Appréciations 2022
La centrale nucléaire de Civaux a connu une année 2022 singulière avec ses deux réacteurs à l’arrêt. Cette situation est liée à la gestion du phénomène de corrosion sous contrainte affectant certaines tuyauteries raccordées au circuit primaire, identifié en 2021 sur le réacteur 1 et au déroulement des visites décennales sur les deux réacteurs. En matière de sûreté, l’ASN n’est ainsi pas en mesure de comparer les performances de la centrale nucléaire de Civaux avec celles des autres centrales nucléaires. Elle considère que les performances de la centrale nucléaire de Civaux en matière de radioprotection se distinguent favorablement par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF, et que ses performances en matière de protection de l’environnement rejoignent cette appréciation générale.
Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN souligne favorablement l’attitude d’EDF qui a privilégié la sûreté de ses installations en maintenant volontairement à l’arrêt ses deux réacteurs pour mener à bien le remplacement de tuyauteries potentiellement affectées par des fissures de corrosion sous contrainte. Durant cette période pendant laquelle les équipes de la conduite ont été moins mobilisées dans le pilotage des installations, l’ASN relève qu’EDF a pris des mesures appropriées pour maintenir et développer les compétences de ses agents en adaptant de manière réactive le programme de formation dans le cadre de l’intégration de nombreuses modifications liées à la seconde visite décennale. En matière de maintenance, l’ASN estime que la situation du site est globalement satisfaisante. Elle considère néanmoins que la documentation associée reste à améliorer tout comme la surveillance des prestataires. L’année 2022 a notamment été marquée par une non-qualité de maintenance qui a occasionné une perte d’étanchéité brutale du circuit primaire principal lors de sa montée en pression pour son épreuve hydraulique. L’événement n’a eu aucune conséquence majeure. L’ASN a pu constater la bonne gestion de cet aléa par l’exploitant. Enfin, la gestion des consignations des matériels avant intervention est jugée en deçà de l’attendu et doit être améliorée.
La radioprotection des travailleurs a été un enjeu important en 2022, du fait des nombreuses activités liées aux deux visites décennales. L’ASN considère comme en 2021 que la propreté radiologique constitue un point fort du site. La dosimétrie collective liée au chantier de remplacement des tuyauteries pour prévenir le phénomène de corrosion sous contrainte a été moindre qu’attendue, limitant ainsi l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants. Néanmoins, l’ASN constate toujours des comportements inadaptés des travailleurs en zone contrôlée au regard des règles de radioprotection applicables. Elle note des absences de radiamètre et des sas de travail non-conformes.
En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que la centrale nucléaire de Civaux a géré de manière satisfaisante les déchets et les effluents radioactifs en 2022. Des avancées significatives mais qui restent à conforter ont été observées concernant les projets de confinement des eaux d’extinction incendie et de la gestion des terres de remblais.
En matière d’inspection du travail, l’ASN considère que l’organisation mise en place pour la détection et le traitement des situations dangereuses et l’appropriation des points clefs des régimes de consignation doivent être rendues plus robustes. Elle note notamment plusieurs situations à risque pour les intervenants en milieu confiné. L’ASN a constaté également des défauts récurrents dans la maîtrise du risque lié à l’amiante, qui se sont traduits par plusieurs expositions accidentelles. L’ASN estime que l’exploitant doit intensifier ses efforts dans ce domaine. Néanmoins, l’ASN relève positivement la mise en place d’ateliers hebdomadaires à destination des managers pour le portage de la sécurité au sein des collectifs, ainsi que l’engagement du site à accompagner les prestataires lors des visites de terrain.