Contrôle n°201

DÉCEMBRE 2016 | N° 201 | CONTRÔLE 33 En cas d’exposition prolongée, la prise d’iode doit-elle être répétée ? La saturation de la thyroïde dure plus de 48 heures puis la fixation d’iode radio­ actif réapparaît et va ré-augmenter. Aussi, si la contamination persiste au- delà de 48/72 heures, il peut être décidé d’administrer une autre dose d’iodure de potassium. Les dernières études réalisées à Fukushima font état d’une absence d’augmentation de nombre de cancers de la thyroïde au sein de la population des zones contaminées. Qu’en pensez-vous ? Dans les suites de l’accident de Fukushima, la dose à la thyroïde des enfants qui vivaient à proximité de la centrale a été faible et, d’après les don- nées japonaises, n’a pas dépassé 35 milli­ sieverts. Ceci est lié à une contamination moins importante qu’à Tchernobyl, et aux mesures de protection : confinement, res- trictions alimentaires, évacuation. L’ ali- mentation japonaise est riche en iode et la fixation des iodes radioactifs par la thyroïde est faible. Pour ces raisons, la prise de comprimés d’iodure de potassium n’a pas été jugée nécessaire. Cinq ans après l’accident, il n’y a pas d’augmentation de l’incidence des cancers cliniques chez les enfants et adolescents. Par contre, un dépistage par échogra- phie a été effectué chez 300 000 enfants et adolescents du district de Fukushima ce qui a permis la mise en évidence d’en- viron 100 cancers de la thyroïde. Cette incidence est identique dans les popula- tions japonaises non irradiées, et dans d’autres populations non irradiées et sou- mises à un dépistage systématique. De plus, la dose d’irradiation reçue par la thyroïde des enfants et adolescents qui ont par la suite développé un cancer de la thyroïde était très faible, de l’ordre du millisievert. Enfin, la répartition des âges des sujets avec cancer de la thyroïde est identique à celle observée dans des populations non irradiées de France et d’Italie et très dif- férente de celle observée à Tchernobyl. Il n’y a donc pas d’argument permettant de rattacher ces cancers de la thyroïde à l’accident de Fukushima. © PRÉFECTURE DE LA VIENNE Contrôle : quel est le rôle de la préfecture de la Vienne dans la campagne de distribution de comprimés d’iode 2016 ? Stanislas Alfonsi : en cas d’accident nucléaire, la préfecture de la Vienne dirige les actions de protection de la population consignées dans le PPI de la centrale nucléaire de Civaux. La préfète peut ainsi décider de la mise à l’abri, de l’évacuation ou de l’ingestion de compri- més d’iode pour les habitants de la zone concernée. Le rôle de la préfecture dans cette campagne était donc bien identifié : veiller à son bon déroulement sur le plan local et nous assurer de la bonne coor- dination des acteurs – ASN, opérateurs, élus, pharmaciens, médecins…Cette pré- sence de l’État crée un climat de confiance pour la population et favorise une bonne perception de l’opération. Comment la préfecture s’est-elle mobilisée ? Quelques mois avant le lancement offi- ciel de la campagne début 2016, nous avons commencé à informer la popula- tion lors d’un exercice de sécurité orga- nisé sur la centrale de Civaux avec l’ASN et EDF, qui s’est déroulé le 22 septembre 2015. L’ exercice avait pour objectif de tester la chaîne d’intervention, depuis les agents de la centrale de Civaux jusqu’aux pompiers, en passant par les habitants des communes situées dans le périmètre d’urgence. Il nous a conduits à réviser le PPI, notamment en ce qui concerne les lieux d’accueil du public en cas d’éva- cuation. Il a aussi été l’occasion de sen- sibiliser les habitants à la campagne de distribution de comprimés d’iode qui approchait. Celle-ci a été présentée de manière systématique lors de réunions liées à l’exercice. Quelles ont été les spécificités de la campagne 2016 ? Le PPI de la centrale de Civaux couvre un rayon de 10 km autour du site et 19 com- munes dont les limites dépassent ce rayon. Une population totale de 23000 personnes est concernée, ainsi que 34 établissements scolaires ou assimilés et 2 000 profession- nels dont 352 établissements recevant du public situés dans la seule zone des 10 km. Pour inciter les habitants à venir retirer leurs comprimés, le comité de pilotage national de la campagne a conçu un dispo- sitif d’information que nous avons relayé. Parallèlement à la remise d’un kit de com- munication aux maires, nous avons publié son contenu sur le site de la préfecture et dans les réseaux sociaux : le numéro vert, la brochure d’information, les affiches d’in- citation à retirer les boîtes de comprimés en officine ainsi que les affiches d’information sur Les 6 réflexes à LA PRÉSENCE DE L'ÉTAT CRÉÉ UN CLIMAT DE CONFIANCE POUR LA POPULATION Entretien avec Stanislas Alfonsi, directeur de cabinet de Marie-Christine Dokhélar, préfète de la Vienne

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