Contrôle n°201

CONTRÔLE | N° 201 | DÉCEMBRE 2016 36 © DR Contrôle : le conseil national de l’Ordre des médecins a contribué pour la première fois en 2016 à la préparation et au déroulement de la campagne de distribution de comprimés d’iode dans les zones PPI : quel regard portez-vous sur le travail de préparation qui a été mené en amont de cette campagne ? Patrick Bouet : lors de la précédente cam- pagne de distribution des comprimés d’iode en 2009, nous avions déjà relayé, à la demande d’EDF et via nos conseils départementaux, une lettre d’information destinée aux médecins exerçant à proxi- mité des centrales nucléaires. Ce partena- riat s’est encore resserré en 2016, puisque nous avons désormais un représentant, le docteur Jean-Marc Brasseur, au sein du comité de pilotage de la campagne. Il a ainsi pu participer au travail de prépara- tion sur les outils de communication. Il nous semblait important de mettre en place un mécanisme d’information vers les professionnels qui soit stabilisé, avec un argumentaire construit. Nous avons beaucoup travaillé en amont pour que ces outils soient adaptés aux profession- nels de santé et qu’ils permettent à nos confrères sur le terrain d’expliquer les mesures à la population, de répondre à leurs questions, sans être pour autant source d’inquiétude. Cette opération est un exemple d’une campagne rationnelle, menée par l’ASN et qui a le souci d’impli- quer l’ensemble des acteurs. C’est assez exemplaire pour être souligné ! Quel bilan dressez-vous de l’implication des médecins des zones concernées par cette campagne? Nous n’avons pas dressé pour l’instant de bilan de l’implication des médecins sur le terrain. Ce travail va être mené dans les prochaines semaines par le docteur Jean-Marc Brasseur auprès de nos conseils départementaux dans les zones concernées et fera l’objet d‘une présentation au comité de pilotage de la campagne. Quel est le rôle des praticiens concernés en zones PPI auprès du public ? Quels messages portent-ils ? Le médecin est un acteur clé de l’informa- tion et de l’explication à la population sur des problématiques de santé publique. Cela fait partie de la mission de prévention qu’il assure sur le terrain en permanence. Les messages que portent les praticiens dans les zones PPI sont de différents ordres. Il s‘agit d’abord de dire à la population autour des centrales qu’elle ne serait pas « aban- donnée » en cas d’accident, mais qu’au contraire, elle serait particulièrement suivie. Un autre point important consiste à lui expliquer qu’il existe un mécanisme qui permet de pallier le risque thyroïdien, via la prise de comprimés d’iode. Enfin, il s’agit de la rassurer sur le fait que les médecins connaissent ce problème et sau- ront donc réagir de façon appropriée pour mettre en œuvre ce dispositif. Comment l’Ordre a-t-il communiqué avec ses membres sur le terrain ? Nous avons communiqué en trois étapes. La première étape a été la cosignature avec l’ASN d’une lettre envoyée par l’ASN à l’automne 2015 aux quelque 400 médecins exerçant dans un rayon de 10 km autour des centrales nucléaires françaises, pour leur présenter la cam- pagne. En avril 2016, nous avons relayé l’ensemble des éléments de la campagne dans notre newsletter destinée aux méde- cins et sur notre site Internet. Enfin, en septembre 2016, nous avons nous-mêmes lancé une opération d’emailing auprès des médecins concernés en les invitant à s’assurer auprès de leurs patients rive- rains des centrales que ces derniers étaient bien allés chercher leur boîte de comprimés d’iode. L’ objectif : redonner un second souffle à la campagne. Les médecins vous ont-ils fait remonter des remarques sur les outils mis à leur disposition (affiches, dépliants, clés USB…) ? Quelles seraient aujourd’hui vos suggestions pour améliorer la communication des médecins auprès du public ou les modalités de la campagne en général ? D’après les premières remontées que nous avons, les médecins ont beaucoup appré- cié d’être considérés comme des parte- naires à part entière sur cette opération. Ils ont estimé que l’information qui leur a été délivrée était pertinente et suffisante. Nous aurons une appréciation plus pré- cise des outils mis à leur disposition grâce au retour des conseils départementaux. Cela nous permettra aussi d’identifier les questions particulières qui ont émergé, et de réfléchir avec le comité de pilotage à la meilleure façon d’y répondre. Sur les 380 médecins destinataires de notre cam- pagne de relance en septembre, 171 ont effectivement ouvert le message. Il y a donc une réflexion à mener sur les moyens d’améliorer l’impact de la campagne. UNE CAMPAGNE RATIONNELLE, SOUCIEUSE D’IMPLIQUER L’ENSEMBLE DES ACTEURS Entretien avec Patrick Bouet, président du conseil national de l’Ordre national des médecins EN QUESTION La gestion des situations d’urgence Le point sur la campagne iode 2016

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