Le gaz radioactif radon : un enjeu de santé publique en France

Publié le 06/11/2019 à 12:34

Note d'information

Un gaz naturel qui avance masqué

Le radon est un gaz naturel radioactif incolore et inodore. Il provient de la transformation des éléments naturellement radioactifs présents dans les roches du sol et plus fortement dans les sols granitiques (Massif central, Bretagne, etc.) où la concentration en uranium est plus importante.

En fonction de leurs critères géologiques, les communes françaises sont réparties en 3 types de zones à « potentiel radon » : potentiel radon faible (zone 1), potentiel radon faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent favoriser le transfert du radon vers les bâtiments (zone 2) et potentiel radon significatif (zone 3).

Environ 12 millions de personnes réparties dans près de 7 000 communes, sont potentiellement exposées à des concentrations élevées en radon.

Le radon, un cancérogène pulmonaire avéré

Dans l'air extérieur, le radon se dilue rapidement et sa concentration moyenne reste généralement très faible. Dans les espaces clos comme l'habitat, particulièrement dans les caves et les rez-de-chaussée, il peut s'accumuler dans l'air intérieur pour atteindre des concentrations parfois très élevées. Cette accumulation résulte de paramètres environnementaux (concentration dans le sol, perméabilité et humidité du sol, présence de fissures ou de fractures dans la roche sous-jacente notamment), des caractéristiques du bâtiment (procédé de construction, type de soubassement, fissuration de la surface en contact avec le sol, système de ventilation, etc.). Enfin, l’exposition au radon dépend de l’activité et du mode de vie des occupants (ouverture insuffisante des fenêtres, calfeutrage des ouvrants, etc.).

À long terme, l'inhalation de concentrations élevées de radon augmente le risque de développer un cancer du poumon. Cette augmentation est proportionnelle à l'exposition cumulée tout au long de sa vie.

En France, le radon est la seconde cause de cancer du poumon derrière le tabagisme. Environ
1 000 nouveaux cas de cancer du poumon par an seraient attribuables au radon et jusqu’à 4 000 nouveaux cas par an, en tenant compte de l’association radon-tabac. En effet, la double exposition au radon et au tabac augmente de façon majeure le risque de développer un cancer du poumon

La gestion du risque radon

En premier lieu, pour savoir si du radon est présent en forte concentration dans votre habitat, il faut procéder à des mesures. Cela consiste à poser un détecteur dans une pièce de vie (salon, salle à manger, chambre), au rez-de-chaussée et pendant la période de chauffe. Si la concentration en radon dans l’air intérieur est supérieure à 300 Bq/m3, il est nécessaire d’agir. Afin de diminuer la concentration en radon, des actions simples peuvent suffire telles que l’aération des locaux ou l’étanchement pour limiter l'entrée du radon dans le bâtiment (porte de cave, entrée de canalisation, fissures du sol, etc.). Dans certains cas, des travaux plus importants sont à mener tels que la ventilation du vide sanitaire.

Une réglementation plus protectrice

La France s’est dotée d’un arsenal réglementaire en matière de gestion du risque radon : la réglementation, mise en place à partir du début des années 2000 pour les établissements recevant du public (ERP) comme les établissements d’enseignement, a été étendue en 2008 à certains  lieux de travail souterrains, tels que des ouvrages d’art ou des lieux à vocation culturelle (grottes ornées). En 2015, le paramètre radon a été introduit dans le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, puis, en 2016, dans la politique de la qualité de l’air intérieur. Depuis le 1er juillet 2018, la réglementation s’est renforcée pour les secteurs déjà réglementés et concerne désormais l’habitat privé (information des acquéreurs et des locataires) dans les zones où le potentiel radon est significatif (zone 3).

La mise en place d’un niveau de référence à 300 Bq/m3 à l’intérieur des bâtiments permet de mieux prendre en compte le risque sanitaire quel que soit le secteur concerné (ERP, lieux de travail, habitat).

Par ailleurs, depuis 2005, il existe un plan national d’action de gestion du risque radon qui définit les objectifs à poursuivre en matière de réduction des effets sanitaires du radon. Le troisième plan couvre la période 2016-2019.

  • Pour les établissements recevant du public, les établissements d’accueil d’enfants de moins de 6 ans sont désormais inclus dans la liste des établissements devant assurer une surveillance du radon et une obligation d’informer le public par affichage des résultats de mesure s’applique à tous les ERP concernés. La nature des actions à mettre en œuvre en cas de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3 est ajustée en fonction des résultats des mesures. 
  • Pour les lieux de travail, la réglementation a profondément évolué avec l’intégration du risque radon dans de la démarche générale de prévention des risques professionnels. Quelle que soit la zone à potentiel radon où se situe le lieu de travail en sous-sol ou en rez-de-chaussée, le risque radon doit être intégré à la démarche d’évaluation des risques.

Les acquéreurs et locataires doivent désormais être informés lors d’une transaction immobilière (location, achat) si le bien immobilier se situe dans une zone à potentiel radon de niveau 3. Le grand public est également informé des risques majeurs dans les zones à potentiel radon de niveau 2 ou 3 via des documents qui peuvent être consultés librement : le dossier départemental sur les risques majeurs (DDRM) en préfecture et le dossier d’information communale sur les risques majeurs (DICRIM) en mairie.

Des actions concrètes sur le terrain

Le radon étant reconnu en tant que polluant de l’air intérieur depuis 2016, le 3e plan national d’action radon est lié au 3e plan national santé environnement (PNSE 3).Ces deux plans favorisent la conduite d’actions au niveau local. Ainsi, depuis 2001, de nombreuses actions de sensibilisation ont été menées dans les zones les plus sensibles, sous forme de réunions d’information destinées au grand public. À ce jour, plus de 9 000 détecteurs ont été distribués à des particuliers pour mesurer la concentration en radon dans leur logement. Au cours de l’hiver 2018-2019, neuf campagnes locales ont été organisées par les agences régionales de santé (ARS), des collectivités territoriales et des associations (ex : en Loire-Atlantique, dans le Tarn, en Corse du Sud).

L’ASN, les ARS et les DIRECCTE, sont chargées de contrôler, notamment par des inspections, la bonne application de la réglementation. L’ASN contrôle également la qualité des mesures réalisées par les organismes agréés.

Les citoyens peuvent se renseigner auprès de leur agence régionale de santé ou de leur commune pour participer aux actions locales.

Contact presse ASN :

Emmanuel Bouchot – emmanuel.bouchot@asn.fr – 06 30 86 93 93

Date de la dernière mise à jour : 10/11/2021