Grand Est : en 2019, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant

Publié le 16/06/2020 à 11:00

Communiqué de presse

A l’occasion de la parution du rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, les divisions territoriales de Châlons-en-Champagne et Strasbourg de l’ASN présentent les conclusions des actions de contrôle qu’elle ont menées tout au long de l’année 2019 en région Grand Est.

Le contrôle des installations nucléaires

Centrale nucléaire de Chooz (Réacteurs B1 et B2 en fonctionnement)

L’ASN estime que les performances de la centrale nucléaire de Chooz en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent globalement l’appréciation générale des performances portée sur EDF. Concernant l’exploitation des réacteurs, une vigilance particulière doit néanmoins être portée à la qualité des analyses de risques liées aux interventions en période d’activités accrues. Par ailleurs, l’ensemble des actions concourant à l’optimisation de la radioprotection sur les chantiers, de l’analyse préliminaire des risques jusqu’au respect des consignes, doit être amélioré. En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère l’organisation du site globalement satisfaisante. Elle note en particulier une gestion correcte et réactive des principaux événements dans ce domaine.

En 2019, les travaux de démantèlement de la cuve se sont poursuivis, en particulier le conditionnement du couvercle de cuve et son expédition vers le centre de stockage de l’Aube.

D’une manière générale, l’ASN considère que l’exploitant doit progresser dans les différents domaines de la radioprotection, de la surveillance des prestataires et de l’environnement.

Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine

L’ASN considère que les performances du site de Nogent‑sur‑Seine en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement se placent dans la moyenne des centrales exploitées par EDF.

Sur le plan de la sûreté nucléaire, l’exploitant doit maintenir ses efforts de rigueur en matière d’exploitation des réacteurs. S’agissant de la radioprotection, l’ASN considère que l’exploitant a su poursuivre la correction des dysfonctionnements observés les années antérieures concernant les dispositions de protection des travailleurs. En matière de protection de l’environnement, l’ASN note une évolution positive, mais considère que l’exploitant doit maintenir sa vigilance sur la gestion interne des effluents et le confinement des substances liquides.

Centrale nucléaire de Cattenom

L’ASN considère que, malgré une relative amélioration en 2018, l’année 2019 a été marquée par une nouvelle dégradation des performances de la centrale de Cattenom en matière d’exploitation et de maintenance, sans toutefois que les indicateurs de mesure de la sûreté se détachent fortement par rapport à la moyenne des centrales exploitées par EDF. Dans le domaine de la protection de l’environnement, les résultats ont été maîtrisés de manière satisfaisante dans un contexte marqué par un épisode de canicule. Enfin, en matière de radioprotection, les résultats restent contrastés malgré les efforts entrepris.

Centrale nucléaire de Fessenheim

Selon l’ASN la performance de la centrale nucléaire de Fessenheim reste à un niveau satisfaisant en matière de sûreté nucléaire, tant au plan de l’exploitation des réacteurs que de la mise en œuvre des programmes de maintenance des installations ; l’installation se situe favorablement par rapport à la moyenne nationale dans les domaines de la sûreté et de l’environnement, et dans la moyenne dans le domaine de la radioprotection.

L’ASN a demandé à EDF, en décembre 2019, de justifier et préciser davantage sa stratégie de démantèlement, notamment concernant les délais des opérations de démantèlement et la gestion des déchets.

EDF doit renforcer le pilotage du projet de démantèlement de Fessenheim afin de disposer d’une vision globale du projet, intégrant toutes ses interactions. L’ASN estime, en outre, qu’EDF doit améliorer son organisation pour établir et valider les décisions structurantes pour le scénario de démantèlement, à partir d’hypothèses justifiées et formalisées.

EDF a par ailleurs déposé en juin 2018 un dossier d’orientation du réexamen des réacteurs de Fessenheim. EDF devra déposer, avant le 10 septembre 2020 pour le premier réacteur, et le 28 août 2022 pour le second, les rapports de conclusion du réexamen. Ce dossier d’orientation permet de cadrer le contour des analyses de conformité et des réévaluations de sûreté qui devront être menées pour le réexamen périodique. Les rapports de réexamen devront permettre à l’ASN de s’assurer du maintien de la sûreté de l’installation durant les phases préparatoires au démantèlement et de démantèlement.

Sur le plan opérationnel, le site a d’ores et déjà engagé la planification et la préparation des opérations de mise à l’arrêt des réacteurs en 2020, ainsi que la gestion des effectifs et des compétences pendant la période préalable au démantèlement. L’ASN a observé le maintien à un niveau très satisfaisant de l’implication du personnel, et considère que la gestion des enjeux organisationnels et humains, dans le contexte de la perspective de fermeture du site, a été d’un excellent niveau.

