Contrôle n°201

CONTRÔLE | N° 201 | DÉCEMBRE 2016 60 l’assainissement. Nous nous sommes rendu compte qu’en raison de la gestion de l’amé- lioration de la situation sanitaire (réseau de distribution et d’équipement, traite- ment et évacuation des eaux usées et des déchets, insalubrité de certains logements et bureaux…), nous devions évacuer plus demonde que prévu. Un point positif: l’exer- cice a permis de réunir des participants qui parfois ne se parlent pas. Je pense aux opé- rateurs de télécommunication qui ont mis en place des scénarios communs. En quoi cet exercice a-t-il favorisé la gestion de la crue réelle quelques mois plus tard ? En juin 2016, le niveau de la Seine a atteint plus de 6 m à l’échelle d’Austerlitz. Cette crue a été exceptionnelle. Tout d’abord en raison de la période à laquelle elle s’est produite: fin de printemps plutôt que début d’année. Ensuite, du fait de sa cinétique: au lieu des élévations habituellement com- prises entre 50 cm et 1 m par jour en cas de crue, l’eau est ici montée de 1,50 m à 1,60 m par jour. Nous avons eu quatre Contrôle : en quoi la pratique des exercices est-elle essentielle pour la ville de Paris ? Sylvie Mazoyer : les exercices sont des étapes indispensables à une bonne anti- cipation et une bonne gestion des opéra- tions. En 2015, les 29 et 30 septembre, la ville de Paris a organisé avec le Haut Comité français pour la défense civile, Ecop15, un exercice simulant une inon- dation qui associait la préfecture de police, les 21 directions de la ville et une douzaine de partenaires (opéra- teurs de réseaux d’énergie, de transports, d’eau potable, d’assainissement, déchets ménagers, médias…). Réunies en salle de crise, les directions ont joué un scéna- rio catastrophe : la simulation d’une crue à cinq jours pour nous préparer au lieu des sept à dix jours escomptés. Un effet de surprise accentué par la panne ponc- tuelle d’un capteur. Autre spécificité: des cours d’eau comme l’Essonne et le Loing, qui habituellement ne débordent pas, sont largement sortis de leur lit. Plusieurs élé- ments différaient par rapport au scénario d’EU Sequana 2016. Cependant pour les participants, le fait d’avoir joué l’exercice a facilité le dialogue et la réactivité. Les bons réflexes étaient là. Quels sont les leviers à actionner pour optimiser la gestion d’une crue en Ile-de-France ? Perte d’électricité, arrêt des installations de chauffage, problème d’alimentation en eau potable, etc., dans le cas d’une crue majeure, il y a un effet domino : la défail- lance d’un opérateur peut en entraîner une ou plusieurs autres, amplifiant la problématique. Des études sont néces- saires pour mieux quantifier les impacts des débordements des rivières. Il faut notamment améliorer nos connaissances équivalente à celle de 1910 avec un pic de hauteur à 8,62 m à l’échelle d’Austerlitz. Comment et où accueillir les enfants ? Comment assurer l’état civil ? etc. Notre objectif était de valider l’efficacité des dispositifs prévus. Qu’avez-vous appris de cet exercice? Tout d’abord Ecop15 a montré notre capa- cité à mobiliser en quelques heures des moyens considérables. De plus, au-delà de l’intérêt de resserrer les liens avec nos partenaires, l’exercice nous a permis d’af- finer nos plans d’action. Il est ainsi res- sorti un important travail à mener sur la cartographie: bien identifier les zones de fragilité électrique, de fragilité chauf- fage et les lieux d’hébergement pouvant sur la mesure des remontées des nappes phréatiques. Autre point à approfondir : l’évacuation des populations. On estime que 850 000 personnes vivent en zone inondable sur le bassin francilien. Leur évacuation en cas de crue majeure est un sujet délicat sur lequel nous devons encore travailler. accueillir des personnes pendant plu- sieurs semaines. Cette opération était un galop d’essai en vue d’EU Sequana 2016, un exercice de grande ampleur destiné à tester la gestion de crise francilienne du 7 au 18 mars 2016. Quelle a été l’implication de la ville de Paris dans EU Sequana 2016 ? La ville de Paris a participé à la jour- née du 9 mars, sur la base d’une mon- tée du niveau de la Seine entre 6,40 et 6,50 m. Les directions sont par ailleurs restées impliquées les autres demi-jour- nées de la semaine pour suivre les événe- ments et répondre aux sollicitations des partenaires. La deuxième semaine, nous nous sommes mobilisés le 18 mars, pour De la nécessité d’affiner en permanence nos dispositifs pour assurer une continuité de service, même en cas de crise Sylvie Mazoyer, directrice de projets et responsable du service de gestion de crise de la ville de Paris - direction de la prévention, de la sécurité et de la protection. RETOUR D’EXPÉRIENCE Les exercices de crise

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