RAPPORT DE L’ASN 2024

Site de Chinon Le site de Chinon, situé sur le territoire de la commune d’Avoine dans le département d’Indre‑et‑Loire, en rive gauche de la Loire, comporte différentes installations nucléaires, certaines en fonctionnement, d’autres en cours de démantèlement. Au sud du site, la centrale nucléaire de Chinon B comporte quatre réacteurs en fonctionnement d’une puissance de 900 MWe, mis en service en 1982 et 1983 pour les deux premiers, qui constituent l’INB 107, puis 1986 et 1987 pour les deux derniers, qui constituent l’INB 132. Au nord, les trois anciens réacteurs appartenant à la filière UNGG, dénommés Chinon A1, A2 et A3, sont en cours de démantèlement. Sont également implantés sur le site le MIR et une installation d’expertise des matériaux activés ou contaminés, l’AMI, en cours de démantèlement et dont les activités d’expertise ont été transférées vers le Laboratoire intégré d’expertises de Chinon (Lidec). 1. Parmi les scénarios possibles pour le démantèlement des structures fortement activées ou contaminées, on distingue le démantèlement « en air » et le démantèlement « sous eau ». L’approche « sous eau » consiste dans le cas des UNGG à remplir d’eau le cœur du réacteur (également appelé « caisson ») afin de bénéficier de l’effet protecteur d’une couche d’eau vis‑à‑vis des risques liés aux rayonnements, mais elle est plus complexe à mettre en œuvre que l’approche « en air ». Compte tenu des difficultés techniques majeures (étanchéité du caisson et traitement de l’eau contaminée), mais également des avancées technologiques apportant d’autres solutions, notamment la téléopération, EDF a finalement retenu un scénario de démantèlement « en air », qui permet de s’affranchir des problématiques liées à l’utilisation de l’eau. Centrale nucléaire de Chinon Réacteurs B1, B2, B3 et B4 en fonctionnement L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Chinon se distinguent favorablement dans le domaine de l’environnement et rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection. En matière de sûreté nucléaire, l’ASN estime que les résultats sur l’année 2024 sont dans la moyenne des centrales nucléaires, mais apparaissent en retrait par rapport à ceux de 2023. En effet, si les performances dans le domaine de la conduite des réacteurs se sont maintenues à un niveau satisfaisant, des améliorations sont attendues sur la gestion du risque incendie et la disponibilité de systèmes concourant à la maîtrise de la réactivité. Concernant la maintenance des installations, les performances du site se sont dégradées sur l’année 2024. Les équipements contrôlés apparaissent en bon état, mais la qualité des analyses de premier niveau est en retrait et plusieurs événements ont mis en lumière le manque de compétence ou de formation des acteurs impliqués. L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Chinon en matière de radioprotection sont en progrès. Le taux de contamination des intervenants reste parmi les plus bas des centrales nucléaires d’EDF. Les actions mises en œuvre face aux difficultés rencontrées dans le processus de réalisation de tirs radiographiques ces dernières années semblent avoir porté leurs fruits en 2024. L’ASN note toutefois que le site apparaît en retrait sur le nombre de déclenchements de portiques de détection de la radioactivité en sortie de site et de détection de contamination des voiries, malgré des progrès constatés. Les performances de la centrale nucléaire de Chinon dans le domaine de l’environnement sont en progrès et apparaissent parmi les meilleures des centrales nucléaires d’EDF. Le site maîtrise ses rejets et le confinement liquide des substances dangereuses. La gestion des déchets apparaît cependant toujours en retrait. L’année 2025 devra notamment être mise à profit pour poursuivre le traitement et l’élimination des déchets issus de la maintenance des réacteurs accumulés depuis plusieurs années sur le site. L’année 2024 a été marquée par de nombreux accidents nécessitant des investigations de la part de l’ASN au titre de l’inspection du travail, qui ont mis en évidence des déroulements de chantier à améliorer. L’ASN considère que le site doit progresser sur la préparation des chantiers et notamment sur la prise en compte de l’ensemble des risques, à l’instar de ceux liés à la présence éventuelle d’amiante et de plomb. Enfin, l’ASN relève qu’un effort significatif a été réalisé par le site sur le risque de chute de hauteur, avec la mise en place d’un contrôle de l’ensemble des protections collectives concernées. Réacteurs A1, A2 et A3 en démantèlement La filière UNGG est constituée de six réacteurs, dont les réacteurs de Chinon A1, A2 et A3. Ces réacteurs de première génération fonctionnaient avec de l’uranium naturel comme combustible, utilisaient le graphite comme modérateur, et étaient refroidis au CO2. Au sein de cette filière, on distingue les réacteurs dits « intégrés », dont les échangeurs de chaleur se situent sous le cœur du réacteur à l’intérieur du caisson, et les réacteurs « non intégrés », dont les échangeurs se situent de part et d’autre du caisson du réacteur. Les réacteurs Chinon A1, A2 et A3 sont des réacteurs UNGG « non intégrés ». Ils ont été arrêtés respectivement en 1973, 1985 et 1990. Les réacteurs A1 et A2 ont été partiellement démantelés et transformés en installations d’entreposage de leurs propres matériels (Chinon A1 D et Chinon A2 D). Ces opérations ont été autorisées respectivement par les décrets du 11 octobre 1982 et du 7 février 1991. Chinon A1 D est actuellement démantelé partiellement et est aménagé en musée – le musée de l’Atome – depuis 1986. Chinon A2 D est également démantelé partiellement et abritait jusqu’à la fin de l’année 2022 le GIE Intra (robots et engins destinés à intervenir sur des installations nucléaires accidentées). Le démantèlement complet du réacteur Chinon A3 a été autorisé par le décret du 18 mai 2010, avec un scénario de démantèlement « sous eau ». En mars 2016, EDF a annoncé un changement complet de stratégie de démantèlement de ses réacteurs définitivement à l’arrêt. Dans cette nouvelle stratégie, le scénario de démantèlement prévu pour l’ensemble des caissons de réacteur est un démantèlement « en air »(1) et le caisson de Chinon A2 serait démantelé en premier (voir chapitre 14). 52 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection CENTRE-VAL DE LOIRE

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