RAPPORT DE L’ASN 2024

Sur le plan de la radioprotection des travailleurs, l’ASN considère que les performances se sont légèrement dégradées par rapport à l’année 2023, pour laquelle elles avaient été jugées en progrès. Elle souligne le maintien de l’engagement de l’exploitant dans ce domaine, mais constate qu’il se heurte toujours à des difficultés chroniques dans le respect des fondamentaux de la radioprotection par certains intervenants. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN souligne les efforts produits ces dernières années par l’exploitant dans ce domaine, par exemple concernant la gestion des déchets et le traitement complet de l’aléa déclaré fin 2023 concernant la détérioration d’une rétention de la station de déminéralisation. Toutefois, le site a déclaré quelques événements révélateurs de dysfonctionnements, en particulier en matière de rejets gazeux ou liquides. De plus, à la suite d’une inspection renforcée réalisée en 2024, l’ASN attend des justifications concernant les capacités des dispositifs de confinement liquide. En matière d’inspection du travail, l’ASN relève que les résultats poursuivent leur dégradation en ce qui concerne la sécurité des travailleurs. L’ASN a demandé à l’exploitant de remédier aux situations à risques rencontrées concernant la circulation et le risque de heurts entre piétons et engins, ainsi qu’aux risques de chute de hauteur. Des situations accidentelles ont été rencontrées en 2024 lors de l’utilisation de machines-outils. L’ASN considère par ailleurs que les analyses de risques doivent être améliorées et souligne, malgré les efforts engagés, encore trop d’expositions accidentelles aux fibres d’amiante lors des travaux de maintenance. Enfin, l’ASNR sera vigilante au maintien dans la durée de la conformité des installations aux exigences du code du travail. CENTRALE NUCLÉAIRE DE CIVAUX La centrale nucléaire de Civaux, exploitée par EDF dans le département de la Vienne, à 30 km au sud de Poitiers, en région Nouvelle‑Aquitaine, comprend deux REP d’une puis‑ sance de 1 450 MWe, mis en service en 1997 et 1999. Les réacteurs 1 et 2 constituent respectivement les INB 158 et 159. Ce site dispose d’une des bases régionales de la Force d’action rapide du nucléaire (FARN), créée en 2011 par EDF à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. Son objectif est d’intervenir, en situa‑ tion pré‑accidentelle ou accidentelle, sur n’importe quelle centrale nucléaire en France, en apportant des renforts humains et des moyens matériels de secours. L’ASN considère qu’en 2024 les performances de la centrale nucléaire de Civaux en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances se sont améliorées en 2024, notamment en ce qui concerne la conduite des installations et la maintenance. La maîtrise des arrêts et des redémarrages des deux réacteurs a en particulier progressé. Les actions d’amélioration du management de la sûreté, qui ont permis ces progrès, sont à poursuivre. Des marges de progrès subsistent dans la documentation utilisée, la préparation et l’appropriation des différentes activités, notamment dans le domaine de la maintenance, ainsi que dans la rigueur de leur réalisation. Les compétences des intervenants dans certaines spécialités constituent également un point de vigilance. Enfin, l’ASN a pu apprécier la gestion satisfaisante d’une situation d’urgence simulée lors d’un exercice national de crise. Dans le domaine de la radioprotection, l’ASN a constaté une amélioration des performances lors des arrêts de réacteur sur les chantiers particulièrement sensibles. Le site a tiré les enseignements de l’événement de dispersion de contamination survenu en 2023 dans le bâtiment réacteur, pendant l’arrêt du réacteur 2. Cependant, des lacunes ont été relevées par l’ASN en dehors des périodes d’arrêts, démontrant que la culture de radioprotection chez les intervenants, ainsi que la surveillance exercée par EDF demeurent perfectibles. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN a mené une inspection renforcée en 2024. Même si les perspectives sont encourageantes avec le démarrage des travaux de création d’un bassin de confinement des eaux d’extinction d’incendie, l’ASN considère que le confinement liquide actuel des effluents n’est pas suffisamment maîtrisé : un contrôle plus efficace du niveau de performance du matériel d’isolement utilisé est attendu. Aucun écart majeur n’a été constaté concernant la gestion des effluents liquides en fonctionnement normal et de la préservation de la ressource en eau utilisée pour les besoins du site. En matière d’inspection du travail, l’ASN souligne positivement la profondeur des analyses conduites à la suite de presqu’accidents. Cependant, en matière de sécurité des travailleurs, des défauts ont été constatés au niveau de l’exhaustivité des analyses de risques. En outre, l’ASN attend une mobilisation de l’exploitant sur la remise en conformité réglementaire des voies de circulation du site, des ponts lourds et des locaux présentant un risque d’explosion. 82 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection NOUVELLE-AQUITAINE

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