Les cahiers Histoire de l'ASN #01

Réacteur 4 LES CONSÉQUENCES L’explosion détruit une grande partie du réacteur 4, de la salle des turbines et des constructions intermédiaires. 26 avril 1986, entre 1h03 et 1h07 Deux pompes supplémentaires du circuit de recirculation sont mises en service. Le débit supplémentaire entraîne une hausse de température dans les échangeurs de chaleur. À 01h19, pour stabiliser le débit d’eau arrivant dans les séparateurs de vapeur, la puissance des pompes est encore augmentée et dépasse la limite autorisée. Le système demande l’arrêt d’urgence mais les signaux sont bloqués et les opérateurs passent outre. 26 avril à 1h23’04” L’essai débute : les vannes d’alimentation en vapeur de la turbine sont fermées. Les pompes de recirculation ralentissent, le débit diminue. La température monte dans le cœur provoquant, du fait de la conception du réacteur, une augmentation de la réactivité. La puissance du réacteur augmente de manière incontrôlée. 26 avril à 1h23’40” Le chef opérateur ordonne l’arrêt d’urgence. La totalité des barres commencent à descendre dans le cœur, mais l’effet produit est l’inverse de celui escompté. La puissance augmente à nouveau de façon incontrôlée. 26 avril à 1h23’44” Le pic de puissance est atteint, dépassant de plus de 100 fois la puissance nominale du réacteur. Les fortes pressions atteintes dans les tubes de force provoquent leur rupture. Une déflagration soulève la dalle supérieure du réacteur, d’un poids de 2 000 tonnes. La partie supérieure du cœur du réacteur est à l’air libre. Le graphite prend feu, plusieurs foyers s’allument dans l’installation. Il faudra trois heures aux pompiers pour les éteindre. Le feu de graphite reprend. Il ne sera arrêté définitivement que le 9 mai. Du 27 avril au 10 mai 1986 5 000 tonnes de matériaux (sable, bore, argile, plomb, etc.) sont déversées par hélicoptère pour recouvrir le réacteur, en vue de réduire le débit d’air alimentant le feu de graphite et le relâchement des émissions radioactives. «Tchernobyl a confirmé qu’un accident nucléaire pouvait être majeur avec des conséquences affectant plusieurs pays : en l’occurrence, l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie, mais aussi une grande partie de l’Europe. Il s’en est suivi une prise de conscience générale que les enjeux de sûreté nucléaire demandaient une approche internationale.» Pierre-Franck Chevet Président de l’ASN de 2012 à 2018 Un nuage radioactif s’échappe. Poussé par les vents, il traverse une partie de l’Europe (voir encadré page 20). Accidents nucléaires et évolutions de la sûreté et de la radioprotection • 17

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