Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

206 4 CHAPITRE Gestion des rejets de tritium du site AREVA NC de La Hague, impact et surveillance associés Bien que le tritium apparaisse probablement comme l’un des radionucléides qui a été le plus étudié comme l’illustre notamment le livre de l’IPSN en référence [1], des questions sont encore soulevées en particulier sur son comportement dans l’environnement et dans les organismes vivants et les risques associés selon sa forme chimique. D’un point de vue sanitaire, il faut relativiser les risques du tritium dans la mesure où les observations disponibles, tant expérimentales qu’épidémiologiques contribuent à confirmer la faible radiotoxicité du tritium vis-à-vis des effets cancérigènes [2], voire ne remettent pas en cause l’Efficacité Biologique Relative (EBR)1 du tritium [3]. L’usine AREVA NC de La Hague étant amenée à rejeter ce radionucléide, principalement dans le milieu marin, l’objet de cet article est d’analyser le comportement du tritium dans le combustible, sa présence dans l’usine de traitement et dans les rejets, l’impact de ces rejets et la surveillance du tritium qui est réalisée dans l’environnement. Des éléments d’expertise des voies de réduction des rejets sont également présentés. 1 L’établissement AREVA NC de La Hague La vocation de l’établissement AREVA NC de La Hague est de traiter les combustibles nucléaires usés, c’est-à-dire ceux sortant des réacteurs de production d’électricité, afin de récupérer les matières recyclables. En effet, une fois déchargé du réacteur, le combustible contient encore des matières réutilisables (environ 95 % d’uranium et 1 % de plutonium) et des résidus non valorisables (environ 4 % de produits de fission et actinides mineurs qui constituent les déchets). Le traitement-recyclage consiste donc à séparer l’uranium, le plutonium et les déchets, puis à conditionner ces derniers sous une forme stable. Ceci permet d’utiliser au mieux la valeur énergétique contenue dans les combustibles dits usés pour économiser les ressources enmatières énergétiques naturelles, tout en réduisant le volume et la toxicité des déchets résiduels. L’établissement AREVA NC de La Hague est aujourd’hui le premier site de traitement industriel de combustibles usés au monde. En France, le recyclage des matières récupérées (uranium et plutonium) permet d’économiser jusqu’à 30 % des besoins en uranium naturel. Par comparaison, la production d’électricité effectuée grâce à ce recyclage demanderait, par la voie thermique classique, la combustion de 30 millions de tonnes de charbon. Le traitement/recyclage contribue donc de manière importante à la réduction des gaz à effet de serre, menace croissante pour l’environnement mondial. Pour assurer cette activité, l’établissement AREVA NC de La Hague exploite deux usines de production : UP2-800 (INB 117) mise en actif en 1994 et UP3 (INB 116) mise en actif en 1990. Les capacités de traitement sont de 1 000 tonnes par an pour chaque usine, avec une capacité de traitement réglementaire totale de l’établissement de 1 700 tonnes par an. En 2008, l’établissement a assuré le traitement de 937 tonnes de combustibles usés, 946 tonnes en 2007 et 1015 tonnes en 2006. Comme toute activité d’origine anthropique et en particulier industrielle, l’établissement est amené à effectuer des rejets. Ces rejets d’effluents liquides et gazeux sont réalisés dans un cadre réglementaire très précis. Depuis la mise en exploitation des installations, des améliorations continues ont été apportées afin d’optimiser la gestion des effluents liquidesetréduireaumaximuml’impactdesrejetsdansl’environnement. Cette réduction progressive de l’impact des rejets des installations d’AREVA NC s’est faite au fil du démarrage de nouvelles installations, construites en remplacement d’installations plus anciennes pour répondre au besoin d’un accroissement des capacités de production. Pour ce qui concerne les effluents radioactifs liquides, qui sont essentiellement constitués de toutes les solutions de lavage, rinçage, décontamination provenant des unités chimiques du traitement, une nouvelle station de traitement des effluents, dénommée STE3, a été mise en service en 1987, puis durant les années 1992-1996, un nouveau système de gestion des effluents liquides (Nouvelle Gestion des Effluents liquides, NGE) a été mis en œuvre avec pour objectif de réduire le volume des effluents à traiter dans l’installation STE3, celui des déchets solides associés et le niveau d’activité des eaux résiduaires issues du procédé. L’arrêté d’Autorisation de Rejets et de Prélèvements d’Eau (ARPE) de l’Etablissement AREVA NC La Hague de 2003, révisé en 2007 traduit explicitement cette démarche. Dans le cas du tritium, l’impact potentiel est considérablement réduit s’il est rejeté en mer plutôt que dans l’atmosphère compte tenu des conditions de dispersion et de dilution autour de La Hague (impact d’un rejet gazeux 1000 fois plus important que l’impact d’un rejet liquide à quantité égale). Cette problématique a été prise en compte dès la conception de l’installation. C’est pourquoi les traitements effectués sur les gaz de dissolution orientent plus de 99% du tritium vers les rejets liquides. Gestion des rejets de tritium du site AREVA NC de La Hague, impact et surveillance associés Patrick Devin 1, Hervé Deguette 2 1 Direction Sûreté Santé Sécurité Environnement, AREVA 2 Surveillance Radiologique de l’environnement, AREVA NC de La Hague 1 EBR = Rapport entre une dose d’un rayonnement à faible TEL (Transfert d’Energie Linéique) et une dose du rayonnement considéré qui donne le même effet biologique. Les valeurs de l’EBR varient selon la dose, le débit de dose et l’effet biologique considéré. Dans le domaine de la protection radiologique, l’EBR pour les effets stochastiques dus à de faibles doses (EBRM) présente un intérêt particulier.

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