L’ASN considère que l’augmentation des doses de rayonnements ionisants délivrées par l’imagerie médicale (principalement en scanographie et en radiologie interventionnelle) devient préoccupante et doit être maîtrisée.

Publié le 06/07/2011 à 11:30

Communiqué de presse

Examen de radiologie interventionnelle

L’ASN appelle les acteurs de la santé (professionnels et institutionnels de la santé) à se mobiliser.

Les doses de rayonnements ionisants délivrées aux patients augmentent en France comme dans les autres pays développés du fait de la contribution très large de l’imagerie médicale au diagnostic des maladies, à l’orientation de la stratégie thérapeutique, au suivi de l’efficacité des traitements et à la réalisation précise sous contrôle par l’imagerie d’actes thérapeutiques (radiologie interventionnelle).

Les doses reçues par les « radiologues interventionnels » (cardiologues, chirurgiens…) et leurs assistants sont importantes du fait de leur travail à proximité des sources de rayons X lors des actes qu’ils réalisent. Ces doses augmentent en même temps que le nombre des actes réalisés, en particulier dans les blocs opératoires.

Ce constat a été vérifié à la suite :

  • de la publication du rapport IRSN/InVS de 2010 montrant une augmentation de 47% en 5 ans des doses délivrées aux patients (1/4 de la population française par an) ;
  • des conclusions des 124 inspections de l’ASN en 2009 dans des services où sont réalisés des actes de radiologie interventionnelle (rapport rendu public ce jour) ;
  • des recommandations émises le 23 novembre 2010 par le groupe des experts en radioprotection médicale (GPMED) auprès de l’ASN ;
  • et des conclusions du séminaire organisé en septembre 2010 par l’ASN et qui réunissait tous les acteurs de la santé concernés, organismes institutionnels et professionnels.

L’ASN a décidé d’agir sur la radioprotection et sur la maîtrise des doses en imagerie médicale. Elle publie aujourd’hui deux délibérations de son collège. Les actions proposées par l’ASN pour améliorer la radioprotection dans le domaine médical et maîtriser l’augmentation des doses sont notamment :

  • Le développement des techniques alternatives, au premier rang desquelles l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ;
  • La mise en œuvre plus rigoureuse des principes de la radioprotection (justification et optimisation) ;
  • Le renforcement de la formation à la radioprotection ;
  • L’implication plus forte dans le champ de l’imagerie médicale de radiophysiciens ;
  • L’augmentation de la disponibilité des Personnes Compétentes en Radioprotection (PCR[1]) et des moyens qui leur sont alloués.

Si les professionnels de l’imagerie médicale sont les premiers acteurs des progrès en radioprotection médicale, les acteurs institutionnels de la santé et du travail sont également à mobiliser du fait de leur rôle décisif en ce qui concerne les équipements, les ressources humaines, le financement des formations, le développement de l’assurance de la qualité et l’évaluation des pratiques professionnelles.

Le développement des techniques alternatives, au premier rang desquelles l’imagerie par résonance magnétique (IRM)

L’IRM est une technique d’imagerie médicale non irradiante dont des applications privilégiées concernent le système nerveux central, la moelle épinière, la rhumatologie et les enfants. Du fait d’un manque d’appareils en France, les délais de rendez-vous sont importants (>1 mois) et la substitution par l’IRM d’examens scanographiques ne peut pas être réalisée. Il en découle un surcroit non justifié de doses en sus d’une mauvaise pratique médicale. Il convient donc de favoriser l’accès à l’IRM en agissant dans le cadre de la planification régionale des équipements lourds par les ARS et pour une tarification plus incitative en faveur de l’IRM. La France a 8,7 appareils d’IRM par million d’habitants pour une moyenne européenne de 20.

