Les cahiers Histoire de l'ASN #01

entrée dans les bâtiments abritant les diesels de secours et les tableaux électriques, entraînant aussi leur perte. À la suite de la perte des diesels et des batteries, les opérateurs ne disposent plus d’informations fiables des systèmes de refroidissement de secours. Ces systèmes deviennent au fil du temps indisponibles : il n’y a dès lors plus de moyens de refroidissement disponibles, ce qui conduit inéluctablement à la fusion des cœurs. Cette fusion des cœurs va provoquer des explosions dues à la concentration en hydrogène dans les bâtiments des réacteurs. En effet, par défaut de refroidissement, l’eau de la cuve se transforme en vapeur, la température de la gaine de combustible monte à plus de 1 200°C. Le zirconium de ces gaines s’oxyde alors et cette réaction produit de l’hydrogène. Au contact de l’air, cet hydrogène sous pression va provoquer de violentes explosions. Les dépressurisations entreprises volontairement par l’exploitant pour limiter la pression dans les enceintes de confinement conduisent aux premiers rejets de produits radioactifs dans l’environnement. Les explosions d’hydrogène vont contribuer à relâcher des quantités massives d’effluents radioactifs gazeux. Ensuite, l’intégrité du confinement étant perdue, l’eau contaminée présente dans les bâtiments des réacteurs conduira à d’importantes masses d’effluents radio- actifs liquides rejetés. La gestion des effluents et des rejets liquides radioactifs devient un enjeu majeur de la gestion du site. 12 mars 2011, explosion dans le bâtiment du réacteur 1 Le bâtiment qui abrite ce réacteur est soufflé à la suite d’une explosion d’hydrogène. 14 mars 2011, explosion dans le bâtiment du réacteur 3 Le toit du bâtiment du réacteur 3 est soufflé par une explosion d’hydrogène. « Aucun pays ne doit céder à l’autosatisfaction en matière de sûreté nucléaire. Certains des facteurs qui ont contribué à l’accident de Fukushima Daiichi ne sont pas propres au Japon. L’exercice permanent de l’esprit critique et de l’aptitude à apprendre de l’expérience est à la base de la culture de sûreté et indispensable pour quiconque travaille dans le secteur de l’énergie nucléaire. La sûreté doit toujours venir en premier. » Ces propos de Yukiya Amano, directeur général de l’AIEA de 2009 à 2019, illustrent ce qui a inspiré la réflexion et les décisions de l’ASN pour améliorer la sûreté des installations nucléaires en France. 15 mars 2011, explosions dans le bâtiment du réacteur 2, puis du réacteur 4 L’explosion est une nouvelle fois due à l’hydrogène qui s’est accumulé dans le bâtiment du réacteur 2. Pour le réacteur 4, le toit de la piscine d’entreposage du combustible usé a été soufflé, probablement en raison d’une explosion d’hydrogène issu du réacteur 3. Surchauffe des piscines de désactivation Parallèlement, les piscines de désactivation des réacteurs 1 à 4, dans lesquelles le combustible usé est entreposé, ne sont plus refroidies, faute d’alimentation électrique. Ce combustible usé continuant à émettre de la chaleur, la température de l’eau des piscines des réacteurs 3 et 4 montent jusqu’à ébullition, entraînant une baisse de niveau d’eau. Malgré les explosions et la perte de refroidissement, la piscine et les combustibles n’ont pas subi de dégradation notable. Des appoints d’eau dans les piscines ont pu être assurés. Fukushima : le bilan de l’accident nucléaire complexe à établir Même si aucune conséquence sanitaire liée à la radioactivité n’a été directement observée, le bilan du tsunami s’élève à 18000 morts et plus de 2000 disparus. Les impacts psychologiques, environnementaux et financiers de l’accident industriel, quant à eux, font l’objet de rapports réguliers de l’UNSCEAR. 12, 14 et 15 mars 2011 Explosions successives dans les bâtiments 1, 3, 2 et 4, essentiellement à cause de l’accumulation d’hydrogène dans les réacteurs. Accidents nucléaires et évolutions de la sûreté et de la radioprotection • 27

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