Rapport de l'ASN 2017

46 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 01  - Les activités nucléaires : rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement 1. L’état des connaissances sur les dangers et les risques liés aux rayonnements ionisants Les rayonnements ionisants sont définis comme étant capables de produire directement ou indirectement des ions lors de leur passage à travers la matière. Parmi eux, on distingue les rayons X, les rayonnements gamma, alpha et bêta, ainsi que les rayonne- ments neutroniques, chacun d’entre eux étant caractérisé par des énergies et des pouvoirs de pénétration différents. 1.1 Les effets biologiques et les effets sanitaires Qu’ils soient le fait de particules chargées, par exemple un élec- tron (rayonnement bêta) ou un noyau d’hélium (rayonnement alpha), ou de photons (rayons X ou rayons gamma), les rayon- nements ionisants interagissent avec les molécules constitutives des cellules de la matière vivante et les transforment chimi- quement. Parmi les lésions ainsi créées, les plus importantes concernent l’ADN des cellules; elles ne sont pas fondamen- talement différentes de celles provoquées par certaines subs- tances chimiques toxiques, exogènes ou endogènes (résultant du métabolisme cellulaire). Lorsqu’elles ne sont pas réparées par les cellules elles-mêmes, ces lésions peuvent conduire à la mort cellulaire et à l’appari- tion d’effets biologiques néfastes, dès lors que le tissu ne peut plus assurer ses fonctions. Ces effets, appelés « effets déterministes », sont connus de longue date puisque les premiers effets ont été observés assez tôt après la découverte des rayons X par W. Röntgen (début des années 1900). Ils dépendent de la nature du tissu exposé et appa- raissent de façon certaine dès que la quantité de rayonnements absorbée dépasse un certain niveau de dose. Parmi ces effets, citons par exemple l’érythème, la radiodermite, la radionécrose et la cataracte. Les effets sont d’autant plus graves que la dose de rayonnements reçue par le tissu est elle-même importante. L es rayonnements ionisants peuvent être d’origine naturelle ou provenir d’activités nucléaires d’origine humaine. Les expositions de la population aux rayonnements ionisants d’origine naturelle résultent de la présence de radionucléides d’origine terrestre dans l’environnement, de l’émanation de radon en provenance du sous-sol et de l’exposition aux rayonnements cosmiques. Les activités nucléaires sont définies par le code de la santé publique comme « les activités comportant un risque d’exposition des personnes aux rayonnements ionisants lié à la mise en œuvre soit d’une source artificielle, qu’il s’agisse de substances ou de dispositifs, soit d’une source naturelle, qu’il s’agisse de substances radioactives naturelles ou de matériaux contenant des radionucléides naturels… ». Ces activités nucléaires incluent celles qui sont menées dans les installations nucléaires de base (INB) et dans le cadre du transport des subs- tances radioactives, ainsi que dans les domaines médical, vétérinaire, industriel et de recherche. Les différents principes auxquels doivent répondre les activités nucléaires, notamment les principes de sûreté nucléaire et de radioprotection, sont présentés au chapitre 3. Au-delà des effets des rayonnements ionisants, les INB sont, comme toute installation industrielle, à l’origine de risques et de nuisances non radiologiques tels que les rejets de substances chimiques dans l’environnement ou l’émission de bruit. Les cellules peuvent aussi réparer, mais de façon imparfaite ou erronée, les lésions ainsi provoquées. Parmi les lésions qui subsistent, celles de l’ADN revêtent un caractère particulier car des anomalies résiduelles d’ordre génétique peuvent être trans- mises par divisions cellulaires successives à de nouvelles cel- lules. Une seule mutation génétique est loin d’être suffisante pour la transformation en cellule cancéreuse mais cette lésion due aux rayonnements ionisants peut constituer une première étape vers la cancérisation. La suspicion d’un lien de causalité entre une exposition aux rayonnements ionisants et la survenue d’un cancer remonte à 1902 (observation d’un cancer de la peau sur une radiodermite). COMPRENDRE UNSCEAR Le rapport 2016 de l’UNSCEAR Sources, effets et risques des rayonnements ionisants dresse en particulier un état des connaissances sur l’exposition aux rayonnements ionisants du public résultant des industries produisant de l’électricité. La première partie du rapport présente les évolutions de la méthodologie permettant d’estimer l’exposition du public due aux rejets de l’industrie produisant l’électricité. Il compare l’exposition aux rayonnements ionisants résultant des différentes industries productrices d’électricité: nucléaire, charbon, gaz, pétrole, géothermie, solaire et vent. La contribution des industries produisant de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire et du charbon a été particulièrement étudiée. Les résultats montrent que l’industrie du cycle du charbon contribue à plus de la moitié de la dose collective reçue par le public pour un an de production d’électricité. Pour une même quantité d’électricité produite, le cycle du charbon participe majoritairement à la dose collective du public suivi par le nucléaire et de façon plus faible les autres industries, à l’exception de la géothermie.

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