Rapport de l'ASN 2021

2 // Les différentes sources de rayonnements ionisants 4. Exposition de la population française aux rayonnements ionisants – Bilan 2014-2019, IRSN, 2021. 2.1 Les rayonnements ionisants d’origine naturelle En France, l’exposition à la radioactivité naturelle, sous ses différents modes (exposition aux rayonnements cosmiques, rayonnements telluriques, celle liée à l’incorporation de radionucléides naturels contenus dans les denrées et l’eau de boisson et celle associée à la présence de radon dans l’habitat) représente en moyenne 66% de l’exposition totale annuelle(4). 2.1.1 Les rayonnements cosmiques Les rayonnements cosmiques sont composés essentiellement d’ions. Ils possèdent une composante directement ionisante et une composante indirectement ionisante due aux neutrons (dite « composante neutronique »), variables en fonction de l’altitude et de la longitude. En prenant en compte l’altitude de chaque commune, le temps moyen passé à l’intérieur des habitations et un facteur de protection d’habitat de 0,8 (l’habitat atténue la composante ionique des rayonnements cosmiques), l’IRSN évalue la dose efficace individuelle moyenne par habitant en France à 0,31 mSv avec une variation de 0,3 à 1,1 mSv/an selon les communes. Les voyageurs et le personnel navigant sont exposés lors de vols aériens, en fonction de l’altitude du vol et du trajet, à une exposition qui varie de quelques microsieverts (μSv) pour un vol Paris‑province à près de 80 μSv pour un vol Paris‑Ottawa. La dose efficace moyenne annuelle reçue par la population est en France de 14 μSv. Du fait d’une exposition accrue aux rayonnements cosmiques en raison de séjours prolongés en altitude, une surveillance dosimétrique s’impose pour le personnel navigant (voir point 3.1.3). 2.1.2 Les rayonnements d’origine terrestre (hors radon) Les radionucléides naturels d’origine terrestre sont présents à des teneurs diverses dans tous les milieux constitutifs de notre environnement et de l’organisme humain. Ils conduisent à une exposition externe de la population du fait des rayonnements gamma émis par les produits de filiation de l’uranium-238 et du thorium-232, et par le potassium-40 présents dans les sols. Les teneurs en radionucléides naturels dans les sols sont extrêmement variables. Les valeurs des débits de dose d’exposition externe, à l’air libre, s’échelonnent en France, selon les régions, entre quelques nanosieverts par heure (nSv/h) et 100 nSv/h. Exposition externe aux rayons gamma d’origine tellurique À partir de résultats de mesures du débit de dose gamma ambiant sur le territoire à l’intérieur des bâtiments, de la cartographie du potentiel uranium des formations géologiques, d’une corrélation entre le débit de dose γ d’origine tellurique à l’extérieur de l’habitat et celui à l’intérieur de l’habitat et d’hypothèses sur le temps passé par la population à l’intérieur et à l’extérieur des habitations (respectivement 92% et 8%), la dose efficace annuelle moyenne due à l’exposition externe aux rayonnements gamma d’origine tellurique est estimée en France par l’IRSN à environ 0,63mSv par personne et par an. Elle varie de 0,30 mSv/an à 2,0 mSv/an selon les communes. Exposition liée à l’incorporation de radionucléides d’origine naturelle La moyenne de l’exposition interne due à l’incorporation de radionucléides d’origine naturelle est estimée à 0,55 mSv/an. Les deux principales composantes de cette exposition sont l’incorporation par l’alimentation et les eaux de boisson de potassium-40 (0,18 mSv) et des descendants des chaînes de l’uranium et du thorium (0,32 mSv). En fonction des habitudes de consommation de chacun, en particulier de la consommation de poissons, de fruits de mer et de tabac, cette exposition peut fortement varier : de 0,4 mSv/an jusqu’à plus de 3,1 mSv/an pour, respectivement, les personnes ne consommant pas ces produits et celles en consommant de façon importante. Les eaux destinées à la consommation humaine, notamment celles d’origine souterraine, ainsi que les eaux minérales, se chargent en radionucléides naturels du fait de la nature des couches géologiques dans lesquelles elles séjournent. La concentration en descendants de l’uranium et du thorium, mais aussi en potassium-40, varie selon les ressources exploitées, compte tenu de la nature géologique du sous‑sol. La dose efficace moyenne liée aux descendants des chaînes U‑Th dans les eaux de boisson est estimée par l’IRSN à 0,01 mSv/an. Une valeur haute de 0,30 mSv/ an est retenue pour illustrer la variabilité de cette exposition. 2.1.3 Le radon Certaines zones géographiques présentent un potentiel élevé d’exhalation de radon du fait des caractéristiques géologiques des terrains (sous‑sol granitique par exemple). La concentration mesurée à l’intérieur des habitations dépend également de l’étanchéité du bâtiment (soubassements), de la ventilation des pièces et du mode de vie des occupants. Des campagnes nationales de mesurages avaient permis de classer les départements en fonction du potentiel d’exhalation de radon des terrains. En 2011, l’IRSN a publié une cartographie du territoire national en considérant le potentiel d’exhalation de radon dans le sol, à partir des données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Sur cette base, une classification plus fine, par commune, a été publiée par l’arrêté interministériel du 27 juin 2018 (voir moteur de recherche par commune et cartographie disponibles sur asn.fr et irsn.fr). À partir des résultats de mesures disponibles et de la cartographie du potentiel radon géogénique du territoire, le temps moyen passé à l’intérieur des habitations et d’hypothèses sur les habitats concernés (collectifs ou individuels), l’IRSN a estimé la concentration moyenne en radon pour chaque commune : la concentration moyenne en radon-222 à l’intérieur de l’habitat en France métropolitaine, pondérée par la population et le type d’habitat, est de 60,8 Bq/m3. En utilisant le facteur de dose de la CIPR 65 actuellement en vigueur, la dose efficace moyenne par habitant est estimée à 1,45 mSv/an. En fonction des communes, cette dose efficace varie de 0,31 mSv/an à 19 mSv/an. L’IRSN a par ailleurs publié une évaluation des conséquences de l’adoption des nouveaux coefficients publiés par la CIPR dans sa publication 137 (voir encadré en page 104). La nouvelle obligation faite aux laboratoires d’analyse des détecteurs radon de transmettre à l’IRSN les résultats des mesurages et les résultats attendus de l’action 7 du 4e plan national 106 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 01 – LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT

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