Les installations nucléaires de recherche ou industrielles sont distinctes des installations nucléaires de base (INB) directement liées à la production d’électricité (réacteurs électronucléaires et installations du « cycle du com‑ bustible ») ou à la gestion des déchets. Elles sont, historiquement et majoritairement, exploitées par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), mais également par d’autres organismes de recherche (par exemple, l’Institut Laue‑Langevin – ILL, l’organisation internationale ITER et le Grand Accélérateur national d’ions lourds – Ganil) ou par des industriels (par exemple, CIS bio international, Steris et Ionisos, qui exploitent des installations de production d’éléments radiopharmaceutiques ou des irradiateurs industriels). 1 Les installations de recherche, laboratoires et autres installations en France 1. L’utilisation des radionucléides offre des possibilités d’analyse et de traitements médicaux : pour le diagnostic des cancers par le biais de scintigraphies et tomographies, autorisant des examens poussés d’organes en fonctionnement, ou pour le traitement des tumeurs grâce à la radiothérapie, qui emploie les rayonnements des radionucléides pour détruire les cellules cancéreuses (voir chapitre 7). 1.1 Les réacteurs de recherche Les réacteurs de recherche ont pour objec‑ tif de contribuer à la recherche scienti‑ fique et technologique et à l’amélioration de l’exploitation des centrales nucléaires. Certaines de ces installations produisent également des radionucléides(1) à usage médical. Ce sont des installations dans les‑ quelles une réaction en chaîne est créée et entretenue, permettant de produire un flux de neutrons plus ou moins dense utilisé, en premier lieu, à des fins d’expériences scientifiques. Contrairement aux centrales nucléaires, l’énergie thermique produite par le cœur des réacteurs de recherche n’est pas exploitée mais simplement éva‑ cuée par refroidissement. Les quantités de substances radioactives mises en œuvre sont moindres que dans les réacteurs électronucléaires. Un panorama des différents types de réacteurs de recherche présents en France et des principaux risques associés est présenté ci‑après. Dans leur dimensionnement, ces réac‑ teurs prennent en compte des accidents de référence de fusion du cœur «sous eau» (défaillance dans le système de refroidisse‑ ment) et de fusion du cœur « en air » (après dénoyage du cœur ou lors d’une manuten‑ tion). En outre, ils prennent en compte des accidents spécifiques à la conception parti‑ culière de certains réacteurs de recherche. Les réacteurs à faisceaux de neutrons Les réacteurs à faisceaux de neutrons sont de type piscine. Ils sont principale‑ ment destinés à la recherche fondamen‑ tale (physique du solide, physico‑chimie moléculaire, biochimie, etc.), en utilisant la méthode de diffraction neutronique pour l’étude de la matière. Les neutrons sont produits dans le réacteur, à différentes gammes d’énergie, et sont captés par des canaux dans le réacteur pour être achemi‑ nés vers des aires expérimentales. En France, il n’existe plus qu’un réacteur à faisceaux de neutrons en fonctionnement: le réacteur à haut flux (RHF – INB 67) exploité par l’ILL à Grenoble (puissance nominale limitée à 58 mégawatts ther‑ miques – MWth). Le RHF fonctionne par cycles de 50 à 100 jours environ. Les prin‑ cipaux enjeux de sûreté sont la maîtrise de la réactivité, du refroidissement et du confinement. En 2024, l’ASN a autorisé des travaux d’amélioration de la sûreté de l’installa‑ tion définis dans le cadre du dernier réexa‑ men périodique, en particulier la jouvence du pont polaire du bâtiment réacteur, le renforcement de la protection incendie, ainsi que l’évacuation du tritium résiduel de l’installation. L’ILL a engagé ces tra‑ vaux à la suite de l’arrêt long de l’instal‑ lation débuté en juillet 2024. Le réacteur Orphée (INB 101), exploité par le CEA à Saclay (puissance nominale limitée à 14 MWth), a été arrêté définiti‑ vement fin 2019. Les réacteurs « d’essais » Les réacteurs « d’essais » sont de type pis‑ cine. Ils sont destinés à l’étude de situa‑ tions accidentelles. Ils permettent de reproduire, de façon contrôlée et à petite échelle, certains accidents postulés dans la démonstration de sûreté des réacteurs électronucléaires et de mieux connaître l’évolution de paramètres physiques lors des situations accidentelles. En France, il existe un réacteur « d’essais » en fonctionnement soumis au contrôle de l’ASN : le réacteur Cabri (INB 24), exploité par le CEA à Cadarache. Ce réacteur, d’une puissance limitée à 25 MWth, permet de produire le flux neutronique nécessaire aux expériences. Les enjeux de sûreté sont semblables à ceux des autres réacteurs : la maîtrise de la réactivité du cœur nourricier, le refroidissement pour évacuer la puis‑ sance et le confinement des substances radioactives situées dans les crayons de combustibles composant le cœur. Des modifications de l’installation ont été réalisées pour mettre en œuvre de nou‑ veaux programmes de recherche afin d’étu‑ dier le comportement du combustible à haut taux de combustion lors de situa‑ tions accidentelles d’insertion de réacti‑ vité. La divergence du réacteur dans sa nouvelle configuration a été autorisée en 2015. L’ASN a autorisé, le 30 janvier 2018, après d’importants travaux de rénovation, le premier essai expérimental actif de la boucle à eau sous pression de l’installation. Le réacteur « d’essais » Cabri, dont la conception a été complétée afin de réali‑ ser également des programmes expérimen‑ taux d’irradiation d’objets, a été autorisé pour ce type d’utilisation par décret du 2 août 2022. Les programmes d’essais (Cabri International Programmes – CIP) et d’essais d’irradiation de composants électroniques se sont poursuivis en 2024. En parallèle de la réalisation de ces essais, l’ASN a autorisé en 2024 la réparation sous eau de l’hodoscope, qui devra intervenir à la fin de la réalisation du programme d’essais actuel, à l’horizon de la fin de l’année 2025. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 353 01 02 03 04 06 07 08 09 10 11 12 14 15 AN Les installations nucléaires de recherche et industrielles diverses 05 13
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