2.7 La radioprotection des travailleurs 2.7.1 L’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants L’exposition aux rayonnements ionisants dans un réacteur électronucléaire provient majoritairement de l’activation des produits de corrosion du circuit pri‑ maire et des produits de fission du com‑ bustible. Tous les types de rayonnement sont présents (neutrons, α, β et γ), avec un risque d’exposition externe et interne. Les doses reçues proviennent majoritaire‑ ment des expositions externes aux rayon‑ nements β et γ et sont principalement liées aux opérations de maintenance lors des arrêts de réacteur. En 2024, la dosimétrie collective moyenne par réacteur (voir graphique 5 page précédente), ainsi que de la dose moyenne reçue par les travailleurs pour une heure de travail en zone contrôlée (voir graphique 6 page précédente) sont comparables aux valeurs relevées pour l’année 2023. Le graphique 7 (voir ci-contre) présente la répartition des intervenants en fonction de la dosimétrie externe pour le corps entier. En 2024, la part des travailleurs exposés à une dose inférieure à un millisievert (mSv) reste comparable aux années précédentes (environ 76 %). Aucun dépassement de la limite réglementaire annuelle relative à la dosimétrie externe pour le corps entier (20 mSv) n’a été relevé en 2024. Le graphique 8 (voir page suivante) présente l’évolution de la dosimétrie individuelle moyenne pour le corps entier en fonction des catégories de métiers des travailleurs intervenant dans les centrales nucléaires. Comme les années précédentes, les travail‑ leurs les plus exposés sont les personnels chargés du calorifugeage. La dosimétrie individuelle moyenne a augmenté pour cette catégorie de métiers en 2024 (+15 % par rapport à 2023). Les autres catégories de métiers les plus exposés demeurent inchangées : soudeurs, personnels char‑ gés des activités de contrôles non des‑ tructifs, de la mécanique et des servitudes. Néanmoins, pour ces dernières catégories de métiers, la dose individuelle moyenne a diminué en 2024 par rapport à 2023. Les événements significatifs de contamination EDF a déclaré en 2024 sept événements de contamination significative de travailleurs dans les centrales nucléaires, contre deux en 2023. Cinq de ces événements (clas‑ sés au niveau 1 sur l’échelle INES) ont entraîné pour les travailleurs concernés une exposition supérieure au quart de la limite réglementaire annuelle pour la peau, et deux d’entre eux (classés au niveau 2 sur l’échelle INES) ont entrainé une exposi‑ tion supérieure à la limite réglementaire annuelle pour la peau (voir encadré ci- dessus). Si les travailleurs concernés par ces événements ont bien été pris en charge pour le retrait des particules radioac‑ tives responsables de leur contamination, l’ASN considère que la hausse du nombre d’événements déclarés, survenus dans des situations de travail variées, doit conduire EDF à se réinterroger quant à la prise en compte du risque de contamination dans la préparation des chantiers. 2.7.2 L’évaluation de la radioprotection des travailleurs L’ASN contrôle le respect de la réglemen‑ tation relative à la protection des travailleurs susceptibles d’être exposés aux rayonnements ionisants dans les centrales nucléaires. À ce titre, l’ASN s’intéresse à l’ensemble des travailleurs évoluant sur les sites, tant le personnel d’EDF que celui des entreprises prestataires. Contamination externe de deux travailleurs dans les centrales nucléaires du Tricastin et de Saint‑Laurent‑des‑Eaux En 2024, deux situations de contamination significative d’un travailleur, chacune détectée lors du contrôle radiologique réalisé en sortie du bâtiment réacteur, ont conduit à la déclaration de deux ESR classés au niveau 2 de l’échelle INES . Le premier événement est survenu le 6 juin 2024 à la centrale nucléaire du Tricastin. Il concerne la contamination au niveau du pied d’un travailleur ayant réalisé dans le bâtiment du réacteur 4 une opération de repose de calorifuges. Le second événement est survenu le 25 octobre 2024 à la centrale nucléaire de Saint‑Laurent‑des‑Eaux. Il concerne la contamination à la tête d’un travailleur ayant supervisé la décontamination de la piscine du bâtiment du réacteur 2. Dans les deux cas, les travailleurs ont été pris en charge par le service médical, qui a retiré la particule radioactive à l’origine de la contamination. Malgré les investigations menées sur leur parcours, les zones à l’origine de leur contamination n’ont pas pu être déterminées. Les doses susceptibles d’avoir été reçues ont donc été estimées sur la base d’hypothèses pénalisantes en termes de durée d’exposition. Elles ont ainsi été évaluées supérieures à la limite réglementaire annuelle pour la dose équivalente à la peau, fixée à 500 mSv pour une surface de 1 cm2 de peau. EDF a déclaré un ESR pour ces deux situations. En raison du dépassement d’une limite réglementaire d’exposition d’un travailleur, ces événements ont été classés au niveau 2. À la suite de la déclaration de ces événements, l’ASN a mené une inspection dans les centrales nucléaires du Tricastin et de Saint‑Laurent‑des‑Eaux afin de vérifier qu’EDF avait pris toutes les mesures nécessaires pour gérer ces événements de manière adéquate et pour en analyser les causes. GRAPHIQUE 7 Nombre et pourcentage de travailleurs par plage de dose en 2024 Ce graphique n’'intègre pas les données du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville en 2024. Source : EDF 0,001 > 0,5 0,5 > 1 1 > 2 2 > 5 5 > 6 6 > 10 10 > 15 15 > 20 Plage de dose (mSv) 30 952 4 108 3 992 4 421 671 1 404 114 0 67,79 % 9,00 % 8,74 % 9,68 % 1,47 % 3,07 % 0,25 % 0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 Nombre de personnes * Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité. (*) 324 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les centrales nucléaires d’EDF
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