En médecine nucléaire, deux situations particulières peuvent poser des difficultés et sont rendues plus fréquentes par le développement de la radiothérapie interne vectorisée (RIV). Il s’agit, d’une part, de la prise en charge du patient en cas d’extravasation lors de l’administration du traitement ; d’autre part, de la filière de gestion des déchets lorsque des déchets radiocontaminés, produits au domicile des patients après un traitement ambulatoire, déclenchent l’activation des alarmes des portiques de détection à l’entrée des centres de collecte. Ces événements mobilisent, du fait de leur caractère radiologique, des moyens d’intervention importants et des modalités opérationnelles et d’accompagnement spécifiques, même si l’enjeu sanitaire reste limité. La hausse de leur fréquence en 2024 est préoccupante compte tenu de l’augmentation attendue du nombre de patients éligibles à ces traitements. L’ASN appelle les professionnels à être extrêmement attentifs à la prévention de telles situations. Anticiper et accompagner les innovations dans le domaine médical Le déploiement des nouvelles techniques et pratiques en thérapie est porteur d’espoir pour les patients, mais constitue un sujet de vigilance afin d’assurer leur intégration rapide et sûre dans le système de soins. Cela nécessite de prendre la mesure des enjeux de radioprotection associés, tant pour le patient, son entourage, les travailleurs que pour l’environnement, et d’identifier puis mettre en œuvre les moyens nécessaires à leur maîtrise. Cette vigilance est particulièrement importante avec l’essor de la RIV, l’arrivée de la plateforme ZAP‑X® ou encore le développement de la radiothérapie flash, des champs pulsés et de la radiothérapie adaptative. L’ASN rappelle que les enjeux de radioprotection ne se limitent pas à la réalisation de l’acte mais débutent dès la phase de conception et s’étendent, le cas échéant, à la gestion des déchets et des effluents. Ces enjeux de radioprotection doivent être intégrés au cœur des réflexions à chaque étape ; cela nécessite que les données pertinentes pour la radioprotection soient renseignées et le cas échéant recherchées ou étudiées par les concepteurs et les promoteurs. En 2025, l’ASNR poursuivra ses travaux de recherche, d’expertise et de régulation en s’appuyant sur ses groupes permanents d’experts, comme le Comité d’analyse des nouvelles techniques et pratiques médicales utilisant des rayonnements ionisants ou le Groupe permanent d’experts pour la radioprotection, en lien avec les différents acteurs institutionnels du domaine de la santé et les sociétés savantes. Elle valorisera les enseignements tirés des projets européens pour mobiliser l’ensemble des acteurs et faire évoluer le système de contrôle, à l’échelle nationale comme européenne, pour que les enjeux de radioprotection restent au cœur des décisions dans un système de santé innovant et en constante évolution. Une activité internationale toujours soutenue L’activité internationale s’est maintenue à un rythme soutenu. De nombreuses réunions avec ses homologues ont permis à l’ASN d’échanger sur ses pratiques et de partager sur les enjeux liés notamment au contexte de relance de nouveaux projets et à l’utilisation de technologies innovantes, comme l’intelligence artificielle, dans le secteur nucléaire. Les travaux relatifs au deuxième examen thématique par les pairs (TPR ENSREG), présidés par une représentante de l’ASN, concernant la protection des installations nucléaires contre le risque lié à l’incendie, se sont conclus et permettront à chaque pays d’élaborer en 2025 son plan d’action national. Deux séminaires, organisés au Luxembourg, ont permis d’échanger sur les bonnes pratiques et d’identifier les axes d’amélioration de chaque pays. En matière de radioprotection, l’ASN, qui assure la présidence de l’association HERCA (Heads of the European Radiological Protection Competent Authorities), dont l’objectif est de promouvoir un niveau élevé de radioprotection en Europe, s’est activement impliquée pour favoriser le partage d’expérience entre les autorités européennes sur la mise en œuvre pratique des normes internationales et pour contribuer à une évolution équilibrée de celles‑ci. Enfin, la création de l’ASNR permettra de renforcer la représentation de la France à l’international en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection. Dans cet esprit, les équipes internationales de l’ASN et de l’IRSN ont préparé ensemble la création d’une direction internationale unifiée et opérationnelle dès le 1er janvier 2025. n Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 7 Éditorial du collège
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