L’ASN prescrit les prochaines étapes du démantèlement des réacteurs UNGG d’EDF

Publié le 17/03/2020 à 09:54

Note d'information

L’ASN prescrit, par deux décisions, les prochaines étapes du démantèlement des réacteurs de "première génération" de type "uranium naturel-graphite gaz" (UNGG).

Les réacteurs nucléaires d’EDF de type UNGG ont été arrêtés entre 1973 et 1994. Le combustible, qui représentait la quasi-totalité du risque, a été évacué. Les installations n’ont été que partiellement démantelées.

Les réacteurs de Chinon A1 et A2 ne disposent pas à ce jour des autorisations nécessaires pour réaliser la suite du démantèlement. La réglementation prévoit que l’ASN fixe à EDF le délai de dépôt de leur dossier de démantèlement.

Coupe d'un réacteur UNGG
Coupe d'un réacteur UNGG

Les autres réacteurs UNGG (Bugey 1, Chinon A3, Saint-Laurent A1 et A2) disposent d’une autorisation de démantèlement suivant un scénario prévu par EDF au début des années 2000. Ce scénario consistait à remplir le cœur du réacteur en eau pour réaliser les opérations de démantèlement. EDF prévoyait de finir le démantèlement de ces réacteurs respectivement en 2024, 2027 et 2031.

EDF a annoncé en 2016 que le scénario de démantèlement en eau posait des difficultés techniques majeures et qu’elle retenait finalement un scénario de démantèlement en air. Ce changement s’accompagne d’un report important des opérations de démantèlement des caissons [1] pour ces réacteurs, EDF estimant nécessaire de valider avec un démonstrateur industriel la faisabilité des opérations, puis de réaliser le démantèlement complet d’un caisson avant d’entamer le démantèlement des cinq autres caissons.

L’ASN prend acte des difficultés rencontrées pour la poursuite du démantèlement sous eau, et considère acceptable, vis-à-vis des risques, le changement de scénario pour un démantèlement en air. L’ASN estime par ailleurs que la réalisation d’un démonstrateur industriel est une étape pertinente.

Après instruction des justifications présentées par l’exploitant, puis consultation de l’exploitant et du public, l’ASN a adopté le 3 mars 2020 deux décisions qui encadrent les prochaines étapes concernant le démantèlement de ces réacteurs. Sont notamment prescrits :

  • la poursuite du démantèlement des équipements se trouvant hors des caissons des réacteurs de Bugey 1, Chinon A3, Saint-Laurent A1 et A2,
  • la mise en service et l’exploitation d’un démonstrateur industriel, qui permettra de valider le phasage du démantèlement des caissons des réacteurs,
  • un travail approfondi sur les filières de gestion des déchets qui seront produits par le démantèlement,
  • la constitution des dossiers de démantèlement des six réacteurs, qui seront transmis en 2022.

EDF devra démontrer sa capacité à maîtriser les échéances et les interfaces entre ces projets permettant de commencer le démantèlement des caissons des réacteurs UNGG.

Au regard des retards très importants par les industriels dans leurs projets de démantèlement, l’ASN a lancé, en 2019, une démarche de contrôle des projets de démantèlement. La mise en place de tels contrôles sera complémentaire à l’instruction des dossiers de démantèlement, qui devront présenter des éléments détaillés relatifs à la sûreté des installations. Ces éléments seront instruits par l’ASN au regard des risques associés à un report du démantèlement des caissons de plusieurs décennies.

L’ASN estime qu’attendre la fin du démantèlement du caisson d’un premier réacteur et son retour d’expérience, qui n’interviendrait qu’à l’horizon 2070, pour commencer le démantèlement des caissons des autres réacteurs n’est pas acceptable vis-à-vis de l’obligation d’un démantèlement dans un délai aussi court que possible. L’ASN estime toutefois que, compte tenu de la complexité de ces opérations, encore jamais réalisées, il est acceptable de retenir un délai raisonnable entre le début du démantèlement du premier et des cinq autres caissons. Les contrôles et instructions mentionnés ci-dessus devraient permettre à l’ASN, au cours de la prochaine décennie, d’évaluer la pertinence des échéances qu’EDF proposera pour les principales étapes de démantèlement de ces réacteurs.

L’ASN a indiqué par courrier à EDF qu’il convient que ce dernier raccourcisse le calendrier d’ensemble de démantèlement des réacteurs, compte tenu de l’exigence de démantèlement dans un délai aussi court que possible de chacun des réacteurs. Cette optimisation devra être prise en compte dans l’élaboration des dossiers de démantèlement ou de modification appelés par les décisions.

 En savoir plus :

Publié le 17/03/2020

DÉCISIONS DE L'ASN

Décision n°CODEP-CLG-2020-021253 du président de l’ASN du 3 mars 2020

Décision n°CODEP-CLG-2020-021253 du président de l’Autorité de sûreté nucléaire du 3 mars 2020 fixant des prescriptions relatives à la préparation au démantèlement des réacteurs Chinon A1 et A2 et aux prochaines étapes de démantèlement des réacteurs Bugey 1, Chinon A3, Saint-Laurent A1 et A2

Consultation du 10/07/2019 au 17/11/2019

Réacteurs A1, A2 et A3 en démantèlement de Chinon Stockage ou dépôts de substances radioactives

Démantèlement de Bugey 1, Chinon A1 et A2, Chinon A3, Saint-Laurent A1 et A2

Les réacteurs nucléaires de « première génération » d’EDF de type « uranium naturel-graphite gaz[1] » (UNGG) ont été arrêtés entre 1973 et 1994. Le combustible, qui représentait la quasi-totalité du risque, a été évacué. Les installations n’ont été que partiellement démantelées.

[2019.07.31]

9 Contributions

 

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[1] Le caisson d’un réacteur UNGG renferme la partie ayant accueilli le cœur du réacteur

Date de la dernière mise à jour : 10/11/2021