L’ASN dresse le bilan des opérations de dépollution liées à la contamination au tritium du site de la société 2M Process à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) et de celui de la société Etudes et Diffusion à Bondoufle (Essonne)

Publié le 17/12/2010 à 12:22

Communiqué de presse

L’ASN a publié le 9 novembre 2010 un communiqué de presse informant de la contamination au tritium du site de la société 2M Process, à Saint-Maur-des-Fossés, et indiquant les premières actions qui avaient été conduites pour encadrer les opérations de dépollution. L’ASN a été informée de cette contamination par le CEA le 3 novembre 2010.

Les investigations menées par l’ASN et l’ASND[1]ont montré que le matériel contaminé en provenance du site du CEA Valduc avait séjourné dans les locaux de la société Etudes et Diffusion à Bondoufle dans l’Essonne (91), de septembre 2009 à fin avril 2010, date de son transfert dans les locaux de la société 2M Process. Ces investigations ont également montré que d’autres entreprises avaient reçu du matériel en provenance de la société 2M Process ces derniers mois et étaient susceptibles de contamination secondaire.

L’ASN a demandé au CEA d’une part et à l’IRSN d’autre part de réaliser des prélèvements au niveau de tous les compartiments (air et surfaces de locaux, sols et eaux de l’environnement) pour identifier l’existence d’une contamination et son degré. En cas de contamination significative identifiée, des prélèvements d’urines ont été effectués pour dépister la contamination interne des personnes concernées, en particulier les travailleurs.

A ce stade des investigations, les éléments importants à noter sont les suivants :

  • à Bondoufle, il existe une faible contamination de l’air intérieur des locaux de la société Etudes et Diffusion et un marquage localisé de végétaux de l’environnement ;
  • à Saint-Maur-des-Fossés, les premières mesures ont montré une contamination significative de l’air à l’intérieur des locaux de la société 2M Process et un faible marquage radiologique de l’environnement immédiat ;
  • l’entreprise dont les locaux jouxtent la société 2M Process présente un très léger marquage au tritium et un marquage plus significatif de tissus qui y sont entreposés ;
  • les autres entreprises dont les locaux jouxtent la société 2M Process présentent un très léger marquage de l’air intérieur au tritium et sur certains murs ;
  • parmi les trois entreprises qui avaient reçu du matériel en provenance de la société 2M Process ces derniers mois, seule une, située en Seine-Saint-Denis, présente un matériel légèrement marqué par du tritium ;
  • enfin, aucune contamination n’a été mise en évidence à ce jour au sein du collège Camille Pissarro, situé à 200 mètres des locaux de la société 2M Process, à l’exception d’une mesure ponctuelle dans une eau de bassin à une teneur extrêmement faible de 11 Bq/L mesurée le 25 novembre 2010.

Les conséquences sanitaires concernant les personnes exposées sont minimales. En effet :

  • six travailleurs de la société 2M Process qui ont été contaminés, ont reçu des doses efficaces maximales comprises entre 0,5 et 5 mSv. Cette dernière valeur reste inférieure à la limite annuelle réglementaire pour les travailleurs classés au sens du code du travail fixée à 20 mSv par an ;
  • sept autres travailleurs d’entreprises qui ont séjourné dans les locaux des sociétés 2M Process ou Etudes et Diffusion, ont reçu des doses inférieures à 0,5 mSv, soit deux fois moins que la limite annuelle réglementaire pour le public ;
  • quinze riverains de l’entreprise 2M Process ont fait l’objet d’analyses et sept présentent de légères traces de contamination au tritium. La dose maximale reçue est de 0,003 mSv, sans aucun enjeu sanitaire.

L’ASN a participé à trois réunions publiques pour expliquer aux riverains, aux professionnels et parents d’élèves du collège Camille Pissarro la nature de l’événement et ses conséquences, tant pour l’environnement que pour les personnes.

Sur proposition de l’ASN, la préfecture du Val-de-Marne a publié, le 15 décembre 2010, un arrêté préfectoral qui demande au CEA, à l’origine de la contamination, de poursuivre la surveillance de l’environnement. Ce suivi est réalisé sous le contrôle de l’ASN. A ce titre, à la demande de l’ASN, l’IRSN continue d’effectuer des mesures de radioactivité dans l’environnement autour du site.

Les opérations de dépollution en cours, sous le contrôle de l’ASN et de la préfecture du Val-de-Marne, sont les suivantes :

  • le CEA a évacué l’ensemble des matériels présents au sein de la société 2M Process (ordinateurs, bureaux, moquettes, etc.). Une inspection de deux jours et demi a été menée par l’ASN du 8 au 11 novembre 2010. A la suite de cette inspection, un courrier a été adressé au CEA. Dans une démarche de propreté radiologique, les locaux une fois vidés doivent faire l’objet d’opérations de dépollution pour éliminer le tritium présent sur les murs du local ;
  • l’ASN a demandé au CEA de définir puis mettre en œuvre, après validation, les mesures adéquates pour faire évacuer les tissus de l’entreprise voisine de 2M Process ;
  • des opérations de prise en charge et de dépollution du matériel de l’entreprise située en Seine-Saint-Denis ont été imposées au CEA. Ces opérations ont eu lieu et ont permis au CEA d’évacuer puis de dépolluer l’appareil concerné. Les locaux ont pu être libérés après diagnostic radiologique.

Une expertise est en cours par l’ASND pour identifier les causes précises à l’origine de la sortie d’un matériel contaminé d’une installation nucléaire. Le CEA devra prendre, à la demande des Autorités, toutes les mesures correctives pour éviter qu’un événement du même type ne se reproduise.

Cet événement est classé :

  • d’une part, au niveau 2 de l’échelle INES par l’ASND, au titre de la défense en profondeur en raison de la défaillance du contrôle au sein du centre CEA de Valduc ;
  • d’autre part, au niveau 1 de l’échelle INES par l’ASN, au titre de la radioprotection. Il a été déclaré à l’ASN par la société 2M Process.

Pour en savoir plus :


[1] ASND : Autorité de sûreté nucléaire de Défense. Elle est en charge du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection des installations intéressant la défense. Le CEA Valduc fait partie de ces installations.

Date de la dernière mise à jour : 18/09/2017