5 Des enjeux de sûreté nouveaux et des objectifs de sûreté à adapter 2. Délai pendant lequel la sûreté peut être assurée sans qu’aucune intervention ne soit nécessaire (par exemple, le délai pendant lequel, en cas de perte totale des alimentations électriques, la sûreté peut être assurée de manière passive en attendant le rétablissement d’une source d’alimentation de secours). Alors que le site d’implantation d’un nou‑ veau réacteur électronucléaire de puissance est un des éléments du projet qui peut, dans une certaine mesure, faire l’objet d’un choix, ce n’est pas le cas pour de nombreux projets de PRM. En effet, en visant en particulier le marché de la production de chaleur industrielle, le site d’implantation d’un PRM est imposé par la localisation du client à qui il va déli‑ vrer son énergie. Aussi, de nombreux pro‑ jets de PRM ambitionnent de se déployer sur des sites industriels situés à proximité, voire au sein même de zones urbaines. Une telle implantation près de zones de forte densité de population ou industrielles est envisagée par les porteurs de projet, car ces PRM sont susceptibles de pou‑ voir atteindre des niveaux de sûreté signi‑ ficativement supérieurs à ceux des gros réacteurs électrogènes actuels. En effet, sur ces PRM, la plus faible puissance à évacuer en cas d’accident permettrait de combiner des systèmes de sûreté passifs et actifs, apportant une meilleure diver‑ sification des dispositions de sûreté, des délais de grâce(2) allongés et une meilleure protection des barrières de confinement. En outre, certaines des nouvelles filières proposées présentent des caractéristiques spécifiques (telles que la performance de confinement intrinsèque des combustibles particuliers des HTR) qui permettent éga‑ lement de viser une diminution significa‑ tive des rejets radioactifs en cas d’accident, même les plus graves. Si ces PRM peuvent prétendre a priori atteindre des niveaux de sûreté supé‑ rieurs à ceux des réacteurs électrogènes de grande puissance, l’ASN considère qu’il est nécessaire de définir le niveau de sûreté requis pour pouvoir envisager une telle implantation proche des populations et d’installations industrielles existantes présentant elles-mêmes des risques. L’ASN a donc mis en place un cadre plu‑ raliste d’échanges associant des parties prenantes pour mener une réflexion sur des objectifs de sûreté renforcés à fixer pour envisager de telles implantations. Les premiers éléments issus de ces échanges, qui traduisent des attentes sociétales sur le niveau de sûreté renforcé attendu pour de tels projets d’implantation de réacteurs à proximité de zones urbaines, ont été valo‑ risés par l’ASN dans le cadre des travaux d’harmonisation engagés avec ses homo‑ logues européens. Demande d’autorisation de création du premier petit réacteur modulaire en France Le 3 mai 2024, la société Jimmy Energy a déposé auprès du ministre chargé de la sûreté nucléaire une demande d’autorisation de création de son premier PRM dénommé «Fermi». Il s’agit d’un projet de réacteur HTR d’une puissance de 20 mégawatts thermiques (MWth) destiné à fournir de la chaleur industrielle décarbonée à une usine du Groupe Cristal Union située sur le site de Bazancourt (51), à une distance d’environ 15 km de Reims (voir carte ci-dessous). Cette technologie de réacteur se caractérise notamment par l’utilisation de combustible particulier, conditionné sous la forme de billes appelées « particules TRISO ». Ces particules d’environ 1 mm de diamètre se composent d’un noyau d’oxyde d’uranium enrobé de couches successives de céramique et de carbure de silicium. L’intérêt de l’utilisation de ces particules TRISO est que leurs caractéristiques en matière de résistance et d’étanchéité sont censées permettre d’assurer intrinsèquement le maintien du confinement des matières radioactives qu’elles renferment dans toutes les situations accidentelles susceptibles d’affecter le réacteur. L’ASN, avec l’appui de l’IRSN, a achevé en 2024 l’analyse de la recevabilité du dossier déposé. Les conclusions et les suites qui seront données par le ministre chargé de la sûreté nucléaire en matière de recevabilité du dossier sont attendues début 2025. Particules TRISO (TRi‑structural ISOtropic) Carbone pyrolitique Carbone poreux Carbure de silicium Carbone pyrolitique Noyau en oxyde d’uranium 13,66 km REIMS Projet de réacteur « Fermi » 338 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 L’émergence des projets de petits réacteurs modulaires
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