Appréciations 2022
L’ASN considère que les performances de la centrale de Cattenom en matière de sûreté et de radioprotection rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. En matière de protection de l’environnement, la centrale nucléaire de Cattenom est jugée en retrait par rapport à la moyenne du parc. L’année 2022 a constitué une année particulière pour le site en raison des arrêts longs de trois des quatre réacteurs dans le cadre du phénomène de corrosion sous contrainte des circuits d’injection de sécurité.
Sur le plan de l’exploitation et de la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les performances confirment l’amélioration notée depuis 2020. Les inspections ont montré une bonne maîtrise des équipes de conduite et des progrès à la suite des constats faits lors de l’inspection de revue de 2021. Cependant, certains sujets demeurent, en particulier des défauts de surveillance par les équipes de conduite constatés sur plusieurs événements significatifs.
En matière de maintenance, l’année 2022 a été marquée par des arrêts de réacteurs prolongés – deux visites partielles et un arrêt fortuit spécifique – à cause des investigations relatives à la problématique de corrosion sous contrainte des circuits d’injection de sécurité constatée sur une partie des centrales nucléaires d’EDF. La durée prolongée des arrêts et l’absence de remise en service des réacteurs concernés n’ont pas permis d’évaluer la qualité des activités de maintenance dans le détail. Néanmoins, l’ASN note positivement la surveillance mise en œuvre sur les opérations nouvelles liées à la problématique de corrosion sous contrainte (contrôles ultrasons, soudages).
Comme les années précédentes, l’ASN constate que le processus de gestion des événements est globalement bien maîtrisé, et mobilise efficacement les acteurs du site jusqu’au niveau de la direction.
Dans le domaine de la prévention du risque d’incendie, l’ASN a constaté une amélioration du site sur plusieurs sujets, notamment la gestion des charges calorifiques et la sectorisation. En outre, des tournées hebdomadaires ont été mises en place et s’avèrent efficaces. Néanmoins, quelques constats ponctuels révèlent que ces améliorations restent à consolider et que des efforts doivent encore être fournis sur cette thématique.
La gestion de crise du site a été mise en œuvre dans le cadre d’un exercice national, ainsi que dans deux situations réelles (rejets générant des irisations en Moselle, détection d’un rejet d’ammoniac dans l’air). L’organisation et le gréement liés à ces événements se sont bien déroulés. Néanmoins, le manque de maîtrise par l’exploitant de l’installation de production de monochloramine a généré des difficultés dans la gestion de l’événement lié à la détection d’un rejet d’ammoniac.
En matière de protection de l’environnement, le site reste marqué par des fragilités, certains événements mettant en évidence une maîtrise perfectible d’installations spécifiques et des activités relatives aux rejets et à la surveillance de l’environnement. La maîtrise du risque de prolifération de microorganismes dans les tours aéroréfrigérantes nécessite toujours des traitements biocides renforcés, qui ont des conséquences sur les rejets aqueux.
Enfin, le site a connu une amélioration dans le domaine de la radioprotection en 2022 sur plusieurs thématiques : gestion des sources, accès aux zones contrôlées rouges, maîtrise des tirs radiographiques, nombre d’événements significatifs. Les pôles de compétence en radioprotection ont été mis en place et correctement gréés, même si un travail d’animation et d’appropriation de la démarche reste à développer. Néanmoins, des défaillances persistent, notamment dans la maîtrise des accès et du balisage des zones orange et de la dispersion de la contamination. Enfin, en matière de sécurité au travail, la conformité des installations électriques est à améliorer.