RAPPORT DE L’ASN 2024

Le « cycle du combustible nucléaire » débute avec l’extraction du minerai d’uranium et s’achève avec le conditionnement, en vue de leur stockage, des déchets radioactifs provenant du retraitement des combustibles usés. En France, les dernières mines d’uranium étant fermées depuis 2000, le « cycle du combus‑ tible » concerne la fabrication du combustible, son retraitement à l’issue de son utilisation dans les réacteurs nucléaires, la valorisation des produits issus du retraitement qui peuvent l’être, et la gestion des déchets. Les installations nucléaires concourant au « cycle du combustible », dont chacune est unique, constituent les maillons d’une chaîne dont le fonctionnement peut être significativement perturbé si l’une d’entre elles est défaillante. Les exploitants des usines du «cycle» font partie des groupes Orano ou EDF (Framatome): Orano exploite l’usine Melox à Marcoule, les usines de La Hague, l’ensemble des usines du Tricastin, ainsi que les installations de Malvési. Framatome exploite les installations du site de Romans‑sur‑Isère. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) contrôle la sûreté de ces installations industrielles, qui manipulent des substances radioactives comme de l’uranium ou du plutonium, et présentent des enjeux de sûreté spécifiques, notamment des risques radiologiques associés à des risques toxiques. L’ASN contrôle par ailleurs la cohérence globale des choix industriels faits en matière de « cycle du combustible » qui pourraient avoir des conséquences sur la sûreté. En 2024, Orano a procédé à la mise en service, sur le site de La Hague, de trois nouveaux évaporateurs concentrateurs de produits de fission (NCPF R2) de l’usine UP2-800, achevant ainsi le remplacement des équipements précédents qui présentaient une corrosion plus avancée que prévue à leur conception. Les projets visant à retrouver des marges pour l’entreposage de combustibles usés et de matières plutonifères se sont poursuivis en vue d’une mise en œuvre possible en 2025 après obtention des autorisations de l’ASN. L’amélioration de la situation de l’usine Melox, constatée en 2023, s’est confirmée en 2024. Ces éléments contribuent à stabiliser le fonctionnement du «cycle du combustible», même si celui‑ci présente toujours des marges limitées en cas d’aléas et que la mise en place de parades restituant de telles marges reste à déployer, notamment la densification des piscines de La Hague, autorisée par l’ASN en décembre 2024. En 2024, Orano et EDF ont présenté une mise à jour des projections de volumes de combustibles usés à entreposer selon différents scénarios prospectifs de production des usines de La Hague et de Melox, au regard des orientations nouvelles de politique nucléaire, et notamment dans l’hypothèse d’une poursuite de fonctionnement des réacteurs de 900 mégawatts électriques (MWe) d’EDF au‑delà de 50 ans. Ces projections conduisent à repousser la perspective de saturation des capacités d’entreposage de combustibles usés à l’horizon 2040. EDF a également annoncé l’abandon du projet de piscine d’entreposage centralisé au profit de nouvelles capacités d’entreposage exploitées par Orano dont la mise en service interviendrait également à l’horizon 2040. Dans ce contexte, l’ASN considère que le fonctionnement d’ensemble du « cycle du combustible » est stabilisé. Néanmoins, l’ASN reste vigilante compte tenu des marges durablement limitées, de l’absence de redondance d’un certain nombre d’équipements et du caractère ambitieux des hypothèses de production et d’absence d’aléas bloquant des usines de La Hague et de Melox. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 343 01 03 04 07 08 09 10 11 13 14 15 AN Les installations du « cycle du combustible nucléaire » 05 06 02 12

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