Contrôle n°201

DÉCEMBRE 2016 | N° 201 | CONTRÔLE 59 Contrôle : pourquoi la préfecture de police a-t-elle organisé l’exercice EU Sequana 2016 ? Général Frédéric Sépot : en 2014, un rap- port publié par l’Organisation de coopé- ration et de développement économique (OCDE) soulignait l’impact à l’échelle du Grand Paris d’une crue équivalente à celle de 1910 (la Seine avait alors atteint 8,62 m au pont d’Austerlitz). Selon ses estimations, cinq millions de personnes et des dizaines de milliers d’entreprises et d’emplois seraient tou- chés, et les dégâts s’élèveraient à plus de 40 milliards d’euros. Si le plan Orsec décline l’organisation des secours au niveau de la Zone de défense et de sécurité de Paris 1 , il est nécessaire de développer une culture du risque. C’est pourquoi, la préfecture de police a organisé un exercice de crise. L’objectif était à la fois de tester la coordination des participants (services publics, col- lectivités territoriales, départements, opérateurs de transports et de télécom- munication, groupements bancaires…) dans la gestion de la crue et de focaliser l’attention des médias, des populations et des autorités sur le phénomène et ses impacts. Quelles étaient les caractéristiques de cet exercice ? Outre son ampleur (87 partenaires volontaires) et sa durée (deux semaines), l’exercice EU Sequana 2016 s’est carac- térisé par sa dimension européenne. La Commission européenne l’a soutenu financièrement et quatre États (Belgique, Espagne, Italie, République tchèque) ont mis à disposition leurs moyens de sécu- rité dans le cadre d’exercices de terrain. Autre spécificité : pour la première fois, la période de décrue a été jouée. Du 7 mars au 12 mars, l’exercice a simulé une mon- tée des eaux jusqu’à 8,12 m à l’échelle d’Austerlitz suivi d’une décrue du 13 au 18 mars. Pendant le week-end, nous avions programmé des opérations de ter- rain sur six sites dont le Champ de Mars à Paris, avec, par exemple, la simulation d’évacuation d’une maison de retraite par hélicoptère. Très couvert par les médias, l’exercice nous a valu beaucoup d’obser- vateurs étrangers : 28 pays étaient repré- sentés, dont le Japon et la Russie. Comment avez-vous piloté l’exercice ? En janvier 2014, avec le soutien de l’Institut national des hautes études de sécurité et de justice (INHESJ), nous avons mis en place une structure spé- cifique chargée d’écrire, avec les ins- titutions participantes, le scénario de l’exercice EU Sequana 2016. Celui-ci prévoyait l’interruption de la distribution de l’électricité pour près de 1,5 million de personnes, 140 km de lignes de métro inutilisables, un grand nombre de sta- tions fermées, la majeure partie des ponts fermés à la circulation… Sur la base de ces éléments, chaque acteur était appelé à jouer l’exercice pendant un jour ou deux. De plus, nous avons introduit des aléas, par exemple une réponse négative à une entreprise nous demandant des équipe- ments de pompage. Toute l’équipe de la préfecture a été mobilisée pour fournir les informations et analyser les actions enclenchées. Quels enseignements en avez-vous tirés ? Nous avons constaté une grande disparité entre les établissements. Certaines entre- prises, notamment des PME, ne disposent pas de plan de prévention contre les inon- dations ou connaissent mal la prise en compte de ce risque. Un autre pro- blème mis en évidence concerne Regards croisés QUAND LA SEINE SORT DE SON LIT : DE L’EXERCICE DE CRISE À LA RÉALITÉ La culture du risque ne concerne pas que le secteur nucléaire. Face aux lourdes conséquences d’une crue centennale en Ile-de-France, la préfecture de police de Paris a planifié du 7 au 18 mars dernier l’exercice EU Sequana 2016. Un scénario suivi quelques mois plus tard d’une crue réelle. Quels enseignements ont été tirés de ces deux situations, fictive et vécue? Contrôle a souhaité faire le point avec quatre acteurs impliqués. Nous devons mieux contrôler l’effet domino des impacts d’une crue majeure de la Seine Général Frédéric Sépot, chef d’état-major au secrétariat général de la Zone de défense et de sécurité à la Préfecture de police de Paris . © PPPARIS 1. Le préfet de police est préfet de la Zone de défense et de sécurité de Paris qui couvre Paris, ainsi que sept départements (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Yvelines, Val d’Oise, Essonne et Seine-et-Marne).

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