC-0730 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 21 juillet 2022 fixant, de manière temporaire, de nouvelles limites de rejets thermiques applicables aux réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey (INB n° 78 et n° 89), du Blayais (INB n° 86 et n° 110), de Saint-Alban-Saint-Maurice (INB n° 119 et n° 120) et de Golfech (INB n° 135 et n° 142)

 

[1] « Si, du fait d'une situation exceptionnelle, la poursuite du fonctionnement d'une installation nucléaire de base nécessite une modification temporaire de certaines prescriptions, et si ce fonctionnement constitue une nécessité publique, l'autorité peut décider cette modification sans procéder aux consultations préalables prévues par le présent article. Cette modification temporaire cesse de produire ses effets au plus tard au terme de la procédure normale de modification, si elle a été engagée, ou, à défaut, à l'expiration d'un délai d'un an. »

[2] Période d’observation des températures relevées par l’exploitant à la date de rédaction de cette note.

 

Date de la dernière mise à jour : 25/07/2022