Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

130 Origine, modes de gestion et évaluation de technologies de piégeage en vue de réduire les rejets 1 6 Impact des rejets de tritium de l’usine AREVA NC de La Hague L’impact dosimétrique sur les populations riveraines autour de La Hague est estimé à partir du logiciel ACADIE issu des travaux du GRNC (Groupe Radioécologie Nord-Cotentin) et développé conjointement par l’IRSN et AREVA NC. L’impact dosimétrique annuel du tritium sur les groupes de réfé‑ rence de Goury (groupe de référence marin) et Digulleville (groupe de référence terrestre) est inférieur à 0,1 µSv/an, soit moins de 1 % de l’impact total lui-même de l’ordre de 10 à 20 µSv comparable à moins de deux journées d’exposition à la radioactivité naturelle. Cette estimation est soumise à l’appréciation du groupe radioécologie NordCotentin (GRNC) dont l’avis est rendu public et est présenté à la CLI de La Hague. Le GRNC est un groupe d’expertise pluraliste constitué d’experts d’origines et de domaines de compétences divers (Instituts, ONG, experts étrangers, industriels). Ce travail a été réalisé sur les activités de 2003 à 2006. Cette appréciation a toujours confirmé l’ordre de grandeur des résultats présentés par AREVA NC La Hague. Compte tenu des conditions de dispersion, des modes de vie et des habitudes alimentaires autour de La Hague, la radiotoxicité du tritium rejeté sous forme gazeuse est 1000 fois supérieure à celle du tritium rejeté sous forme liquide ; la voie de transfert prépondérante étant celle de l’ingestion d’eau tritiée par l’eau de boisson, l’eau des aliments et de tritium organique contenu dans les aliments d’origine terrestre. Le tritium est un radionucléide, qui sous forme d’eau tritiée est très mobile et rapidement intégré dans les cycles de la géosphère et de la biosphère, mais ne présente pas de tendance à l’accumulation dans les composants environnementaux et biologiques. Les données obtenues en 2004, année pour laquelle l’impact a été maximal sont présentées dans le tableau 2. Celles obtenues en 2008 sont présentées dans le tableau 3. Tableau 2. Impact des rejets de tritium en 2004 sur les groupes de référence Digulleville Goury impact rejets tritium liquide (µSv/an) 2,9.10-3 13,4.10-3 impact rejets tritium gazeux (µSv/an) 78,4.10-3 30,2.10-3 impact rejets tritium liquide + gazeux (µSv/an) 81,3.10-3 43,6.10-3 Tableau 3. Impact des rejets de tritium en 2008 sur les groupes de référence Digulleville Goury impact rejets tritium liquide (µSv/an) 1,7.10-3 7,9.10-3 impact rejets tritium gazeux (µSv/an) 51,0.10-3 19,6.10-3 impact rejets tritium liquide + gazeux (µSv/an) 52,7.10-3 27,5.10-3 Ces considérations amènent aux conclusions suivantes : • l’impact des rejets de tritium est très faible (inférieur à 0,1 µSv/an) et contribue à hauteur de 1 % de l’impact total autour de La Hague, • le rejet du tritium dans les effluents liquides doit être privilégié afin de bénéficier de la réduction d’impact obtenue par la dilution du rejet en mer. 2 Expertise des possibilites de réduction des rejets tritium des usines AREVA NC de La Hague 2 1 Définition de la stratégie L’évaluation des rejets de tritium dans les effluents liquides prévoit un dépassement de l’autorisation de rejet correspondante pour un scénario à moyen terme correspondant au traitement annuel de 1700 tonnes de combustibles usés aux caractéristiques moyennes suivantes : • un temps de refroidissement de 5 ans, • un taux de combustion supérieur ou égal à 45 000 MWj/t. La stratégie globale prise en compte pour l’évaluation de la réduction de l’impact des rejets de tritium dans l’environnement consiste à piéger, immobiliser et conditionner sous une forme appropriée le tritium présent dans les effluents liquides en vue d’un entreposage (immobilisation temporaire permettant la décroissance du tritium) ou stockage (immobilisation sous forme de déchet ultime). Le volume annuel d’effluents liquides tritiés rejetés en mer est de l’ordre de 40 000 m3. L’immobilisation par un procédé de solidification (cimentation et/ou adsorption) est un procédé simple, disponible immédiatement et maîtrisé par AREVA NC. Cependant, l’étude des points suivants doit être approfondie : • le confinement du tritium pendant la coulée et la prise du ciment. Les gaz de ventilation du procédé doivent être traités dans une unité spécifique. Certaines études indiquent en effet que la perte initiale représente 25% de la quantité traitée . • les risques de surpression et d’explosion liés au dégagement d’hélium-3 et de dihydrogène produit par l’autoradiolyse de l’eau tritiée. Ces études permettront de préciser la nature de l’enveloppe du colis cimenté final et d’évaluer les coûts liés à la cimentation des effluents liquides tritiés. Par ailleurs, l’estimation réalisée en considérant une formulation classique pour le ciment montre que le volume annuel de déchet cimenté serait de l’ordre de 80 000 m3. De même, le volume à entreposer en cuve sous forme liquide peut être évalué en considérant une période d’entreposage égale à une période de décroissance, ce qui permet de réduire le rejet de tritium d’un facteur 2. Le volume maximal à entreposer est alors de 500 000 m3. En conséquence, la mise en œuvre de procédés de concentration des effluents tritiés afin de rendre le volume à entreposer ou conditionner compatible avec les voies identifiées est également étudiée. Cependant, cette étape engendre des risques supplémentaires de rejet incidentel de matière dans l’environnement. L’impact de ces rejets est accru en raison de l’augmentation de l’activité et des quantités de tritium accumulées lors de cette étape. Nota : • Cette solution nécessite également : • une gestion adaptée du risque d’explosion et de fuite de tritium liées à la production de dihydrogène tritié et d’hélium par l’autoradiolyse de l’eau tritiée, • une maîtrise des risques de corrosion des matériaux induite par les radiations β et l’eau oxygénée produits par l’autoradiolyse de l’eau tritiée, • un traitement des gaz de ventilation des cuves permettant de prévenir les rejets de tritium dans les effluents gazeux. Ce paragraphe présente les principaux procédés permettant de diminuer le volume d’effluents liquides tritiés à traiter en vue de réduire les rejets de tritium dans l’environnement et évalue la faisabilité de leur mise en œuvre dans une usine de traitement du combustible usé et plus particulièrement dans l’usine AREVA NC de La Hague : • voloxydation, • procédés pyrométallurgiques, • procédés de séparation isotopique de l’hydrogène, • procédé TRILEX.

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=