Les cahiers Histoire de l'ASN #01

Une histoire de nuage L’expression du «nuage qui s’arrête à la frontière » a largement marqué les esprits et donne toujours, 35 ans plus tard, un sentiment de défiance vis-à-vis de l’information liée au nucléaire. En vérité, aucun ministre, aucun scientifique, ni aucun journaliste n’a jamais déclaré ou écrit que le nuage « s’est arrêté à la frontière ». Le Pr. Pellerin, en charge de la stratégie de communication du Gouvernement, avait déclaré « on n’a pas nécessairement les mêmes mesures de part et d’autre de la frontière », et la phrase, assez ambigüe, a été mal interprétée. Tchernobyl, la catastrophe ultime Voir glossaire pages 33 à 36 Les enseignements proprement techniques ont été limités, mais la catastrophe de Tchernobyl a fait naître le besoin de transparence de l’information, la culture de sûreté, la préparation à la gestion de crise et la concertation internationale. Sur le plan international, adoption de la Convention sur la sûreté nucléaire Adoptée le 17 juin 1994 à Vienne en Autriche, à la suite de l’accident de Tchernobyl, la Convention sur la sûreté nucléaire vise à engager les exploitants des centrales nucléaires à maintenir un niveau élevé de sûreté en établissant des principes fondamentaux de sûreté auxquels les États souscriraient. La Convention oblige les parties à soumettre des rapports sur la mise en œuvre de leurs obligations pour un « examen par les pairs » lors de réunions qui se tiennent au siège de l’AIEA. En France, amélioration de la coordination des pouvoirs publics Au nombre des dispositions prises pour faire évoluer la sûreté nucléaire, une circulaire interministérielle de 19895 organise la coordination des pouvoirs publics en cas d’incidents ou d’accidents ; la création du réseau de télémesure et d’alerte Téléray par le SCPRI (1990) ; le développement des exercices de crise nucléaire (1990) et la distribution préventive de comprimés d’iode pour les habitants vivant à proximité d’une centrale française (à partir de 1997), pour prévenir l’apparition de cancers de la thyroïde. Les PUI, PPI et leur validation par des exercices ont été encore renforcés. Mise en évidence de la nécessité d’une communication publique transparente En 1986, la possibilité d’un accident de l’ampleur de Tchernobyl n’est concevable ni par les autorités ni par le grand public. Le directeur de l’agence de presse soviétique Novosti, Valentin Faline, explique à l’époque que « la transparence ne s’établit pas du jour au lendemain. Quelque chose de très grave s’est produit. Nous n’avions aucune instruction concernant la prévention. Beaucoup de choses ont été improvisées, y compris dans le domaine de l’information ». En France, le Gouvernement délégua la communication au Pr. Pellerin, chef du SCPRI. Sa communication fut maladroite et peu efficace. Ainsi, son communiqué de presse du 30 avril annonce bien l’arrivée des premières retombées en France, en proclamant que leur niveau n’était aucunement dangereux, mais ne put être repris le 1er mai faute de médias et ne fut relayé que par quelques médias le 2 mai. Mais il n’évoque jamais un « nuage arrêté à la frontière ». ? Comment la sûreté nucléaire et la radioprotection ont-elles évolué à la suite de l’accident de Tchernobyl 20 • Les cahiers Histoire de l’ASN • Novembre 2023 5. Circulaire DGS/PGE/1B n°1561 du 16 octobre 1989 relative à l’information sur l’administration d’iode stable à la population en cas d’accident nucléaire.

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