Rapport de l'ASN 2020

Le démantèlement des réacteurs à eau sous pression Le démantèlement des réacteurs à eau sous pression (REP) bénéficie d’un retour d’expérience important, acquis sur de nombreux projets à l’international : dans le monde, 42 réacteurs de ce type sont actuellement en démantèlement, et 6 ont d’ores et déjà été démantelés aux États‑Unis. De plus, la conception de ces réacteurs facilite leur démantèlement par rapport à d’autres technologies de réacteur, notamment les réacteurs de première génération uranium naturel-graphite-gaz (UNGG). Le démantèlement de ce type d’installation ne présente ainsi pas d’enjeu technique majeur et sa faisabilité est acquise : selon le retour d’expérience international, la durée des opérations de démantèlement de ces réacteurs est d’environ une vingtaine d’années. L’îlot nucléaire d’un REP est constitué de trois bâtiments principaux (voir chapitre 10, partie 1) : le bâtiment réacteur, le bâtiment combustible, et le bâtiment des auxiliaires nucléaires, abritant les installations de traitement des effluents, de ventilation et de filtration d’air. L’îlot conventionnel est quant à lui composé d’une salle des machines, abritant la turbine et l’alternateur permettant la production d’électricité. Le démantèlement des installations nucléaires est précédé par une phase d’opérations préparatoires au démantèlement (OPDEM). Pour un REP, l’opération principale lors de cette phase préparatoire consiste à décharger le combustible du cœur, qui sera entreposé dans la piscine de désactivation, puis évacué de l’installation vers – pour la France – le site de La Hague pour traitement (voir chapitre 11). Le combustible concentre l’essentiel de la radioactivité de l’installation (environ 95%) : son évacuation conduit donc à une diminution notable du risque radiologique. La radioactivité résiduelle se trouve alors principalement dans le circuit primaire. Dans le cadre du démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim dont les deux réacteurs ont été définitivement arrêtés en 2020 (voir encadré dans le Panorama régional en introduction de ce rapport – région Grand Est), EDF envisage ainsi la décontamination de ce circuit lors des OPDEM, dans le but de diminuer l’exposition radiologique au cours du démantèlement. La phase de préparation au démantèlement comprendra en outre la transformation de la salle des machines en installation de traitement, conditionnement et entreposage des déchets. Les opérations de démantèlement débutent après la parution du décret de démantèlement, qui prescrit les principales étapes du démantèlement de l’installation. Le démantèlement du bâtiment réacteur débute par la dépose du circuit primaire, puis le démantèlement de la cuve. En parallèle, les circuits des autres bâtiments de l’îlot nucléaire sont également démantelés. Une fois la totalité des matériels démantelés et des déchets évacués, l’exploitant procède à l’assainissement des différents bâtiments, puis à leur démolition en vue du déclassement de l’INB et de la réhabilitation du site. En France, EDF est l’unique exploitant des REP existants. Leur démantèlement a débuté par celui du réacteur Chooz‑A en 2007, un REP de puissance limitée situé dans une caverne. Quelle que soit la durée de vie des réacteurs actuellement en fonctionnement, EDF sera confrontée au démantèlement simultané de plusieurs REP dans les prochaines années. EDF devra donc s’organiser pour industrialiser le démantèlement afin de respecter l’obligation de démantèlement de chaque installation dans un délai aussi court que possible. Le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim constituera à ce titre un retour d’expérience intéressant. 348 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 13 – LE DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE

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