La mise en œuvre plus rigoureuse des principes de la radioprotection (justification et optimisation)

Le guide du bon usage des examens d’imagerie médicale doit être l’outil majeur de la justification d’un acte d’imagerie utile, c'est-à-dire dont le résultat modifiera la prise en charge du patient ou confortera le diagnostic du clinicien . Le premier guide publié fin 2004 par les sociétés françaises de radiologie (SFR) et de médecine nucléaire (SFMN) sous le format d’une brochure est en cours de révision par les spécialistes de toutes les sociétés savantes auxquelles il a été fait appel. Le prochain guide sera rendu disponible en 2012 sur internet sous un format permettant à tous les médecins une meilleure justification des indications des examens d’imagerie. La demande d’examen doit indiquer les éléments de justification qui doivent être restitués sur le compte-rendu.

Un examen justifié doit être réalisé de façon optimale selon les procédures décrites dans les guides élaborés par les professionnels. En pratique, les paramètres représentatifs de la dose doivent figurer sur le compte-rendu de l’examen. Les niveaux de référence diagnostiques doivent être mesurés et adressés à l’IRSN pour que les doses délivrées soient les plus faibles raisonnablement possibles, compatibles avec la réalisation d’un examen de qualité. Encore faut-il que les appareils soient munis de dispositifs permettant d’estimer la dose délivrée aux patients et qu’ils aient bénéficié de toute l’assurance de qualité et du contrôle de qualité nécessaires. Pour ce faire, l’ASN reste en liens étroits avec l’AFSSAPS.

Le renforcement de la formation à la radioprotection

La formation des professionnels à la radioprotection dans le domaine médical est obligatoire. Elle a permis des progrès importants en termes de dosimétrie. Si les professionnels du monde de l’imagerie (radiologues, médecins nucléaires et manipulateurs d’électroradiologie) ont bien répondu à cette obligation depuis 2004, beaucoup de travail reste à faire auprès des professionnels non spécialistes mais utilisateurs des rayonnements ionisants, en particulier dans les salles d’opération et de radiologie interventionnelle. Les sociétés savantes sont donc invitées à intensifier leurs efforts en matière de formation continue, en particulier vis-à-vis des nouvelles technologies.

L’implication plus forte dans le champ de l’imagerie médicale de radiophysiciens

Pour ce qui concerne la radiophysique médicale, l’effort de formation des radiophysiciens, engagé à partir de 2008 pour couvrir les besoins urgents dans le domaine de la radiothérapie, doit être poursuivi pendant au moins 5 années consécutives pour que les radiophysiciens soient en nombre suffisant pour investir le champ de l’imagerie médicale et notamment celui de la radiologie interventionnelle. Les radiophysiciens jouent un rôle décisif en matière de recette des appareillages de plus en plus complexes, d’assurance de qualité et du contrôle de qualité nécessaires à leur utilisation optimale. Des progrès restent à faire en matière d’organisation de la physique médicale dans les établissements de soins..

L’augmentation de la disponibilité des Personnes Compétentes en Radioprotection (PCR) et des moyens qui leur sont alloués

L’élargissement du champ de compétences des Personnes Compétentes en Radioprotection (PCR) et des moyens qui leurs sont alloués est nécessaire pour combler les insuffisances constatées notamment dans les domaines de l’évaluation des risques, de l’analyse des postes de travail, du port des équipements de protection individuelle et des dosimètres, en particulier pour le suivi des doses aux extrémités ou au cristallin de l’opérateur.

 A consulter :

Contact presse : Evangelia Petit, responsable des relations avec la presse, tél. : 01 40 19 86 61, evangelia.petit@asn.fr


[1] PCR : depuis 1986, la désignation d’une PCR est obligatoire pour toute activité nucléaire d’origine naturelle ou artificielle entrainant un risque d’exposition des personnels intervenant dans l’établissement. Sous la responsabilité de l’employeur, elle participe à la mise en place des mesures de protection contre les rayonnements ionisants et veille à leur respect.

Date de la dernière mise à jour : 03/01/2017