Pour 2020, l’ASN a demandé à EDF d’améliorer l’organisation mise en œuvre pour piloter le projet de démantèlement de la centrale de Fessenheim. La demande a bien été prise en compte par EDF ; la crise du Covid-19 devrait avoir un impact limité sur le processus de réponse de l’exploitant.

Autres installations

Centre de stockage de l’Aube

À la fin de l’année 2019, le volume des déchets stockés était d’environ 345 000 m3, soit 34,5 % de la capacité autorisée.

En 2019, le CSA a mis en service, après autorisation de l’ASN, l’installation de contrôle des colis, permettant de disposer de moyens de contrôle plus performants de la qualité des colis reçus. Le centre a par ailleurs engagé la construction de nouveaux ouvrages destinés au stockage de déchets.

L’ASN considère que le CSA est exploité dans des conditions satisfaisantes au titre de la sûreté, la radioprotection et la protection de l’environnement.

Projet Cigéo

L’instruction du dossier d’options de sûreté (DOS) de Cigéo a mis en exergue plusieurs sujets à enjeux sur des aspects spécifiques (architecture, définition des aléas, gestion post‑accidentelle…). Parmi ces sujets, l’ASN a formulé une réserve concernant le stockage des déchets bitumés dans Cigéo. La gestion des déchets bitumés est par ailleurs suivie dans le cadre du PNGMDR, qui demande plusieurs études relatives à la caractérisation de ces colis, à leurs modalités de transport et aux possibilités de traitement.

A ce jour, l’ANDRA poursuit la conception du projet Cigéo et prépare les demandes d’autorisation requises.

Domaine médical, industriel et recherche

En 2019, l’ASN considère que l’état de la radioprotection dans le domaine médical est resté stable, aucune défaillance majeure n’a été détectée dans les domaines de la radioprotection des professionnels, des patients, de la population et de l’environnement. Néanmoins, des progrès sont encore nécessaires, par exemple, pour mieux anticiper l’arrivée de nouveaux équipements, de nouvelles pratiques et de nouveaux médicaments radiopharmaceutiques, mais aussi pour améliorer le niveau de culture de radioprotection chez des utilisateurs non spécialistes des rayonnements ionisants. Tel est le cas des chirurgiens, appelés de plus en plus à réaliser des actes radioguidés dans les blocs opératoires.

Le 14 novembre 2019, les divisions de Châlons-en-Champagne et Strasbourg ont organisé à Nancy un séminaire autour des enjeux de la radioprotection dans les pratiques interventionnelles radioguidées pour les établissements hospitaliers du Grand Est. Les échanges suscités par ce séminaire ont mis en lumière la spécificité des enjeux associés à ces pratiques médicales du fait, d’une part, d’une innovation continuelle, d’autre part, d’un renouvellement de la réglementation. La prise en compte des facteurs organisationnels et humains, la mobilisation de l’ensemble des intervenants professionnels au sein du collectif de travail sont des facteurs de réussite pour faire progresser la radioprotection.

Un point sur les grands sujets pour 2020

La crise sanitaire de Covid-19 a soulevé de nouveaux enjeux

À la suite de la décision de confinement, l’ASN avait décidé de suspendre provisoirement ses inspections sur site. Elle a néanmoins maintenu la possibilité de réaliser de telles inspections en cas de nécessité. Entre le 15 mars et le 15 mai 2020, 3 inspections sur site et 9 inspections à distance ont été réalisées en région Grand Est.

Les contrôles n’ont pas mis en évidence, à ce stade, de dégradation de la sûreté ou de la radioprotection des travailleurs. En particulier, tant les contrôles à distance que les inspections sur site ont confirmé qu’EDF a mis en place des organisations appropriées pour faire face au risque sanitaire (mesures barrières, plans de prévention) tout en maintenant le niveau de sûreté attendu. Les risques liés aux facteurs organisationnels et humains, susceptibles de survenir notamment du fait des changements dans le fonctionnement de l’organisation du travail, ont fait l’objet d’un examen particulier lors des inspections réalisées sur cette période.

L’ASN a suspendu ses inspections dans les établissements médicaux qui pratiquent des activités nucléaires, sauf exception. En revanche, elle a traité de manière prioritaire les demandes d’autorisation d’utilisation de matériels ou de locaux nécessaires à la gestion de l’épidémie (utilisation à des fins diagnostiques des scanners de médecine nucléaire par exemple). Les inspections sont désormais en cours de reprise, sur un rythme adapté aux enjeux et aux capacités des établissements inspectés.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2019 est téléchargeable en ligne

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Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021