Rapport de l'ASN 2018

des techniques de découpe et d’accès innovantes, dans des conditions d’irradiation élevées. Le démantèlement de ces réacteurs conduira EDF à gérer des volumes de déchets signi­ ficatifs. L’exutoire final de certains de ces déchets est en cours de définition, comme les briques graphite pour lesquelles un stockage FA‑VL est envisagé. Le démantèlement du réacteur EL4-D (réacteur prototype à eau lourde) a été ralenti, d’une part en raison de l’absence de retour d’expérience concernant les techniques de démantèlement à mettre en œuvre, d’autre part en raison d’aléas concernant la mise en service de l’entreposage dédié aux déchets les plus actifs ( Iceda voir partie introductive et chapitre 14). Le démantèlement des réacteurs refroidis au sodium (Phénix, Superphénix) n’est confronté à aucun obstacle technologique majeur. Les enjeux spécifiques résident principalement dans la maîtrise du risque d’incendie lié à la présence de sodium et la sûreté de ces procédés de traitement. 2.2  ̶  Les installations de recherche 2.2.1  –  Les laboratoires de recherche Quatre laboratoires de recherche sont en cours de démantèle­ ment ou en préparation au démantèlement. Il s’agit du labora­ toire de haute activité ( LHA ) de Saclay (INB 49), du laboratoire de purification chimique ( LPC ) de Cadarache (INB54), de l’ate­ lier des matériaux irradiés ( AMI ) de Chinon (INB 94) et du labo­ ratoire dénommé « Procédé » de Fontenay‑aux‑Roses (INB 165). Ces laboratoires ont démarré dans les années 1960 ; ils étaient dédiés à la R&D, réalisée en soutien du développement de la filière électronucléaire en France. De façon générale, les opérations de démantèlement à réaliser dans les laboratoires de recherche avant le déclassement se font en plusieurs étapes : ∙ ∙ l’évacuation des déchets historiques ou anciens ; ∙ ∙ le démontage des équipements électromécaniques et des enceintes de confinement ; ∙ ∙ l’assainissement des structures et des sols pollués par les acti­ vités de l’INB, s’il y a lieu. La déconstruction des structures et du génie civil, s’il y a lieu, peut être réalisée de manière conventionnelle après leur assai­ nissement complet. Néanmoins, dans certains cas de structures très contaminées, il est nécessaire de réaliser cette déconstruc­ tion au cours des étapes du démantèlement, leur stabilité ne pouvant plus être garantie une fois qu’elles sont assainies. Dans ce cas, la déconstruction, réalisée avec les techniques spéci­ fiques du nucléaire, est une étape nécessaire au déclassement. Ces installations très anciennes sont toutes confrontées à la problématique de gestion des déchets dits « historiques », entreposés sur place à une époque où les filières de gestion n’avaient pas été mises en place : déchets MA‑VL, déchets sans filière (par exemple : amiante, mercure...). Par ailleurs, des incidents ont eu lieu lors de leur exploitation, contribuant à l’émission de substances radioactives à l’intérieur et à l’extérieur des enceintes de confinement et à des pollutions plus ou moins importantes des structures et des sols, ce qui rend les démantèlements difficiles et longs. Une des étapes les plus importantes, et parfois difficile du fait d’archives incomplètes, du démantèlement de ce type d’instal­ lation, consiste à établir le plus précisément possible l’inven­ taire des déchets et l’état radiologique de l’installation pour définir les étapes du démantèlement et les filières de gestion des déchets. En effet, des états initiaux incomplets et une carac­ térisation des déchets insuffisante conduisent à devoir réviser les étapes prévues et à des difficultés de conditionnement des déchets, préjudiciables à l’avancement du démantèlement. Lorsque les déchets sont évacués, très souvent dans des entreposages intermédiaires, et les principaux équipements démontés à distance avec les moyens de manutention existants, il est le plus souvent nécessaire, pour poursuivre les travaux de démantèlement, d’ouvrir les barrières de confinement des substances radioactives afin d’éliminer les derniers équipe­ ments de procédé ou de recherche, ainsi que les tuyauteries, en utilisant, entre autres, des moyens de découpe et des moyens de manutention plus importants. Ces derniers, en eux‑mêmes, présentent des risques et peuvent conduire à une dissémination de la matière radioactive, source potentielle de contamination interne et externe pour les intervenants qui opèrent au plus près et doivent être protégés. Ces travaux peuvent en outre être réalisés à proximité de sources de rayonnements qui induisent des risques d’exposition externe pour les intervenants. 2.2.2  –  Les réacteurs de recherche En 2018, six réacteurs expérimentaux sont définitivement arrêtés : Rapsodie (réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium), Masurca (maquette critique), Minerve , Phébus , Osiris (réacteurs de type « piscine »), ÉOLE (réacteur à eau) et Ulysse (réacteur d’enseignement). Tous sont en phase de préparation au démantèlement, sauf Ulysse dont le démantèlement doit être achevé en 2019. Ces réacteurs sont caractérisés par une puissance plus faible (de 100 Wth à 70 MWth) que pour les réacteurs électronucléaires. Leur démantèlement n’avait pas été anticipé au moment de leur conception, dans les années 1960 à 1980. Par ailleurs, l’une des problématiques majeures du démantèlement est la mémoire de la conception et de l’exploitation de l’installation. Ainsi, le maintien de compétences et la phase de caractérisation de l’installation visant à définir son état initial (état de l’installation au début du démantèlement) présentent une importance cruciale. Au moment du démantèlement, ces installations présentent généralement un faible terme source radiologique, puisque l’une des premières opérations consiste à évacuer le combustible usé lors des opérations préparatoires au démantèlement. Les réacteurs de recherche bénéficient d’un retour d’expérience significatif, lié au démantèlement de nombreuses installations similaires en France  ( Siloé , Siloette , Harmonie , Triton, le réacteur universitaire de Strasbourg ) et à l’international. Leur démantèlement se fait sur des durées de l’ordre de la dizaine d’années. Les opérations de démantèlement d’un réacteur de recherche entraînent des risques évoluant rapidement du fait des nombreuses modifications de l’installation : peu à peu, les risques nucléaires laissent place aux risques industriels conven­ tionnels, tels que le risque lié à la gestion de plusieurs chantiers simultanés, ou encore le risque chimique lors de la phase Inspection de l’ASN à l’Atelier des matériaux irradiés – juin 2018 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018  341 13 – LE DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE 13

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