Les cahiers Histoire de l'ASN #01

Voir glossaire pages 33 à 36 «Épinal a été un événement catalyseur en radioprotection. C’est un peu le Tchernobyl de la radioprotection. Juste après l’affaire d’Épinal, j’étais étonné que la discussion au ministère de la Santé tourne autour des questions juridiques et de l’impact financier. Les professionnels de santé, qui étaient opposés à tout ce qui ressemblait à de l’inspection, surtout venant de non-médecins, se sont assouplis. Ils se sont trouvés alors face à des patients inquiets. Il faut savoir que nous enregistrons en moyenne 180000 personnes par an qui suivent un traitement par radiothérapie et donc, statistiquement, le risque d’incident reste très faible. Il y a eu un très beau travail réalisé au niveau international sur la déclaration des événements en radiothérapie. Nous sommes partis sur le modèle utilisé dans le nucléaire, l’échelle de gravité des installations, à savoir la défense en profondeur. L’autre événement important, qui a succédé à l’accident d’Épinal, est le colloque organisé à Versailles en 2009 (voir encadré p. 25). On avait réussi à faire intervenir sur une même table ronde des patients qui avaient été victimes et des professionnels. Ce dialogue rare a été un moment très fort. Cela a représenté un événement fondateur, en présence de Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé et des Sports.» Jean-Christophe Niel Ancien directeur général de l’ASN Directeur général de l’IRSN Dans son rapport de 2006, l’ASN souligne que « l’importance du facteur organisation dans la prévention des risques est méconnue. Notre système de santé agrée les personnes et les structures, dès lors qu’elles satisfont, un jour donné, à des conditions de compétences et de moyens, mais ne se préoccupe plus du bon fonctionnement d’ensemble, une fois ce seuil franchi. Or les compétences ne sont pas acquises pour toujours, les équipements vieillissent et des méthodes approximatives peuvent rendre inefficients des moyens coûteux ». Le ton était donné et les mesures qui furent prises ont changé radicalement cette situation. Hôpital d’Épinal, les risques hors installations nucléaires Après l’accident d’Épinal, la ministre de la Santé et des Sports a annoncé, en novembre 2007, des mesures nationales, destinées à garantir la sécurité et la qualité des actes de radiothérapie. Ces mesures ont permis de sortir d’une crise sanitaire et d’aborder la période de transition (2009-2010), avant la date limite de mise en conformité de l’ensemble des centres de radiothérapie (2011). Les ressources humaines et la formation • Poursuivre les efforts de formation et de recrutement des radiophysiciens engagés en radiothérapie. • Former en nombre suffisant des manipulateurs en radiologie interventionnelle aux blocs opératoires pour les actes radioguidés. • Rendre obligatoire la présence du radiophysicien du début à la fin du traitement. La sécurité des installations • Rendre obligatoire l’installation d’un dispositif indiquant la dose de rayonnements émis (faisabilité) pour les appareils de radiologie interventionnelle mis en service avant 2004. • Évaluer la qualité des pratiques au niveau national, aussi bien en radiothérapie qu’en imagerie médicale ; dosimétrie in vivo (mesure de la dose en temps réel) ; double calcul d’unités moniteurs, renforcer les méthodes pour s’assurer que le faisceau délivre ce qui est attendu, et rendre cette précaution, qui existait déjà à l’époque d’Épinal, obligatoire. La relation avec les patients et les publics • Poursuivre les actions d’information, avec les associations de patients, sur la sécurité des soins en radiothérapie, à partir des conclusions de la conférence ASN de Versailles (2009). • Informer et impliquer les patients sur les bénéfices de l’imagerie médicale et sur les risques associés. ? Comment la radioprotection des patients et des personnels en milieu médical a-t-elle évolué à la suite de l’accident d’Épinal 24 • Les cahiers Histoire de l’ASN • Novembre 2023

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