Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

205 Le procédé mis en œuvre sur l’usine AREVA NC de La Hague pour le traitement des combustibles usés conduit à un rejet de tritium libre décembre 2008. Cette inversion n’est pas surprenante pour l’usine d’Amersham qui rejette dans la baie de Cardiff environ 30 % du tritium sous forme organiquement liée (acides aminés, lipides, hydrates de carbone) avec des rapports isotopiques élevés T/H. On observe alors 90 à 95 % de TOL (OBT) dans les poissons benthiques et les mollusques filtreurs avec des concentrations élevées de l’ordre de 1500 Bq/kg et quelques échantillons au-dessus de 50 000 Bq/kg, surtout pour les espèces en relation avec la matière organique des sédiments. Par contre, Stuart Jenkinson décrit une situation inexpliquée près de Sellafield où malgré les rejets de tritium sous forme libre (HTO), on relève des concentrations importantes de TOL dans les poissons plats (plies) et les moules, mais beaucoup moins élevés qu’à Cardiff, de l’ordre de 50 à 150 Bq/kg représentant 80 à 90 % du tritium dans les poissons et les coquillages. Différentes hypothèses ont été suggérées par Stuart Jenkinson pour expliquer ces résultats : formation possible de complexes organiques antérieurs aux rejets et/ou formation possible de complexes organiques dans l’environnement marin (comme ceci a été proposé dans une publication de Turner et al en 2009 dans J. Environ. Rad. 100(10)). Il a souligné également le fait que les niveaux observés dans les organismes marins étaient proches des limites de détection de la technique d’analyse utilisée au CEFAS, ce qui rend difficile l’interprétation des mesures. Tous ces résultats sont publiés dans les rapports RIFE (CEFAS 2008). Il ressort de cette présentation du CEFAS qu’il est nécessaire de considérer ces résultats avec beaucoup de prudence dans la mesure où ces résultats ont avant tout des objectifs de surveillance radiologique de l’environnement et n’apparaissent pas adaptés à des fins d’expertise dont relèvent les discussions sur ce sujet. On notera par ailleurs que le RSC (Radioactive Substances Committee) d’OSPAR s’accorde sur le fait que le tritium a un coefficient de dose très bas, il présente donc une très faible radiotoxicité pour l’homme et une radiotoxicité intrinsèquement faible pour le biote. De plus, le tritiumn’est pas considéré comme « pertinent pour le milieu vivant », car « il ne semble pas que le milieu vivant marin soit capable de le bioaccumuler (à l’exception des composés de 3H organique) » [6]. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Groupe Radioécologie Nord-Cotentin (GRNC), Appréciation par le GRNC de l’estimation des doses présentées dans le rapport annuel de surveillance de l’environnement d’AREVA NC La Hague 2005, rapport de synthèse et rapport détaillé. mai 2007 [2] Analyse critique des données disponibles de carbone 14 et de tritiumdans le Nord Cotentin et en Manche, D. Maro, M. Masson et al., IRSN DEI/SECRE/-006 [3] Le tritium en Manche, M. Masson et al., Communication journées SFRP sur le tritium des 23 et 24 septembre 2009, IRSN DEI/SECRE/LRC et GEA [4] Impact de l’industrie nucléaire sur les espèces marines, B. Fievet, Communication colloque inter-CLI, à Cherbourg le 27 avril 2009, IRSN DEI/SECRE/LRC [5] Tritium in British coastal waters, A review of UKmonitoring, Stuart Jenkinson, Radiological and Chemical Risk Group, Centre for Environment, Fischeries and Aquaculture Science (CEFAS – Lowestoft, UK), Communication journées SFRP sur le tritum des 23 et 24 septembre 2009 [6] Third periodic evaluation of progress towards the objective of the Radioactive Substances Strategy, OSPAR, publication number 455/2009, 2009

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