Perte d’étanchéité de canalisations d’effluents contaminés par des radionucléides en provenance du secteur de radiothérapie interne vectorisée.

La radiothérapie interne vectorisée est une technique de traitement du cancer consistant à injecter au patient un produit contenant des éléments radioactifs, qui vont se fixer sur l’organe à traiter afin d’y détruire les cellules cancéreuses. Une partie des radionucléides injectés au patient sont éliminés par les urines et les selles ; les effluents correspondants, qui sont contaminés, doivent être séparés des autres effluents de l’établissement, retenus le temps nécessaire à leur décroissance radioactive, et contrôlés avant leur rejet dans les réseaux collectifs. Les services de médecine nucléaire, où sont administrés les traitements de radiothérapie interne vectorisée, disposent à cet effet de réseaux séparés et de cuves de décroissance.

Dans le présent incident, une première fuite a été identifiée, le 31 mars 2022, grâce au déclenchement d’un système de détection situé dans le local des cuves de décroissance. Une autre fuite a été constatée par les agents d’une entreprise externe qui travaillaient sur un chantier situé dans des locaux traversés par les canalisations d’effluents contaminés ; ceux-ci ont placé un système de rétention, puis utilisé une partie des effluents contaminés ainsi collectés pour la préparation de matériaux de construction sur le chantier, avant l’intervention des services de l’hôpital. Au total, quatre fuites d’effluents contaminés par des radionucléides ont été détectées, dont trois dans des locaux qui ne sont pas équipés de système de détection de fuites.

Après avoir identifié ces fuites et constaté l’utilisation d’effluents contaminés dans des matériaux de construction, l’hôpital a pris la décision d’interrompre le chantier, de procéder à des vérifications des contaminations des équipements et des agents, d’identifier les structures contaminées, dont le débit de dose au contact est resté limité, et d’arrêter l’activité du secteur de radiothérapie interne vectorisée pendant plusieurs jours, afin de procéder aux réparations nécessaires.

Compte tenu de l’utilisation d’effluents radioactifs pour la préparation de matériaux de construction, de la contamination des équipements de travail, du risque de contamination des agents d’une société externe, et du manque de coordination des moyens de prévention de l’établissement, qui mettent en lumière un défaut de culture de radioprotection, l’ASN classe cet événement au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

L’ASN a procédé le 18 mai 2022 à une inspection de l’établissement. La coordination des moyens de prévention de l’hôpital vis-à-vis des interventions des sociétés externes devra être améliorée, en particulier le contenu des plans de prévention établis entre chacune des parties. Des améliorations devront également être apportées à la conception et la maintenance des canalisations des effluents radioactifs, à l’utilisation de matériaux décontaminables en zones à risque de contamination, et à la gestion des déchets contaminés par des radionucléides.

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