En 2022, dans le cadre des échanges techniques menés entre Orano, l’ASN et l’IRSN, Orano s’est engagé sur une nouvelle feuille de route pour ce projet. Ainsi, Orano a abandonné le scénario de centrifugation et s’est engagé à mener en parallèle de nouvelles études visant d’une part à approfondir les solutions de traitement et de conditionnement des boues ; d’autre part, à mettre en place un entreposage intermédiaire (nouveaux silos) dans des conditions de sûreté satisfaisantes, permettant de dissocier la reprise et la mise en sûreté de ces boues, de leur conditionnement définitif. Orano a transmis à l’ASN le DOS associé à ce projet de création de nouveaux silos d’entreposage des boues (projet nommé « NABUCO ») en décembre 2023. Celui-ci est actuellement en phase d’instruction par l’ASNR. Silo 130 Le silo 130 est un entreposage enterré en béton armé, muni d’un cuvelage en acier noir utilisé pour l’entreposage à sec de déchets solides issus du traitement des com‑ bustibles des réacteurs « uranium naturel-graphite-gaz » (UNGG), ainsi que de déchets technologiques et de terres et gravats contaminés. Le silo a reçu des déchets de ce type à partir de 1973, jusqu’à son incendie en 1981, qui a contraint l’exploitant à noyer ces déchets. L’étanchéité du silo, ainsi rempli d’eau n’est aujourd’hui assurée qu’au moyen d’une unique barrière de confinement, constituée d’une « peau » en acier. Par ailleurs, la structure du génie civil du silo 130 est fragilisée par son vieillissement et par l’incendie survenu en 1981. L’eau est en contact direct avec les déchets et peut contribuer à la corrosion du cuvelage en acier noir. Un des risques majeurs de cette installation concerne la dispersion des substances radioactives dans l’environnement par infiltration de l’eau contaminée dans la nappe phréatique. L’étanchéité du silo 130 est notamment surveillée par un réseau de piézomètres situés à proximité. Un autre facteur pouvant compromettre la sûreté du silo 130 est lié à la nature des substances présentes dans les déchets, comme le magnésium, qui est pyrophorique. L’hydrogène, gaz hautement inflammable, peut aussi être produit par des phénomènes de radiolyse ou de corrosion (présence d’eau). Ces éléments contribuent aux risques incendie et d’explosion. Le scénario de RCD comporte quatre étapes : ∙ reprise et conditionnement des déchets UNGG solides ; ∙ reprise des effluents liquides ; ∙ reprise et conditionnement des déchets UNGG résiduels et des boues de fond de silo ; ∙ reprise et conditionnement des terres et gravats. Orano a construit une cellule de reprise au‑dessus de la fosse contenant les déchets et un nouveau bâtiment dédié aux opérations de tri et de conditionnement. L’exploitant a validé la mise en service industrielle du procédé de reprise des déchets en 2022, à la suite des essais menés en 2020 et 2021. Sur le plan quantitatif, l’année 2023 avait permis la reprise d’une cinquantaine de fûts de déchets et l’année 2024 a permis d’atteindre le chiffre de 200 fûts de déchets repris : c’est ainsi environ un tiers de la quantité totale de déchets de la phase n°1 qui a été repris depuis le début des opérations en 2020. L’augmentation du rythme de reprise en 2024 s’explique notamment par la mise en place d’une équipe de maintenance dédiée au silo 130 et par le passage en fonctionnement en 3*8 des équipes de reprise depuis novembre 2023 au lieu du 2*8 initial. L’ASN considère que ces mesures sont positives, mais que les différents aléas techniques observés en 2024 sur les équipements confirment la nécessité pour Orano d’améliorer la fiabilité des installations de reprise des déchets. Silo HAO et stockage organisé des coques L’atelier HAO (INB 80) assurait les premières étapes du processus de traitement des combustibles nucléaires usés : réception, entreposage, puis cisaillage et dissolution. Les solutions de dissolution produites dans l’INB 80 étaient ensuite transférées dans l’ensemble industriel UP2‑400, dans lequel avait lieu la suite des opérations de traitement. L’INB 80 est composée de : ∙ HAO Nord, lieu de déchargement et d’entreposage des combustibles usés ; ∙ HAO Sud, où étaient effectuées les opérations de cisaillage et dissolution ; ∙ le bâtiment « filtration », qui comporte le système de filtration de la piscine de HAO Sud ; ∙ le silo HAO, dans lequel sont entreposés des coques et embouts (morceaux de gaine et embouts de combustible) en vrac, des fines provenant essentiellement du cisaillage, des résines et des déchets technologiques issus de l’exploitation de l’atelier HAO entre 1976 et 1997 ; ∙ le stockage organisé des coques (SOC), composé de trois piscines dans lesquelles sont entreposés des fûts contenant coques et embouts. En 2024, l’exploitant a poursuivi les opérations préalables à la reprise des déchets du silo HAO et la mise en œuvre des modifications matérielles définies à l’issue de l’analyse des points durs identifiés lors des essais fonctionnels du dispositif de reprise des déchets. Par la décision n° 2024DC-0784 de l’ASN du 3 septembre 2024, l’exploitant a été autorisé à mettre en service la cellule de reprise et de conditionnement en fût ECE des déchets du silo HAO et des piscines du SOC. Toutefois, l’exploitant a rencontré plusieurs difficultés techniques lors des essais et a subi des retards de mise à disposition de certains équipements de reprise qui l’ont conduit à annoncer un retard de deux ans sur le planning du projet. Dans ce cadre, Orano a déterminé les causes techniques, organisationnelles et humaines, puis a défini et mis en œuvre des dispositions pour en réduire les conséquences. À cet effet, l’ASN note le plan de surveillance renforcé du fournisseur concerné afin de mieux maîtriser les délais de fourniture, même si des risques de nouveaux retards dans la mise à disposition des équipements subsistent. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 79 Panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection NORMANDIE
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