Contrôle n°201

CONTRÔLE | N° 201 | DÉCEMBRE 2016 54 L’ IRSN participe systémati- quement aux exercices de crise nationaux en gréant son organisation de crise, notamment son centre technique de crise (CTC) où il réalise, tout au long de l’exercice, le diagnostic et le pronostic de la situation accidentelle (évaluation de l’état de l’installation et des consé- quences radiologiques dans l’environne- ment). Il dépêche également, au niveau local, des moyens mobiles qui viennent s’insérer dans l’organisation mise en place par la préfecture sur le terrain. En particulier, une directive intermi- nistérielle établie en 2005 et relative à la réalisation des mesures de radioac- tivité environnementale en cas d’acci- dent radiologique, confie à l’IRSN un rôle de coordination des mesures radio- logiques au niveau local, de centrali- sation et d’interprétation des résultats ainsi que leur restitution aux autorités ; celle-ci est effectuée avec l’outil déve- loppé par l’IRSN et dénommé Criter. Si les décisions concernant la protec- tion des populations sont généralement prises à partir de résultats d’évaluation prédictive, ces évaluations doivent au plus tôt être confirmées par les résul- tats de mesure de radioactivité dans l’environnement. Une stratégie de mesures avant, pendant et après les rejets Sur le terrain, la définition de la stratégie de mesure est établie par l’IRSN pour cha- cune des phases de l’accident : › › avant rejet pour vérifier l’absence de rejets ; › › pendant les rejets pour en évaluer l’importance et la composition ; › › après pour préciser l’état de la contamination environnementale. Certains exercices nationaux permettent de tester la définition et la mise en œuvre de cette stratégie, qui s’effectue en rela- tion avec les sapeurs-pompiers, premiers acteurs sur le terrain, l’IRSN prenant la relève à son arrivée sur place. L’ IRSN contribue sur le terrain à la réalisation des mesures radiologiques en déployant des moyens de mesures variés. Ainsi, la cellule mobile de l’IRSN dépêchée sur le terrain est constituée, a minima, d’une dizaine de personnes qui ont toutes un rôle défini. Il s’agit pour certains d’établir la stratégie de mesure et de collecter les résultats et, pour d’autres, de mettre en œuvre des moyens de mesures. La composition de cette cellule évolue au cours du temps en fonction des moyens à déployer, l’une des opérations importantes étant d’organiser les relèves de personnel pour assurer une contribution dans la durée. Environ 60 experts de l’IRSN composent les viviers dédiés à la cel- lule mobile. Un réseau de surveillance pour donner l’alerte Chronologiquement, par exemple dans les scénarios d’accident concernant des réacteurs électronucléaires, les pre- mières données disponibles sont celles des réseaux fixes de mesures télétrans- mis, en particulier par les balises de l’exploitant situées autour du site et par celles du réseau Téléray de l’IRSN situées au-delà. Ce réseau, qui a été entièrement rénové entre 2013 et 2015 et qui comprend désormais environ 400 balises de mesure du débit de dose sur le territoire, constitue un premier moyen d’alerte de l’atteinte de l’environnement, dont les résultats sont disponibles en temps réel. Le déploiement de moyens mobiles sur le terrain Compte tenu du retour d’expérience des exercices et des crises réelles, l’IRSN a aussi développé au fil des années des moyens d’investigation. Ceux-ci per- mettent de disposer rapidement de dif- férents types de résultats de mesures de terrain, afin de pouvoir valider au plus tôt les évaluations prédictives réalisées par calcul conduisant à la prise de décisions adéquates pour la protection des popula- tions. Ces moyens de mesures de l’IRSN sont notamment des moyens portables ou déployables, des moyens d’analyse in situ, des moyens de cartographie en phase post-accidentelle. Parmi les moyens déployables par ses personnels, l’IRSN a développé ces der- nières années des balises de mesure débit de dose mobiles, qui peuvent être posi- tionnées sur le terrain pour compléter le réseau fixe, par exemple dans les com- munes situées dans l’axe du vent. L’ IRSN dispose actuellement d’une trentaine de ces balises dont la transmission des résultats s’effectue par satellite. D’autres moyens peuvent être déployés dans l’environnement comme des préleveurs d’aérosols autonomes ou des balises télé- transmises rendant compte de l’activité de l’eau. S’agissant des moyens d’analyse in situ, l’IRSN dispose depuis dix ans de trois véhicules laboratoire afin de réaliser des analyses d’échantillons (eau, terres, végé- taux…) prélevés dans l’environnement. Grâce à ces véhicules, différents matériels et techniques permettent de quantifier les radionucléides présents en fonction de la nature de leurs émissions radioac- tives (émetteurs gamma, bêta, alpha). Des méthodes simplifiées ont été déve- loppées afin de disposer rapidement de L’INTERVENTION DE L’IRSN SUR LE TERRAIN LORS DES EXERCICES NATIONAUX DE CRISE Par Philippe Dubiau, chef du Service d’intervention et d’assistance en radioprotection et Olivier Isnard, adjoint au chef du Service des situations d’urgence et d’organisation de Crise, IRSN © IRSN © IRSN RETOUR D’EXPÉRIENCE Les exercices de crise

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