L’ASN modifie temporairement ses prescriptions encadrant les rejets thermiques des centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin

Publié le 08/08/2022 à 08:34

Note d'information

Face à la situation météorologique exceptionnelle, et en réponse à la nécessité d’assurer la sécurité du réseau électrique et d’économiser les réserves de gaz naturel et d’eau des barrages hydroélectriques, l’ASN modifie temporairement ses prescriptions encadrant les rejets thermiques des centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin.

L’épisode exceptionnel actuel de canicule et de sécheresse conduit au réchauffement de certains cours d’eau utilisés pour le refroidissement des centrales nucléaires. Les prévisions de température restent encore élevées et continuent d’affecter la température des cours d’eau.

Par ailleurs, les enjeux de nécessité publique associés d’une part à la sécurité du réseau électrique requise par RTE et d’autre part à la préservation des réserves de gaz naturel et d’eau des barrages hydroélectriques en vue de l’automne et de l’hiver prochain, conduisent le Gouvernement à souhaiter maintenir autant que possible la production électrique des centrales nucléaires.

Après examen des enjeux liés à la protection de l’environnement, l’ASN a adopté le 4 août 2022 une décision fixant des prescriptions temporaires relatives aux rejets thermiques des centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin jusqu’au 11 septembre 2022.

Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au milieu naturel à une température plus élevée, soit directement (réacteur dit en circuit ouvert), soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes (réacteur dit en circuit fermé) permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère.

Cette eau rejetée par la centrale nucléaire conduit à une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés (en cas de circuit fermé) à plusieurs degrés (en cas de circuit ouvert). Afin d’en maîtriser les conséquences sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN pour chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites concernant la température de rejets des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire, ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement.

Les limites de rejets thermiques

Pour certaines centrales, au regard du retour d’expérience des canicules de 2003 et 2006, deux niveaux de limite de rejets thermiques sont prescrits de manière permanente. Le premier niveau de limite s’applique lors de conditions climatiques normales. Lorsque ces limites ne peuvent être respectées en raison principalement de la température de l’eau à l’amont de la centrale, la puissance des réacteurs est abaissée pour réduire l’effet des rejets thermiques sur le milieu naturel. Cela peut aller jusqu’à l’arrêt complet du réacteur.

Le second niveau de limite s’applique lors de périodes de température élevées. Ce niveau de limite ne peut être utilisé que si le gestionnaire du réseau électrique (RTE) exprime le besoin de maintenir une puissance minimale pour assurer la sécurité du réseau électrique. Il s’applique sans décision de l’ASN qui en est toutefois informée. Il est associé à un programme de surveillance renforcée de l’environnement. Ce second niveau de limite a été utilisé cet été par la centrale nucléaire de Golfech pendant quelques jours.

Situation exceptionnelle et nécessité publique

La situation météorologique et hydraulique exceptionnelle rencontrée cet été conduit à une élévation inhabituelle de la température de certains cours d’eau. En raison de cette situation exceptionnelle, les valeurs limites en vigueur (les premier et second niveaux exposés ci-dessus) sur la température des rejets liquides pourraient ne pas être respectées, ce qui conduirait, préventivement à tout dépassement, à la réduction de la puissance, voire à l’arrêt de la production électrique des réacteurs concernés. Lorsque, dans le même temps, le besoin de maintenir le fonctionnement de ces réacteurs relève d’une nécessité publique, les dispositions du II de l’article R. 593-40[1] du code de l’environnement permettent à l’ASN, sur la base d’une demande transmise par EDF, de modifier temporairement ses prescriptions encadrant les rejets thermiques des centrales nucléaires concernées.

C’est ce qui a été fait pour les sites de Blayais, Golfech, Saint-Alban puis Bugey par décisions de l’ASN les 13, 15 et 21 juillet 2022 pour une période allant jusqu’au 7 août 2022. Depuis l’adoption de ces décisions et jusqu’au 3 août[2], il est à noter que seule la centrale du Bugey a eu recours (les 19 et 20 juillet) aux dispositions de la décision de l’ASN du 15 juillet 2022. Le programme de surveillance renforcée associé à cette situation n’a pas relevé de conséquence sur l’environnement. L’ASN a réalisé et continuera à réaliser des inspections pour contrôler la bonne application de ses décisions.

Modification temporaire des limites de rejets thermiques jusqu’au 11 septembre 2022

Les prévisions de température des cours d’eau restent élevées après le 7 août 2022.

RTE identifie le besoin de maintenir jusqu’au 21 août les centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin à un niveau minimum de production électrique pour assurer la sécurité du réseau électrique. De plus, le contexte de tension sur les réserves de gaz naturel et d’eau des barrages hydroélectriques en vue de l’automne et de l’hiver 2022/2023 conduit le Gouvernement à les économiser dès à présent en optimisant la production électrique d’origine nucléaire. Le ministère de la Transition énergétique considère qu’il est de nécessité publique de privilégier la production d’électricité d’origine nucléaire et donc de maintenir jusqu’au 11 septembre la production de ces cinq centrales malgré les conditions climatiques exceptionnelles.

Dans ce cadre, EDF a déposé auprès de l’ASN une demande de modification temporaire des limites de rejets thermiques des centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin jusqu’au 11 septembre 2022. 

Dans le cadre de l’instruction de cette demande, l’ASN a porté une attention particulière au maintien de la protection de la faune et de la flore des milieux aquatiques concernés, à la justification des nouvelles limites demandées, au regard notamment du retour d’expérience disponible, ainsi qu’aux modalités de surveillance renforcée de l’environnement.

L’ASN a ainsi adopté le 4 août 2022 une décision modifiant temporairement les limites des rejets thermiques de ces centrales accompagnée d’une surveillance renforcée de l’environnement aquatique, en particulier de la vie piscicole.

Cette décision a été homologuée par la ministre chargée de la sûreté nucléaire le 5 août 2022.

 

[1] « Si, du fait d'une situation exceptionnelle, la poursuite du fonctionnement d'une installation nucléaire de base nécessite une modification temporaire de certaines prescriptions, et si ce fonctionnement constitue une nécessité publique, l'autorité peut décider cette modification sans procéder aux consultations préalables prévues par le présent article. Cette modification temporaire cesse de produire ses effets au plus tard au terme de la procédure normale de modification, si elle a été engagée, ou, à défaut, à l'expiration d'un délai d'un an. »

[2] Période d’observation des températures relevées par l’exploitant à la date de rédaction de cette note.

  

 

 

Publié le 08/08/2022

DÉCISIONS DE L'ASN

Décision n° 2022-DC-0739 de l’ASN du 4 août 2022

Décision n° 2022-DC-0739 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 août 2022 fixant, de manière temporaire, de nouvelles limites de rejets thermiques applicables aux réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey (INB n° 78 et n° 89), du Blayais (INB n° 86 et n° 110), de Saint-Alban-Saint-Maurice (INB n° 119 et n° 120), de Golfech (INB n° 135 et n° 142) et du Tricastin (INB n° 87 et n ° 88)

Date de la dernière mise à jour : 06/09/2022