L’ASN rend publiques les mesures de radioactivité qu’elle a diligentées au Fort de Vaujours (77-93) et rappelle que Placoplatre doit garantir la protection des travailleurs et de l’environnement.

Publié le 15/04/2014 à 14:00

Communiqué de presse

L’ASN a été sollicitée par la préfecture de Seine-et-Marne le 12 février 2014 pour faire réaliser des mesures de radioactivité en certains points du site du Fort de Vaujours, d’une superficie de 45 hectares. L’ASN a donc saisi son appui technique, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), pour l’élaboration d’un protocole de mesures et pour la réalisation de mesures comparatives qui ont concerné trois points d’une casemate1, à l’intérieur du site du Fort de Vaujours.

Les mesures de la radioactivité réalisées le 25 février 2014 sur demande de l’ASN ont mis en évidence, sur un point de la casemate concernée, un niveau de rayonnement dix à vingt fois supérieur au niveau naturel.

Le Fort de Vaujours, situé sur les communes de Vaujours (93) et de Courtry (77), fut exploité entre 1947 et 1955 par la poudrerie nationale de Sevran. A partir de 1955, le site fut occupé par le centre d’études sur les poudres et explosifs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour l’expérimentation d’armements pyrotechniques et nucléaires utilisant notamment de l’uranium naturel et appauvri. Le CEA a fermé ce centre en 1997.

De 1996 à 1998, puis de 2001 à 2002, des opérations de démantèlement et d’assainissement des bâtiments et des sols susceptibles d’avoir fait l’objet d’une contamination ont été conduites par le CEA. A la suite de ces opérations, dans le but de prévenir le risque lié à la présence d’une éventuelle pollution radiologique résiduelle, un arrêté inter-préfectoral du 22 septembre 2005 a instauré des servitudes d’utilité publique afin de restreindre les usages du site à des activités industrielles et d’imposer certaines précautions2 à ces activités.

Une partie du site a été rachetée en 2010 par la société Placoplatre, filiale du groupe Saint-Gobain. En vue d’exploiter une carrière destinée à approvisionner son usine de transformation de gypse, située également à Vaujours, la société Placoplatre a prévu, dans un premier temps, de démolir les bâtiments du site. Ces projets font l’objet de questionnements de la part d’associations de riverains et de défense de l’environnement, qui auraient relevé en 2011 une élévation de radioactivité dans une casemate.

C’est dans ce contexte que l’ASN a saisi l’IRSN pour l’élaboration d’un protocole de mesures et pour la réalisation de mesures comparatives en trois points de cette casemate. L’association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO) a également été sollicitée par l’ASN pour participer aux mesures. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité (CRIIRAD) a également participé aux mesures.

Il ressort de l’analyse des résultats que les mesures réalisées par les différents organismes sont globalement cohérentes. Ces mesures ont montré la présence d’une radioactivité ajoutée à la radioactivité naturelle en deux points. En un premier point, le niveau de rayonnement mesuré était d’environ dix à vingt fois supérieur au niveau attendu (également appelé « bruit de fond3 »), avant qu’un fragment ne se détache de la paroi au cours des mesures. Les analyses de ce fragment réalisées par l’IRSN et l’ACRO ont mis en évidence la présence d’uranium témoignant vraisemblablement des activités passées du Fort. En un second point, le niveau de rayonnement mesuré était d’environ deux fois le niveau attendu

L’ASN souligne les limites de l’exercice de mesures de la radioactivité réalisées le 25 février 2014 : ces mesures, ponctuelles, ne sont en effet pas représentatives de l’exposition externe du corps entier aux rayonnements ionisants que pourrait subir un travailleur sur le site. En outre, ces mesures restent limitées à un bâtiment spécifique (une casemate) et ne peuvent pas être considérées comme représentatives de l’ensemble du site. Au regard des incertitudes subsistant quant à l’état radiologique du site, il appartient à Placoplatre de mettre en œuvre les mesures adaptées pour assurer la radioprotection des travailleurs et de l’environnement au cours des opérations de démolition prévues. L’ASN rendra un avis sur les modalités proposées par Placoplatre.

1. On désigne par casemate un local bunkerisé qui était utilisé pour les tirs.

2. Il s’agit, par exemple, de la vérification de l’état radiologique des terres pour tous travaux de terrassement.

3. Terme utilisé pour désigner l’existence naturelle ou artificielle d’un phénomène, dont il est nécessaire de connaître l’importance pour mesurer efficacement l’impact spécifique d’une activité.

Date de la dernière mise à jour : 04/04/2018