Rapport de l'ASN 2018

d’assainissement. L’un des principaux enjeux réside cependant dans la production importante de déchets TFA et dans leur gestion, afin d’assurer leur entreposage puis leur élimination par une filière appropriée. 2.3  ̶  Les installations de l’amont du cycle du combustible nucléaire Quatre installations de l’amont du cycle du combustible en exploitation sont arrêtées. Deux installations (INB 65 et 90), dont le démantèlement est presque achevé, constituent l’an­ cienne usine de fabrication de combustibles nucléaires de Veurey‑Voroize, exploitée par la Société industrielle du com­ bustible nucléaire (groupe Orano). Deux installations, situées sur le site du Tricastin, l’une spécialisée dans l ’ enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse ( INB 93 ) , l’autre dans la conver­ sion de l’uranium ( INB 105 ) , sont en phase de préparation au démantèlement. Les matières radioactives mises en œuvre lors du fonctionne­ ment de ces usines étaient uniquement des substances urani­ fères. Une des spécificités de ces installations réside donc dans la présence de contamination radioactive liée à la présence d’isotopes de l’uranium, émetteurs de particule « alpha ». Les enjeux de radioprotection sont donc en grande partie liés au risque de contamination interne. Néanmoins, la présence d’ura­ nium uniquement facilite la caractérisation de l’état de l’instal­ lation au début des opérations de démantèlement. Par ailleurs, ces installations sont également des installations anciennes, dont l’historique de fonctionnement est mal connu. La détermination de l’état initial, et notamment des pollutions présentes dans les sols sous les structures, demeure donc un enjeu important. Par ailleurs, les procédés industriels mis en œuvre impliquaient l’utilisation de substances chimiques toxiques en quantités importantes (uranium, trifluorure de chlore ou fluorure d’hydrogène par exemple) : le confinement de ces substances chimiques représente donc également un enjeu sur ces installations. 2.4  ̶  Les installations de l’aval du cycle du combustible Les installations de l’aval du cycle du combustible sont consti­ tuées des piscines d’entreposage des combustibles usés, des usines de traitement des combustibles usés et des entreposages des déchets du procédé de traitement. Ces installations, exploi­ tées par Orano Cycle, sont situées sur le site de La Hague. La première installation de traitement de La Hague a été mise en service en 1966, initialement pour le traitement du combus­ tible des réacteurs de première génération UNGG. Cette instal­ lation, l’INB 33, dénommée UP2‑400 , pour «unité de production 2‑400 tonnes » (la première usine de traitement aujourd’hui en démantèlement était UP1, située dans l’INBS de Marcoule), a été définitivement arrêtée le 1 er janvier 2004 avec ses ateliers supports : la station de traitement des effluents STE2 et l’atelier de traitement des combustibles usés AT1   (INB 38), l’atelier de fabrication de sources radioactives ELAN IIB (INB 47) et l’ate­ lier « haute activité oxyde » ( HAO ) , créé pour le traitement des combustibles des réacteurs à « eau légère » (INB 80). Contrairement aux déchets conditionnés directement en ligne que produisent les usines en fonctionnement UP2‑800   et UP3‑A , la majeure partie des déchets produits par la pre­ mière usine de retraitement ont été entreposés en vrac. Le démantèlement se fait donc en parallèle des opérations de reprise et conditionnement des déchets anciens (RCD). Ces déchets sont très irradiants et sont composés des éléments de structure issus du traitement de combustibles, de déchets technologiques, de gravats, de terres, de boues. Certains déchets ont été entreposés en vrac, sans tri préalable. Les opérations de reprise nécessitent donc des moyens de pré­ hension téléopérés, des systèmes de convoyage, de tri, des systèmes de pompage des boues et de conditionnement des déchets. Le développement de ces moyens et la réalisation des opérations dans des conditions acceptables de sûreté et de radioprotection constituent un enjeu majeur pour l’ex­ ploitant. Ces opérations pouvant durer plusieurs décennies, la maîtrise du vieillissement est aussi un défi. Tenant compte des quantités, des formes physico‑chimiques, de la radio‑ toxicité des déchets contenus dans ces ateliers, l’exploitant doit développer des moyens et des compétences faisant appel à des techniques d’ingénieries complexes (radioprotection, chimie, mécanique, électrochimie, robotique, intelligence artificielle…). Actuellement, une dizaine de projets de ce type sont en cours dans les ateliers anciens d’entreposage. Ils vont se dérouler sur plusieurs décennies et sont un préalable au démantèlement de ces ateliers, alors que le démantèlement des ateliers de procédé de l’usine se poursuit avec des techniques plus classiques. 2.5  ̶  Les installations support (entreposage, traitement des effluents et de déchets) La disponibilité des installations dites « support » (installations d’entreposage de déchets ou de matières, de conditionnement de déchets, de traitement d’effluents…) conditionne la réalisa­ tion des opérations de RCD, de démantèlement et d’assainis­ sement. En effet, ces installations doivent non seulement être disponibles, en temps voulu, mais également être adaptées aux quantités et aux types de déchets ou effluents qu’elles seront amenées à traiter. Nombre de ces installations, la plupart mises en service dans les années 1960, dont le niveau de sûreté n’est pas conforme aux meilleures pratiques actuelles, ont été arrêtées. Elles n’ont pas toujours été remplacées par des installations neuves. S’agissant des anciennes installations d’entreposage, elles n’ont pas initialement été conçues pour permettre l’évacuation des déchets et, pour certaines, le stockage de ces déchets y était envisagé comme définitif. À titre d’exemple, l’on peut citer les silos de Saint‑Laurent‑des‑Eaux (INB 74), les silos de l’usine Orano Cycle de La Hague (silos 115 et 130 dans l’INB 38, silo HAO dans l’INB 80), les fosses et tranchées de l’INB 56, les puits de l’INB 72 et de l’INB 166. La reprise des déchets y est com­ plexe et s’étalera sur plusieurs décennies. Les déchets doivent être ensuite conditionnés et ré‑entreposés dans de bonnes conditions de sûreté. De nouvelles installations de condition­ nement et d’entreposage sont ainsi en projet ou en cours de construction. Ce conditionnement et cet entreposage doivent être réalisés sans nuire à la capacité des déchets à être ensuite stockés dans des installations en projet. Il est donc nécessaire que les exploitants s’engagent dans un programme ambitieux de développement concernant le conditionnement des déchets de faible et moyenne activité à vie longue. Initialement, presque chaque site disposait d’une station de trai­ tement des effluents (STE), qui procédait également au condi­ tionnement des concentrats. Le vieillissement de ces installa­ tions ou l’arrêt du fonctionnement des installations productrices d’effluents a conduit à l’arrêt de ces STE. À titre d’exemple, l’on peut citer la STED de FAR, l’INB 37- B de Cadarache, la STE2 de l’usine de La Hague et la STE de Brennilis. Les difficul­ tés associées au démantèlement des STE dépendent étroitement des conditions de l’arrêt de ces dernières, en particulier de leur vidange et du rinçage des cuves. 342  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 13 – LE DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE

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