Les cahiers Histoire de l'ASN #01

La conscience du risque est présente dès les débuts Dès la première pile de Fermi, en 1942, la sûreté du réacteur est sujet à précautions et il est prévu de multiples moyens d’arrêt, rudimentaires, mais qui inspireront les systèmes actuels. Ainsi, un opérateur se tenait au-dessus de la pile armé d’une hache, prêt à couper la corde qui retenait une barre d’arrêt d’urgence enrobée de cadmium, un puissant absorbeur de neutrons, qui chuterait alors par gravité dans le cœur. Un deuxième opérateur, lui aussi au-dessus de la pile, armé d’un baquet empli d’une solution de sulfate de cadmium, était prêt à en asperger le réacteur. La pile était pilotée par une barre de commande en cadmium horizontale manipulée à la main et le flux neutronique était surveillé par des appareils de mesure. Octobre 1956, premier incident en France En octobre 1956, dans le réacteur G1 de Marcoule, une cartouche de combustible mal positionnée dans son canal s’échauffe et prend feu. Sept kilos de combustible nucléaire fondent. Grâce au système de détection de rupture de gaine, la pile est arrêtée, mais l’extraction quasi-manuelle de la cartouche s’avèrera complexe, faute de systèmes de manutention adaptés. C’est le premier incident en France, resté méconnu du grand public. Au commencement de l’encadrement de la sûreté nucléaire Entre 1945 et 1955, les premières années du développement de l’énergie nucléaire en France ne sont assorties d’aucune règle spécifique de sûreté, sinon celles que les chercheurs, ingénieurs et techniciens s’imposent volontairement. Fin 1957, en France, le haut-commissaire à l’énergie atomique Francis Perrin commence une réflexion sur l’organisation de la sûreté nucléaire. ••• «Personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais un accident grave en France. Il convient de faire deux choses: essayer de réduire la probabilité que cela arrive, ainsi que les conséquences, si cela arrive. C’est toute la philosophie de la sûreté nucléaire.» André-Claude Lacoste Président de l’ASN de 2006 à 2012 Accidents nucléaires et évolutions de la sûreté et de la radioprotection • 3 Criticité Dans le domaine de l’ingénierie nucléaire, la criticité est une discipline visant à évaluer et prévenir les risques de réaction en chaîne non désirée dans les installations nucléaires. C’est une sous-discipline de la neutronique. Le risque de criticité est le risque de déclencher une réaction en chaîne de fission incontrôlée.

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